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Blaze, Le Chasseur au chien courant

Plusieurs fois réédités, Le Chasseur au chien courant (1838) est d'abord un manuel cynégétique pratique, mais son auteur, le dramaturge Elzéar Blaze, y revendique aussi l'autorité d'un expert, formé par sa propre expérience comme par ses lectures à la matière qu'il entend exposer.

Blaze, conformément aux codes de la vulgarisation de son temps, intègre à sa prose nombre de citations en vers. Mais L'Homme des champs est aussi mobilisé à des fins polémiques. Dans un chapitre consacré à l' “éducation théorique” des chiens, pour renforcer sa propre compétence face à Buffon, Blaze renvoie au passage où Delille reproche au naturaliste son manque d'observation directe.

Le chien courant doit être mené plus durement que le chien d'arrêt. Quoi qu'en dise Buffon, cet animal n'est ni doux, ni fidèle ; il est féroce, insouciant pour tout, excepté pour la chasse. […] Si Buffon avait été chasseur, il n'aurait pas donné de si belles qualités au chien courant ; mais ce grand écrivain ne pouvait pas tout voir par lui-même : il avait des voyageurs à sa solde, et souvent les yeux qu'il payait pour faire des observations n'y voyaient pas bien clair.

     Des bosquets de Monbar Buffon jugeait le monde,
     A des yeux étrangers se confiant en vain,
     Il vit peu par lui-même, et tel qu'un souverain,
     De loin, et sur la foi d'une vaine peinture,
     Par ses ambassadeurs courtisa la nature. (1)

(1) Delille1.      


Vers concerné : chant 3, vers 180-184.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/02/08 01:30


1 Elzéar Blaze, Le Chasseur au chien courant, Bruxelles, Société typographique belge, 1838, t. I, p. 100-101.