L..a, “Voyage au Mont-d'Or” (L'Observateur des spectacles)
Présentation du texte
Ce texte, publié en juin 1802 dans L'Observateur des spectacles, est signé “L..a”, peut-être pour Lara. Il s'agit d'un compte rendu de Mon voyage au Mont-d'Or, récit de Charles-Marie d'Irumberry, comte Salaberry, publié la même année, sans nom d'auteur1.
Citation
Alors que Salaberry cite à plusieurs reprises d'autres œuvres de Delille dans ce livre composé sous forme de lettres mêlées de vers2, il n'exploite pas les textes que le poète a consacrés à sa région natale, qui fait pourtant l'objet principal de son ouvrage. C'est sans doute la raison pour laquelle le recenseur choisit d'insérer dans son compte rendu un extrait du chant 3 de L'Homme des chants, évoquant la Limagne.
Tous ces pays décrits, par l'auteur, furent autrefois dévorés et minés par les volcans. C'est à ces feux souterrains que l'Auvergne doit encore sa fertilité, du moins en partie, tant il est vrai que le mal enferme presque toujours en soi les germes de quelque bien. Je me hâte d'abandonner cette réflexion, qui pourroit fournir un trop long chapitre à l'histoire des causes secondes. Tout ce sol n'est, pour ainsi dire, formé que des laves amoncelées de ces volcans, déjà éteints du tems de César. L'abbé Delille célèbre leur antiquité dans son poëme de l'Homme des Champs. Le lecteur me saura gré peut-être de lui rappeler ces vers :
O ma chère patrie ! ô champs délicieux,
Où les faste du tems frappent partout les yeux !
Oh ! s'il eût (Buffon) parcouru cette belle Limagne ;
Qu'il eût joui de voir dans la même campagne
Trois âges de volcans que distinguent entr'eux,
Leurs courans , leurs foyers, et des siècles nombreux !
La mer couvrit les uns par des couches profondes,
D'autres ont recouvert le vieux séjour des ondes,
L'un, d'une côte à l'autre étendit ses torrents ;
L'autre en fleuve de feu versa ses flots errans
Dans ces bois qu'a creusé [sic] la longue main des âges.
En voyant du passé ces sublimes images,
Ces grands foyers éteints dans des siècles divers,
Des mers sur des volcans, des volcans sur des mers,
Vers l'antique cahos notre ame est repoussée,
Et des âges sans fin pèsent sur la pensée3.
Vers concernés : chant 3, vers 185-200.