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Auguste Petit-Lafitte, "Les Landes appréciées du point de vue de la science agricole"

Étude publiée en plusieurs livraisons, en 1844, dans les Actes de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux.

C'est dans la partie de son étude portant sur la composition du sol des landes que Petit-Lafitte choisit de citer les trois vers de L'Homme des champs qui terminent le passage consacré au grain de sable.

     C'est une chose vraiment curieuse que l'examen fait au microscope du sable des landes après que ce sable a été bien lavé, bien dépouillé de toutes les matières étrangères capables d'adhérer à la surface de ses grains, de les salir. Qu'on se figure une multitude de perles plus ou moins rondes, mais tendant toutes vers cette forme, et offrant une transparence, un brillant, qui sont le partage du reste du quartz hyalin. Le frottement, les chocs nombreux qu'ont dû éprouver ses [sic] fragments d'une des roches les plus dures, ont été tels que pas un des grains de sable ne rappelle la forme de cristallisation du quartz. Nous nous rappelons effectivement qu'il ne nous a jamais été donné qu'une seule fois de remarquer, parmi les grains de sable ainsi examinés un fragment présentant les formes parfaitement prononcées du prisme hexaèdre régulier. Que de temps il a fallu, quelle succession d'événements il est nécessaire d'admettre pour s'expliquer l'état actuel du sable, du quartz qui fait aujourd'hui la base de notre terre des landes :

     Ce quartz était un roc ; ce roc n'est plus qu'un grain ;
     Mais, fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,
     L'histoire de ce grain est l'histoire du monde. (Delille1)

La présence de la variante “quartz”, remplaçant “marbre” dans le premier vers, suggère que l'ingénieur agronome n'a pas tiré cet extrait d'une lecture directe du poème : il semble suivre Du Mège, qui avait déjà opéré cette substitution en 1826 (filiation que confirmera un an plus tard une autre publication de Petit-Lafitte).

Toutefois, ce dernier apporte sa propre modification à l'extrait puisé chez Du Mège : il corrige le déséquilibre métrique que ce dernier avait introduit. Transformer “ce marbre fut” (Delille) en “ce Quartz fut” (Du Mège) rendait en effet le vers boiteux : on perdait une syllabe, que la version de Petit-Lafitte rétablit, grâce au passage du passé simple à l'imparfait (“ce quartz était”).


Vers concernés : chant 3, vers 218-220.

Accès à la numérisation du texte : Gallica.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/02/08 01:26


1 Auguste Petit-Lafitte, “Les Landes appréciées du point de vue de la science agricole”, Actes de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1844, 6e année, 2e trimestre, p. 400-401.