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"Périphrases poétiques" (La Vie parisienne)

Les dernières pages de La Vie parisienne accueillent régulièrement, au fil de l'année 1887, une section intitulée “Périphrases poétiques”, qui traite ces figures comme des devinettes ridicules. La plupart des exemples sont puisés dans la poésie des Lumières et de l'Empire, et Delille est mis à contribution dès l'ouverture de la série.

La livraison du 8 janvier 1887 est un montage d'extraits du chant 3 de L'Homme des champs, plus ou moins adaptés. La source n'est pas mentionnée, alors qu'il arrivera au compilateur anonyme, dans des livraisons plus tardives, de citer les auteurs des vers, notamment Bernis.

PÉRIPHRASES POÉTIQUES

Ceux qui, d'un fil doré, composent leurs tombeaux.
Ver à soie.

……… Ce perfide assassin
En rubans animés vivant dans notre sein.

Ver solitaire.

Equivoque habitant de la terre et des ondes.
Amphibie.

Celle dont la coquille est arrondie en voûte.
Tortue.

Ces monstres qui, de loin, semblent un vaste écueil.
Baleine1.


Vers concernés : chant 3, vers 246, 524, 532, 545-546 et 549.

Le jeu se poursuit la semaine suivante. Le compilateur fait encore cinq emprunts au chant 3, tout en étendant sa collecte au reste du poème.

PÉRIPHRASES POÉTIQUES \ bibliothèque du château

Et Nemrod prend son tube, image du tonnerre.
Un fusil2.

De ces frimas durcis les balles bondissantes.
Boules de neige3.

… Le caillou lancé dans le ruisseau
Glissait, sautait, glissait et sautait de nouveau.

Ricochets4.

Là, des fripons gagés surveillent leurs complices.
Mouchards5.

Ces établissements ……….
Prévenant les besoins, corrigeant par leurs dons,
Et les rigueurs du ciel et l'oubli des saisons.

Bureau de bienfaisance6.

Dans le cirque fatal le village s'assemble,
Mars vient demander des soldats à Cérés.

Tirage au sort7.

Là, sur un tapis vert, un essaim étourdi
Pousse contre l'ivoire un ivoire arrondi.

Une partie de billard8.

               … Dirai-je ces fontaines
Qui de nos corps souffrants adoucissent les peines ?

Les eaux.

Bacchus se rafraîchit dans les eaux des naïades.
Eau rougie.

               … L'ami de l'humide séjour,
Destructeur du plaisir et poison de l'amour.

Nénuphar.

… Un buis, roulant de la main qui le guide,
S'échappe, atteint, parcourt dans son cercle rapide
Les cônes alignés qu'il renverse en son cours.

Toupie hollandaise9.

Elle tient sous ses lois les oiseaux domestiques,
Prépare leur enceinte et leur palais rustique.

Basse-cour10.

… Le gâteau doré, délice des festins.
Galette11.

… Cultivez cet art où la nature embellie,
Même après le trépas y ressemble à la vie.

Empailler12.

L'animal recouvert de son épaisse croûte.
Rhinocéros13.


Vers concernés : chant 3, vers 279-280, 448, 513-514, 523 et 619-620.

  • Accès à la numérisation du texte : Gallica.

Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/03/04 21:42


1 La Vie parisienne, 8 janvier 1887, p. 21.
2 Adaptation d'un extrait du chant 1.
3 Adaptation d'un extrait du chant 4.
4 Idem.
5 Idem.
6 Idem.
7 Idem.
8 Adaptation d'un extrait du chant 1.
9 Idem.
10 Adaptation d'un extrait du chant 2.
11 Idem.
12 Reprise très modifiée du chant 3, vers 619-620, “Que la nature enfin soit par-tout embellie, / Et même après la mort y ressemble à la vie”.
13 La Vie parisienne, 22 janvier 1887, p. 48.