Polcastro (trad.), Saggio di una nuova traduzione in versi delle Georgiche francesi
Présentation de l'œuvre
Le 7 février 1828, soit plus de vingt ans après la parution de la traduction italienne d'Ercolani, Girolamo Polcastro lit dans un cercle savant de Venise, l'Ateneo, son Saggio di una nuova traduzione in versi delle Georgiche francesi dell'abate Giacomo Delille. Il publie cette traduction partielle de L'Homme des champs la même année, dans le Giornale dell'italiana letteratura1 et de manière autonome, sous forme de tiré à part2. En 1832, le texte sera encore repris dans ses Opere.
Mise en valeur du troisième chant
Polcastro s'exerce sur l'ensemble du poème : il transpose en vers un extrait des premier, deuxième et quatrième chants. Mais il privilégie le chant 3, puisqu'il en retient trois passages, qu'il présente dans l'ordre du texte, en les distinguant par des titres.
Son découpage respecte les séquences délimitées par les alinéas du texte original :
- Sous l'intitulé “Il Vulcano”, il traduit les vers 133-174.
- Sous celui d'“Il Mare”, les vers 225-268.
- Sous celui d'“I Contrasti”, les vers 517-533.
Inflexions
Le texte italien, qui ne s'accompagne d'aucun commentaire du traducteur, possède une élégance certaine, qui passe par une grande liberté dans l'adaptation. On peut en juger en comparant les premiers vers du passage sur les volcans.
Delille écrit :
Non moins impétueux et non moins dévorants
Les feux ont leur tempête et l’Etna ses torrents.
La terre dans son sein, épouvantable gouffre,
Nourrit de noirs amas de bitume et de soufre,
Enflamme l’air et l’onde, et de ses propres flancs
Sur ses fruits et ses fleurs vomit des flots bouillants :
Emblême trop frappant des ardeurs turbulentes
Dans le volcan de l’ame incessamment brûlantes,
Et qui, sortant soudain de l’abyme des cœurs,
Dévorent de la vie et les fruits et les fleurs !
Polcastro rend ainsi ces vers :
Nè men tremendo del torrente alpino
Che l'onde sue precipita dal monte;
Nè del turbo che schianta alberi e case
Nel suo furore, è il sotterraneo foco,
Che dell'Etna nel sen bolle, e si versa
In gran fiumi di foco, e per la china
Scende le messi a disertare, e i campi
Di brune lave, e di lapillo incrosta.
Così nel petto d'un malvagio ferve
L'odio compresso, che disciolto in bile
Amara e rea, dal labro suo trabocca
Virtù più pura a lacerar. […]
La densité est assez bien préservée (Polcastro n'ajoute que deux vers). Mais l'attaque est fortement remaniée, pour conserver le renvoi aux torrents précédemment évoqués par Delille (Polcastro débute en disant : “Dans sa fureur le feu souterrain n'est pas moins terrible que le torrent alpin précipité par ses ondes hors de la montagne”). Et l'allusion politique potentielle est gommée (les “ardeurs turbulentes” deviennent celles d'un seul sujet, un “méchant” plein de haine).
Liens externes
- Accès à la numérisation du texte du Giornale dell'italiana letteratura : GoogleBooks.
Auteur de la page — Hugues Marchal 2019/02/26 16:41