Palassou, Suite des Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Pyrénées et des pays adjacens
Présentation de l'œuvre
Comme son titre l'indique, ce recueil de communications scientifiques sur les Pyrénées, publié en 1819, forme un complément aux Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Pyrénées et des pays adjacens publiés quatre ans plus tôt par Palassou.
Ici, le troisième chant de L'Homme des champs est exploité dans un unique mémoire, “Sur la formation des vallées des Pyrénées”. Delille y fournit les deux seules citations poétiques d'un propos résolument scientifique, dans lequel le géologue expose ses observations et discute des apports d'autres savants, comme Darcet, Montlosier ou Saussure. Si ces inclusions littéraires sont un moyen de varier le discours savant et de le rendre élégant, ce dispositif apporte aussi une sorte de caution scientifique aux remarques de Delille : dans les deux cas, Palassou tend à citer ces dernières comme l'expression juste d'un raisonnement que lui-même développe en amont des citations.
Citation 1
Il existe dans les rochers qui forment la base des montagnes, et qui sont baignées [sic] par les torrens, une infinité prodigieuse de creux circulaires ; effet visible de l'érosion produite par des remous continuels ou par une suite de cascades ; de pareils creux se trouvant au-dessus du niveau des eaux des rivières, prouvent qu'elles ont insensiblement sillonné la chaîne des rochers dont leur lit est formé.
Leur cours se lit encore au creux de ces ravines.
Delille.
J'ai principalement observé ces concavités, sur la rive droite du gave Béarnais, auprès du pont neuf de Lourde ; aux bords du gave d'Ossau, depuis les Eaux-Chaudes jusqu'au delà de Gabas ; […] etc1.
Vers concerné : chant 3, vers 100.
Citation 2
Il faut en convenir, lorsque l'on se représente tous les obstacles qui s'opposaient primitivement au cours des rivières, obstacles qu'elles sont parvenues à surmonter ; lorsqu'on réfléchit ensuite a la vaste étendue des terrains, au milieu desquels les eaux ont creusé de nombreux vallons, de profondes et grandes vallées ; lorsque l'on considère, dis-je, tous ces divers et lents effets dont l'homme, durant son existence, hélas ! trop passagère, n'est qu'un seul instant le témoin, l'imagination s'effraye de la longue suite de siècles que la nature semblerait avoir employé pour les opérer.
Vers l'antique chaos notre ame est repoussée
Et des âges sans fin pèsent sur la pensée.
Delile [sic]2.
Vers concernés : chant 3, vers 199-200.
Dans le reste de l'ouvrage, Palassou cite également, toujours sur le même ton approbateur, un vers du chant 1 de L'Homme des champs3 et plusieurs passages des Trois règnes de la nature4.