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Guérard, La Bienfaisance du baron de Montyon

Paru en 1826, ce poème sur Monthyon fut composé pour un concours que l'Académie française avait lancé sur ce thème. Paru sans nom d'auteur, il est attribué à Benjamin Guérard et constitue à ce titre un essai poétique de jeunesse, produit par un auteur qui se spécialisa ensuite dans l'historiographie1“.

Si le poème de Guérard ne retint pas l'attention du jury, c'est sans doute parce que ce dernier y démarque trop étroitement des vers tirés du début de L'Homme des champs pour qu'on ne puisse le soupçonner de mal maîtriser ses souvenirs, sinon de se laisser tenter par un plagiat.

Dès les premières lignes du chant 3, Delille indique :

[…] Dans sa triste ignorance
Le vulgaire voit tout avec indifférence :
Des desseins du grand Être atteignant la hauteur,
Il ne sait point monter de l’ouvrage à l’auteur.

Or Guérard emprunte à ces vers deux hémistiches et la rime finale dans un épisode relatif à l'aide qu'un domestique apporte à son maître ruiné. Il le quitte afin de travailler pour d'autres et de lui envoyer les fruits de son labeur sans en donner la source, tandis que ce dernier se croît abandonné de lui. Je souligne les formules identiques au texte de Delille :

Celui-ci cependant dans sa triste ignorance,
Voit arriver ces dons avec indifférence ;
Son cœur flétri ne sait en discerner l'auteur.
Ils lui sont apportés, pour flatter son erreur,
Comme de vils débris sauvés de son naufrage2.

Vers concernés : chant 3, vers 3-4 et 6

  • Accès à la numérisation du texte : Gallica.

Auteur de la page — Hugues Marchal 2020/07/24 10:56
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/17 22:36


1 [Benjamin Guérard], La Bienfaisance du baron de Montyon, ou ses legs et ses fondations en faveur des hospices et des académies, Paris, Delaunay, 1826.
2 Id., p. 17.