felinskiziemianin

Feliński (trad.), Ziemianin czyli Ziemiaństwo francuskie

Feliński a publié en 1816 cette traduction polonaise, dont le titre de Ziemianin czyli Ziemianstwo francuskie1 rend littéralement celui adopté par Delille, mais peut aussi s'entendre comme “L'homme des champs ou La petite noblesse française”. Elle sera suivie un an plus tard par une autre traduction de Chomiński.

Le texte sera réédité en 1823, puis repris en 1840 dans le premier tome des œuvres de Feliński.

La page de titre, qui précise que la traduction est en vers, comporte une épigraphe d’Horace : Vivere naturae si convenienter oportet […] Novistine locum potiore rurem beato2 ?“. Puis le volume s'ouvre sur une dédicace très chaleureuse du traducteur à son ami le prince Adam Czartoryski, membre d'une famille polonaise à laquelle Delille fut lié.

Cette section, non paginée, est suivie d’une long texte, combinant une biographie détaillée de Delille3, une présentation élogieuse de L’Homme des Champs, “oeuvre qui a suscité le plus d’applaudissements et de critiques” 4 et enfin une introduction faussement humble à la traduction de l’auteur 5.

En revanche, la préface de Delille n'est pas reproduite, mais une partie des notes est traduite en fin de volume.

Feliński utilise un vers de 13 syllabes, pendant polonais de l’alexandrin, à rimes suivies. Son travail est assez fidèle au texte original et parvient à un résultat très poétique. La comparaison vers à vers du passage très admiré de Delille sur le grain de sable (chant 3, vers 201-220) et de sa traduction permet de mesurer combien Feliński s'astreint à respecter la taille et le contenu du texte source :

201 Mais, sans quitter vos monts et vos vallons chéris,
Lecz pocoz rzucic luba wsi Twojej doline ?
202 Voyez d’un marbre usé le plus mince débris :
Na startego marmura spojrzyj odrobine :
203 Quel riche monument ! de quelle grande histoire
Co za droga pamiatka ! Jej odmian koleje
204 Ses révolutions conservent la mémoire !
Jak wielkie odmian swiata zachowuja dzieje !
205 Composé des dépôts de l’empire animé,
Sklejon ze szczatkow istot ktore mialy czucie
206 Par la destruction ce marbre fut formé ;
Ten marmur za swoj pierwszy zarot mial zepsucie.
207 Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent
Dla utworzenia szczatkow z ktorych plyn go zlozyl,
208 De générations quelles foules périrent !
Jakze dlugie pokolen szeregi czas pozyl !
209 Combien de temps sur lui l’océan a coulé !
Jak dlugo morskie nad nim toczyly sie waly !
210 Que de temps dans leur sein les vagues l’ont roulé !
Jak dlugo w swojem lonie fale go miotaly !
211 En descendant des monts dans ses profonds abymes
Z gor niegdys do swych pieczar zstepujac glebokich
212 L’océan autrefois le laissa sur leurs cimes ;
Ocean go zostawil na skalach wysokich,
213 L’orage dans les mers de nouveau le porta ;
Wicher naodwrot w morskim pograzyl przestworze,
214 De nouveau sur ses bords la mer le rejeta,
Znowu na inne brzegi wyrzucilo morze,
215 Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l’âge,
I wzielo i oddalo. Tak wytrzymal stale
216 Il endura les vents, et les flots, et l’orage :
Zab czasu, wscieklosc wiatrow, grzmiace morza fale,
217 Enfin, de ces grands monts humble contemporain,
Wreszcie, wsiawszy poczatek z dumnych gor poczatkiem,
218 Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ;
Byl wprzod skala, ta skala dzis jest drobnym szczatkiem,
219 Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde,
Lecz plod czasu, powietrza, i ziemi i wody,
220 L’histoire de ce grain est l’histoire du monde.
W swoich przygodach swiata wystawia przygody6.

  • Accès à la numérisation du texte : Polona.

Auteur de la page — Isabelle Koper 2019/05/12 18:54
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/07 10:05


1 Alojzy Feliński, Ziemianin czyli Ziemianstwo francuskie, Jakóba Delila, s.l., s.n. [1816].
2 Passage de l’épître I, 10, que Daru traduit par : “Désirez-vous de vivre au gré de la nature, [de vous fixer en] Un champ fertilisé par une source pure [?]”.
3 Id., p. 209-229 – ce brusque saut de page suggère peut-être que le poème français devait figurer dans le volume final, ou encore, que la traduction a été conçue pour compléter un autre ouvrage.
4 Id., p. 229-233
5 Id., p. 233-236
6 Id., p. 317-318.