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Palassou, Description des Voyages de S.A.R. Madame, Duchesse d'Angoulème dans les Pyrénées, pendant le mois de juillet 1823

Présenté comme “l'itinéraire1” de la Dauphine, l'ouvrage est divisé en chapitres qui suivent les étapes de voyage de la princesse, sauf le dernier, intitulé “Observations faites au Pic du Midi de la vallée d’Ossau”. Cette section correspond à la reprise partielle d'un texte déjà publié en 1815 par Palassou dans un recueil de communications scientifiques, ses Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Pyrénées et des pays adjacens.

Néanmoins, ce dernier texte est adapté pour se fondre dans le nouvel ouvrage. Tout au long des chapitres qui précèdent, Palassou mêle en effet à son récit viatique de la poésie, des extraits d’autres écrits en prose, voire des chansons, au nom d'un principe de variété et de légèreté qui le conduit aussi à minorer la teneur proprement scientifique de son propos. Dans une préface-dédicace à la marquise de Gouthaut-Biron, il s'en explique de la façon suivante :

La plupart de ces objets [“les profondes montagnes et les hautes vallées” parcourues par la duchesse] sont décrits dans mes ouvrages que vous avez bien voulu agréer, dès le moment qu'ils ont été publiés.
Comme les descriptions qu'ils contiennent sont accompagnées de discussions relatives aux Sciences, et par conséquent peu propres à intéresser ceux qui ne se livrent pas spécialement à cette étude, il m’a paru convenable de supprimer tout ce qu’elles renferment de scientifique. J’ai cru devoir donner la préférence à de courts extraits de productions étrangères, ou de celles qui me sont propres, me bornant à décrire ce qu’il y a de plus remarquable sur les mêmes routes que Madame a suivies au sein des Pyrénées2.

Les parties scientifiques se voient donc remplacées par des parties littéraires ou encore musicales. Ainsi non seulement l’obstacle d’une trop grande spécialisation du texte est-il surmonté mais le texte proposé à la marquise se veut plus varié et plus plaisant à la lecture que les mémoires antérieurs.

Dans le mémoire de 1815, Palassou évoquait sa collecte de "coquilles bivalves" fossiles avant de citer un premier passage du chant 3 de L'Homme des champs : jugée sans doute trop technique, toute cette partie du texte disparaît entièrement. En revanche, le géologue reproduit sa description du Pic du Midi, en condensant fortement son propre texte mais en conservant les vers de Delille, sans doute parce que ce passage, ainsi débarrassé des allusions trop précises aux différents types de roches, lui semble assez pittoresque pour rejoindre le nouvel ouvrage.

Non loin de cet horrible lieu, qui présente la fidèle image du chaos, s'élève la masse entière du Pic du Midi, noirci par le temps et partout accompagné de marques certaines de son extreme décrépitude, aspect hideux, qui n'inspire que la tristesse ; la nature se montre tellement avare de toutes les productions propres à soulager la vue qu'elle offre le Pic du Midi entièrement sterile et nu, depuis sa base jusqu'au sommet : il semble que M. Delille ait eu l'intention d'en presenter l'affreux tableau, dans les vers suivans :

Voyez-vous ce Mont chauve, dépouillé de terre ;
A qui fait l'Aquilon une éternelle guerre ;
L'Olympe pluvieux, de son front escarpé ;
Détachant le limon, par les eaux détrempé,
L'emporta dans les champs et de sa cime nue ;
Laissa les noirs sommets, se perdre dans la nue.
L'œil s'affiige à l'aspect de ces rochers hideux3.

Vers concernés : chant 3, vers 107-113

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Auteur de la page — Laila Dell'Anno 2017/04/30 10:49


1 Pierre-Bernard Palassou, Description des voyages de S. A. R. Madame, Duchesse d'Angoulême, dans les Pyrénées, pendant le mois de juillet 1823, Pau, impr. de Vignancour, 1825, p. 3.
2 Id, p. 4.
3 Id.,p. 117