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Henri-Honoré Bescherelle, Cours complet de langue française théorique et essentiellement pratique

Voir la synthèse thématique sur les usages pédagogiques.

Publication en plusieurs tomes, le Cours complet de langue française théorique et essentiellement pratique (1850-1852) doit permettre à un élève ou à un locuteur étranger sans connaissance préalable d'accéder à une maîtrise complète du français. À une époque où les pédagogues et leurs élèves puisent dans différents ouvrages pour étudier les différentes parties de la langue, Henri-Honoré Bescherelle a l'ambition de regrouper celles-ci à l'intérieur d'un même livre et de les subsumer sous une même méthode d'apprentissage progressive.

Delille est cité dans plusieurs tomes de l'ouvrage, mais c'est dans le dernier corps de leçons, un tome consacré à la rhétorique, qu'apparaît un extrait du troisième chant de L'Homme des champs : l'histoire du grain de sable. Ce célèbre passage illustre, à côté d'extraits en prose de Fléchier et de Bossuet, la richesse de l'élocution, c'est-à-dire la partie de la rhétorique consacrée au choix des mots et des tournures les plus efficaces pour exprimer des idées. Ici, Bescherelle préfère mettre sous les yeux de son lecteur des exemples qui font autorité, plutôt que de formuler des préceptes.

     Richesse de l'élocution.

     La richesse de l'élocution consiste dans l'appareil et l'éclat des pensées, des sentiments et des expressions. Ici les exemples sont plus instructifs que toutes les règles que l'on pourrait donner.

     […]

     Delisle, poème des Géorgiques françaises :

Mais, sans quitter vos monts et vos vallons chéris,
Voyez d'un arbre usé le plus mince débris.
Quel riche monument ! de quelle grande histoire
Ses révolutions conservent la mémoire !
Composé des débris de l'empire animé,
Par la destruction ce marbre fut formé.
Pour créer ces débris dont les eaux le pétrirent,
De générations quelles foules périrent !
Combien de temps sur lui l'Océan a coulé !
En descendant des monts dans les profonds abîmes,
L'Océan autrefois le laissa sur leurs cimes :
L'orage dans les mers de nouveau le porta,
De nouveau sur ses bords la mer le rejeta,
Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l'âge,
Il endura les vents et les flots et l'orage.
Enfin, de ces grands monts humble contemporain,
Ce marbre fut de roc, ce roc n'est plus qu'un grain ;
Mais fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,
L'histoire de ce grain est l'histoire du monde1.

Vers concernés : chant 3, vers 201-220

  • Accès à la numérisation du texte (volume Rhétorique) : Gallica.

Auteur de la page — Timothée Léchot 2018/10/03 18:55
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/15 18:47


1 Henri-Honoré Bescherelle, Cours complet de langue française théorique et essentiellement pratique, commençant à la lecture et finissant à la rhétorique, par Bescherelle jeune, professeur de langues anciennes et modernes, auteur de la Grammaire Nationale, etc., et de l'Orthographe d'usage. En 60 leçons. Rhétorique, Paris, chez l'auteur, 1852, p. 242-244.