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Théophile Gautier, La Comédie de la mort

Après Poésies (1830), refondu un peu plus tard dans Albertus, La Comédie de la mort (1838) constitue le troisième recueil en vers de Gautier.

Le poème “Qui sera roi ?” met aux prises trois êtres mythiques, Béhémoth, Leviathan et l'oiseau Rock, ainsi que l'homme, chacun défendant tour à tour sa suprématie. C'est dans la bouche de Léviathan, monstre marin, que Gautier, figure de proue du romantisme, glisse un alexandrin puisé chez Delille (nous le soulignons dans l'extrait).

Pour l'œil qui peut plonger au fond du gouffre noir,
Mon royaume est superbe et magnifique à voir :
               Des végétations étranges,
Éponges, polypiers, madrépores, coraux,
Comme dans les forêts, s'y courbent en arceaux,
               S'y découpent en vertes franges1.

Il ne peut guère s'agir d'une coïncidence. Si Gautier raille souvent Delille pour ses périphrases et en fait un symbole du goût bourgeois, il le connaît bien. Il l'associe en effet à sa formation scolaire 2, et il a pu lui arriver de saluer sa “si belle description” du cheval3.


Vers concerné : chant 3, vers 241

  • Accès à la numérisation du texte : Gallica.

Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/02/12 03:16
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/17 22:33


1 Théophile Gautier, “Qui sera roi ?”, La Comédie de la mort, Paris, Desessart, 1838, p. 322.
2 Gautier lie “hémistiches de Delille” et “souvenirs de troisième” dans ses Tableaux à la plume, Paris, Charpentier, 1880, p. 119.
3 Théophile Gautier, Caprices et zigzags, Paris, Hachette, 1856, p. 72.