Stanevič (trad.), Сельской житель или Георгики Французскiе
Présentation de l'œuvre
Publiée en 1804 à Moscou, par Evstafij Ivanovič Stanevič, cette traduction russe de L’Homme des champs suit le texte de 1800. Elle restitue les quatre chants du poème, vers à vers. La préface est remplacée par un poème dédicatoire ; les notes ne sont pas traduites.
La première partie du titre signifie littéralement “l'habitant des campagnes” et l'ouvrage comporte la mention “Avec l’autorisation du comité de censure, office responsable du domaine de l’université impériale de Moscou1”.
Ce texte n'est pas disponible en ligne. Nous reproduisons les pages plutôt que de les ressaisir, pour conserver les caractères anciens utilisés.
Dédicace
Le travail est “Cordialement dédié à Nikolaj Ivanovič Ogarev2”. Cette indication est suivie par un poème de 32 vers hétérométriques (alexandrins, décasyllabes, hexasyllabes, alternance de rimes croisées et suivies), d’une inspiration convenue et d’une exécution assez médiocre. En voici quelques fragments3 :
Dans la solitude, quand je vivais paisiblement
Honoré Ogarev ! J’ai travaillé
À me rendre digne de toi,
Et à m’acquitter de ma tâche en conscience.
Maintenant que s’accomplissent les désirs du cœur,
Et en signe de mon humble reconnaissance,
Je me dépêche de te dédier ce petit ouvrage.
Merveilleux homme de l’ici-bas, bel immortel
Ô si je pouvais m’approcher de lui sans indignité !
Que les critiques sévères en relèvent les insuffisances,
Pour moi
Les heures n’auront pas moins été agréables et douces
Où mon amour s’abritait en toi.
Avec toi malgré l’éloignement je m’entretenais,
Tandis que notre union se resserrait.
Si ce faible travail savait te plaire même un tout petit peu,
J’en remercierais déjà le destin ;
Et le jugement sévère des critiques
Ne me toucherait pas.
Dans l’amitié je trouverai un bouclier,
Dans la reconnaissance la passion s’acquittera envers les muses
Et dans ces mêmes lignes mon amour va vers toi,
Honoré Ogarev ! Il se conservera à tout jamais
Et même et surtout au-delà de la tombe.
Le traitement des vers
La traduction de Stanevič est fidèle à l’original. Elle reproduit le texte de Delille vers à vers et reprend son modèle métrique : l'ensemble est en alexandrins (c'est-à-dire que les vers y présentent deux hémistiches, avec toutefois une certaine souplesse dans le décompte des syllabes), avec des rimes suivies. Ces choix de traduction correspondent à une approche française du vers, commune avant l’invention par Pouchkine d'une poésie fondée sur la répartition des accents toniques, plus conforme à la nature de la langue cible. Le développement formidable de la poésie russe à partir des années 1820 ne tardera d'ailleurs pas à rendre désuets les vers antérieurs.
Dans la transposition4 des lignes très admirées de Delille sur le grain de sable (chant 3, vers 201-220), les vers proposés par Stanevič sont généralement réguliers. On trouve néanmoins un vers de 14 syllabes, et sept vers de 13 syllabes (que l’élision de la voyelle après l’accent tonique final rendent réguliers) :
Auteur de la page — Slaven Waelti 2019/04/23 18:08
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/07 10:40