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Jouy, "Macédoine" (1815)

Le tourisme de masse a très tôt suscité la moquerie, comme en témoigne cette chronique d'Étienne de Jouy, composée à Chamonix et publiée dans la presse1 en 1815, avant d'être reprise en volume. Jouy raille la métromanie des visiteurs, qui n'hésitent pas à peupler les albums locaux d'imitations mal venues de Delille.

Après avoir donné divers exemples, plus ou moins réussis, de ces compositions, Jouy cite une satire anonyme, censément tirée des registres d'un des hôtels de la station :

Tous ces vers n'ont pas été du goût d'un littérateur sévère, qui, après les avoir lus, prit la plume pour les censurer de cette manière :

Oh! que la nature est immense !
Oh ! que les hommes sont petits !
Dans ces vastes tableaux que de magnificence !
Que de sottises dans ces écrits !
L'un pense être Delille, alors qu'en ses récits,
Tout gonflé de sensiblerie,
Sur des cailloux il s'extasie,
Décrit chaque brin d'herbe, et transporte en ses vers
Tous les glaçons du mont Envers. […]
Quelle avalanche de bétises !
Quel debordement de fadeurs2 !

Vers concernés : chant 3, vers 342-343.

Accès à la numérisation du texte : Bayerische Staatsbibliothek.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2019/03/05 19:09


1 Nous n'avons pas encore retrouvé cette publication originale.
2 “Macédoine” [1815], in Œuvres complètes d'Étienne Jouy, Paris, Didot aîné, t. V, 1823, p. 241.