Victor Masse, Recueil de quelques fragments descriptifs sur la vallée de Chamonix
Présentation de l'œuvre
Ce court recueil paru en 1851 rassemble des extraits d’oeuvres littéraires descriptives qui accompagneront différents plans de la région de Chamonix.
Citation
Le passage de L’Homme des champs est associé au plan intitulé « Le Montanvert, la mer de glace et la source de l’Arveron ».
Ici de frais vallons, une terre féconde ;
Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde ;
A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers.
Salut, pompeux Jura, terrible Montanverts,
De neiges, de glaçons entassements énormes,
Du temple des frimas colonnades informes,
Prismes éblouissants, dont les pans azurés,
Défiant le soleil dont ils sont colorés,
Peignent de pourpre et d’or leur éclatante masse,
Tandis que, triomphant sur son trône de glace,
L’hiver s’enorgueillit de voir l’astre du jour
Embellir son palais et décorer sa cour.
Non, jamais, au milieu de ces grands phénomènes,
De ces tableaux touchants, de ces terribles scènes,
L’imagination ne laisse dans ces lieux
Ou languir la pensée ou reposer les yeux. 1.
Delille y est cité en compagnie d’Ebel, de Fontanes (Le Verger), de Florian et de Mollard (Les Alpects de Montjoly, poème inédit). L’auteur de l’ouvrage, Victor Masse, explique sa démarche anthologique par le fait que les paysages de Chamonix ont été chantés par tant d’auteurs qu’il juge inutile de les décrire davantage:
Il y aurait de la témérité à entreprendre une oeuvre si bien achevée par tant d’artistes et d’écrivains célèbres; contentons-nous de leur emprunter quelques fragments. Les citations suivantes, venant en aide à notre impuissance, serviront de texte aux plans en relief d’une des plus belles merveilles de la création.2.
Le livre étant paru en 1851, alors que le tourisme de masse envahit déjà le Montanvert, draînant dans son sillage de nombreux écrivains, il est étonnant que la plupart des auteurs cités aient sombré dans l’oubli collectif. Le dispositif de l’ouvrage témoigne par ailleurs d’une alliance, mais aussi d’une nette séparation de la science et de la littérature. L’auteur avoue son manque d’autorité en dehors de son domaine. Ainsi, le géographe montre, l’écrivain dit. Ensemble, les deux disciplines parviennent à capturer ce qui a toujours fait l’attrait des Alpes: un monument grandiose et millénaire, qui fascine autant par sa nature physique que par son imaginaire.
Vers concernés : chant 3, vers 339-354 et 449-453.