viz_citationsparvers

Nombre de citations par vers

Les deux histogrammes suivants prennent en compte l'ensemble des citations, qu'elles interviennent dans des ouvrages ou dans la presse. L'intervalle de vers et la période à prendre en compte se règlent via le curseur de gauche. Lorsque l'un des boutons fixant l'année ou la date est sélectionné, il est possible d'affiner le choix (année ou vers exact) en utilisant les flèches vers la droite ou la gauche du clavier.

La première visualisation est dynamique et nous recommandons de l'examiner d'abord en sélectionnant l'intégralité des vers (1-650), puis en lançant l'animation via le bouton “play” (sous le curseur pour les années). L'histogramme mouvant dont on peut observer les modifications en diachronie rend sensible, à l'échelle du chant complet, la fortune très diverses des différentes parties du chant.

La seconde visualisation permet de figer ce processus pour observer les citations cumulées qui interviennent sur une période de son choix. Noter que l'échelle de l'axe des citations change alors.

Sélectionner l'ensemble des vers et la période entière génère un histogramme offrant un profil très accidenté, qui rappelle la skyligne d'une ville moderne. Si l'on file cette métaphore urbaine, certains vers ou suites de vers, très cités, se détachent nettement sur le paysage ainsi substitué au texte de Delille : ces “gratte-ciel” correspondent à des passages particulièrement repris. À l'inverse, certains segments ne “décollent” pas : quoique le nombre de citation ne soit jamais nul, il ne dépasse pas ici quelques unités, et ce durant toute la période prise en compte.

Si l'on adopte une autre métaphore spatiale, celle des voies que les auteurs de citations ont empruntées au sein du texte comme autant de visiteurs traversant un territoire, l'histogramme se donne à lire comme l'enregistrement en négatif d'une suite de creux et reliefs. Les pics peuvent être appréhendés comme des chemins fortement peuplés, des artères à forte fréquentation, maintes fois utilisées au fil du temps et par-là comme creusées par cette succession de mouvements, tandis que les segments peu élevés seraient des lieux restés quasiment vierges, ignorés et guère piétinés.

Sélectionner l'ensemble des vers et une période précoce (par exemple, ci-dessous, les années 1789 à 1799) révèle quelles portions du texte furent les premières à s'en détacher, à “percer” pour rejoindre d'autres discours et ainsi se banaliser, tout en prenant comme tout fragment la valeur d'une pars pro toto, d'une partie susceptible de représenter ou évoquer, par métonymie, le chant complet. Ce sont donc, à l'époque des citations, autant de germes pour une diffusion plus ample de l'œuvre – ce qui vaut en particulier pour les vers diffusés avant la parution du poème complet, à des fins de réclame.

Sélectionner l'ensemble des vers et une période tardive (par exemple, ci-dessous, les années 1880 à 1904) permet une autre coupe temporelle. Le graphe produit est là encore discontinu, mais les îlots restant discernables peuvent être appréhendés comme la part encore active et activée du texte devenu ancien. Même si ceux qui ont cité ces vers ont pu persister à leur accorder une fonction incitative, pour appeler leur lecteur à se reporter réellement ou en pensée au texte complet, du point de vue de la mémoire collective l'aspect fragmentaire du graphe convoque l'imaginaire de la ruine. Ce qui persiste à être cité serait ce qui, seul, reste investi d'une valeur d'échange et dès lors perdure du chant dans le discours social contemporain.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2023/03/09 16:56