Aston, L'Ami Kips
Présentation de l'œuvre
L'Ami Kips : voyage d'un botaniste dans sa maison (1879) paraît dans la “Bibliothèque d'éducation et de récréation” de Hetzel, collection phare pour la popularisation des sciences dans le dernier tiers du siècle.
Le narrateur de ce récit à la première personne est un jeune garçon, qui porte le même prénom que l'auteur, Georges Aston. Au début du texte, son ami Kips, vieillard facétieux, le trouve occupé à préparer des étiquettes, pour les coller aux spécimens de plantes réunis par son oncle botaniste. Mais, découvrant que Georges n'a jamais appris qu'une nomenclature pour herbier, “des mots et des définitions1”, Kips se scandalise. Il l'invite à le suivre dans le jardin, afin de l'initier à l'étude de la flore vivante.
Citation
Le vers “L'histoire de ce grain est l'histoire du monde” trouve un écho évident dans une conversation où Kips affirme à Georges qu'étudier un simple mur, couvert de maigres plantes, permet de retracer toute l'histoire de la vie.
– Une chose dont je ne me rends pas bien compte, dis-je, c'est comment ces graines ont pu germer sur les pierres neuves de ce mur.
— Cela ne va pas si vite. L'installation de ce petit monde organisé n'a pu se faire que par degrés successifs. Les algues, les lichens qui, comme tu le sais, ne vivent que d'air et d'humidité, sont les premiers végétaux qui se sont fixés sur la muraille. […] Vois-tu, petit, l'histoire de ce mur, c'est l'histoire du monde, depuis sa création.
C'est d'une manière analogue que sont apparues les populations successives d'êtres organisés qui ont recouvert le globe2.
Comme Aubert Du Petit-Thouars l'avait fait dès 1815, ce jeu intertextuel associe le vers de Delille à ce qui était entretemps devenu un trope de la vulgarisation.
Vers concerné : chant 3, vers 220.