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Theillière, Notice historique sur la paroisse de Saint-Just-Malmont

Ancien vicaire de cette commune de la Haute-Loire, le curé Jean Theillière publie en 1869, au Puy, une ample Notice historique sur la paroisse de Saint-Just-Malmont1.

Le volume ne se limite pas à l'histoire proprement dite du village, puisque le dix-neuvième chapitre, consacré à la “Flore de la paroisse”, propose une liste de 380 végétaux du cru, accompagnée de brèves indications sur les lieux où les trouver. Conscient sans doute de l'aridité d'un tel inventaire, l'auteur conclut par une longue citation des vers de Delille sur la botanique, choix sans doute également motivé par les origines auvergnates du poète :

J'aurais du regret si, à la lin d'un article comme celui-ci, je n'avais pas un petit bouquet à offrir à mes lecteurs. Je le trouve tout prêt dans l'Homme des Champs, de Delille. Le délicieux poëte y décrit une course botanique. Laissons-le parler. Il parle si bien!

Si vous voulez encore embellir le voyage,
Qu'une troupe d'amis avec vous le partage\ :
La peine est plus légère et le plaisir plus doux.
Le jour vient, et la troupe arrive au rendez-vous.
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares,
Où les accents du cor et le bruit des fanfares
Épouvantent au loin les hôtes des forêts.
Paissez, jeunes chevreuils, sous ces ombrages frais ;
Oiseaux, ne craignez rien : ces chasses innocentes
Ont pour objet les fleurs, les arbres et les plantes,
Et, des prés et des bois et des champs et des monts
Le porte-feuille avide attend déjà les dons.
On part ; l'air du matin, la fraîcheur de l'aurore
Appellent à l'envi les disciples de Flore.
On interroge tout. Parmi ces végétaux,
Les uns vous sont connus, d'autres vous sont nouveaux :
Vous voyez les premiers avec reconnaissance,
Vous voyez les seconds des yeux de l'espérance.
Mais le besoin commande : un champêtre repas
Pour ranimer leurs forces a suspendu leurs pas ;
C'est aux bords des ruisseaux, des sources, des cascades,
Bacchus se réfléchit dans les eaux des Naïades.
Des arbres pour lambris, pour tableau, l'horizon,
Les oiseaux pour concert, pour table, le gazon.
Le laitage, les œufs, l'abricot, la cerise,
Et la fraise des bois que leurs mains ont conquise,
Voilà leurs simples mets : grâce à leurs doux travaux
Leur appétit insulte a tout l'art des Miots [sic].
On fête, on chante Flore et la vieille Cybèle,
Éternellement jeune, éternellement belle.
Leurs discours ne sont pas tous ces riens si vantés
Par la mode introduits, par la mode emportés,
Mais la grandeur de Dieu, mais sa bonté féconde,
La nature immortelle et les secrets du monde.
La troupe enfin se lève ; on vole de nouveau,
Des bois à la prairie et des champs au coteau
Et, le soir, dans l'herbier dont les feuilles sont prêtes,
Chacun vient en triomphe apporter ses conquêtes.

Fleurs des champs, que j'ai tant aimées, qui habitez les bois, les prairies, les vallons de cette montagne dont le souvenir est si cher à mon cœur, je vous ai quittées ; il ne me sera plus donné de vous revoir, adieu2 !

Vers concernés : chant 3, vers 407-420, 429-432 et 445-464.

Le premier vers est modifié et l'auteur, on le voit, procède à deux importantes coupes, en ôtant notamment le passage sur Rousseau ; mais il est possible que Theillère suive ici Ludovic Chirat, qui avait choisi les mêmes vers dans son Etude des fleurs.

Accès à la numérisation du texte : HathiTrust.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2019/05/30 19:42


1 [Jean Theillière], Notice historique sur la paroisse de Saint-Just-Malmont, par un ancien vicaire de Saint-Just, aujourd'hui curé de Retournaguet, Le Puy, impr. M.-P. Marchessou, 1869.
2 Id., p. 180-181.