Mouls, Les Dunes ou Sylva Maria
Présentation de l'œuvre
Les Dunes, ou Sylva Maria fut mis en vente en 1860 “au profit d'une bonne œuvre”. L'auteur de cette “nouvelle”, Xavier Mouls, curé d'Arcachon, la place, comme le titre le suggère d'emblée, sous le signe de trois traits typiques du paysage local, les dunes, la forêt et (par paronymie) la mer.
L'ouverture évoque la structure des Travailleurs de la mer de Hugo : un premier chapitre descriptif présente “Les Dunes : — Leur nature. — Leur origine. — Leurs progrès. — Leurs menaces. — Leurs ravages1”. Puis la narration proprement dite commence, sur un mode qui rappelle cette fois plutôt le début de Paul et Virginie : le narrateur évoque un naufrage récent et contemple une femme éplorée pleurant, sur le rivage, son fils perdu en mer… On apprendra bientôt le nom de la malheureuse, “Sylva, à cause de [sa] naissance dans la forêt, et Maria2” en hommage à la Vierge. Mais la suite de l'histoire sera truffée de digressions d'ordre scientifique et historique, sur des matières comme l'origine d'Arcachon, ou l'importance des semis permettant de fixer le sable, de telle sorte que ce récit tient autant du petit roman que d'un traité de vulgarisation.
Citation
Mouls cite L'Homme des champs au début de son premier chapitre. Il s'agit sans aucun doute possible d'une lecture de seconde main, car le curé utilise un article d'Auguste Petit-Lafitte, “Les Landes appréciées du point de vue de la science agricole”, où figuraient déjà les trois vers de Delille.
Les dunes sont des montagnes ou monticules de sables, que l'on trouve presque partout sur les bords de la mer. Ces sables ne sont pas les mêmes partout : purement calcaires sur quelques côtes de la Normandie, ils sont mélangés sur celles de Bretagne et de Saintonge, et généralement quartzeux entre l'embouchure de la Gironde et celle de l'Adour. Nous étudierons uniquement ces derniers. Que de merveilles dans ce quartz ! Delille l'a résumé en trois vers :
Ce quartz était un roc ; ce roc n'est plus qu'un grain ;
Mais fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde
L'histoire de ce grain est l'histoire du monde.
Soumis au microscope, il présente un effet ravissant : “Qu'on se figure, dit M. Petit-Laffitte [sic], professeur d'agriculture à Bordeaux, une multitude de perles plus ou moins rondes, mais tendant toutes vers cette forme, et offrant un brillant, une transparence qui sont le partage du reste du quartz hyalin. Le frottement, les chocs nombreux qu'ont dû éprouver ces fragments d'une des roches les plus dures ont été tels, que pas un des grains de sable ne rappelle la forme de cristallisation du quartz. Que de temps il a fallu, quelle succession d'événements il est nécessaire d'admettre, pour s'expliquer l'état actuel du sable des landes et des dunes3 !”
La comparaison avec l'article de Petit-Lafitte montre que Mouls se contente d'inverser l'ordre entre la citation de Delille et la description du sable proposée par l'agronome. Il adopte en outre la variante “ce quartz était” introduite par ce texte.
Vers concernés : chant 3, vers 218-220
Lien externe
Accès à la numérisation du texte : HathiTrust.
Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/11/02 23:19
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/18 16:06