Rames, Garrigou et Filhol, L'Homme fossile des cavernes de Lombrive et de Lherm
Présentation de l'œuvre
L'Homme fossile des cavernes de Lombrive et de Lherm (Ariège) est une monographie de 92 pages, publiée en 1862. Les trois scientifiques qui la signent, Rames, Garrigou et Filhol, entendent fournir, à partir de l'étude des deux grottes citées en titre, des preuves irréfutables de la coexistence ancienne de l'humanité et d'animaux appartenant à des races désormais éteintes. Leur introduction rappelle que cette hypothèse est alors encore loin de faire l'unanimité : sans aborder les implications religieuses de la controverse, leur propos met en cause avec virulence les compétences scientifiques des partisans d'une apparition plus tardive de l'humanité. Se rangeant parmi les véritables “géologues-paléontologistes”, qui, “amis de la vérité […] ne la cherchent que là où elle est accessible, et s'attachent à décrire surtout ce qu'ils ont observé”, ils dénoncent les adversaires de “l'homme fossile” comme de faux naturalistes, “géologues-mathématiciens, faiseurs d'hypothèses et de systèmes éphémères [qui] entravent la science, ou plutôt la font reculer”, et “géologues de cabinet, n'ayant presque jamais interrogé la nature par eux-mêmes1”.
Citation
Le chant 3 de L'Homme des champs fournit l'épigraphe du volume. On peut y voir une manière de faire du vertige temporel lié à la géologie une constante de la modernité, valable en matière de datation du relief (problématique propre à Buffon, à laquelle les vers de Delille font écho) comme de datation des espèces (problématique alimentée par l'essor plus récent de la paléontologie humaine). On peut aussi y voir un discret moyen de dépasser l'opposition entre pensée chrétienne et découvertes scientifiques, Delille restant un auteur associé à la religion malgré son intérêt pour le progrès des connaissances.
Vers concerné : chant 3, vers 199-200.
Incidemment, les éléments qui “pèsent sur la pensée” de l'observateur ne sont donc plus les paysages, mais les restes osseux repérés par les paléontologues et représentés par les planches jointes au volume, telle cette image :