Littérature des dames ou morceaux choisis des meilleurs auteurs anciens et modernes
Présentation de l’œuvre
La Littérature des dames ou morceaux choisis des meilleurs auteurs anciens et modernes forme, en 1812, une anthologie littéraire autant qu'un outil pédagogique. Le compilateur anonyme ne laisse pas d'introduction, mais les deux premiers morceaux choisis du volume ont une valeur préfacielle : des “Fragmens sur l'éducation” (p. 1-4) en prose et les “Conseils d'une mère à son fils” (p. 5-6) en vers. Delille, alors au crépuscule de sa vie, est cité à plusieurs reprises, en compagnie de prosateurs et de poètes. Parmi ces derniers, on trouve des hommes de lettres proches de Delille, tels Joseph-Alphonse Esménard (La Navigation) et Joseph-François Michaud (Le Printemps d'un proscrit). À côté des morceaux choisis, l'ouvrage propose une collection d'estampes représentant des allégories ou des scènes de genre. Textes et images concourent manifestement à un même but : offrir le support d'une éducation morale qui mobilise la sensibilité de l'apprenant.
Citation
La Littérature des dames reproduit le morceau du chant 3 où Delille décrit la mer et l'univers végétal, animal et minéral qu'elle recèle. La citation se caractérise par un collage inattendu. Les quatre vers qui, dans les éditions de L'Homme des champs, introduisent le passage sur la mer (v. 221-224), sont déplacés par le compilateur anonyme au milieu de ce même passage. Le quatrain, plein d'emphase, contribue dans son nouveau contexte à mettre en exergue les vers qui suivent sur ces monstres marins que sont les baleines et sur les autres merveilles des profondeurs. Dans l'extrait suivant, nous soulignons les quatre vers déplacés :
[…]
Que de fleuves obscurs y dérobent leur source !
Que de fleuves fameux y terminent leur co[u]rse !
Eh ! quelle source encor d'études, de plaisirs,
Va de pensers sans nombre occuper vos loisirs,
Si la mer elle-même, et ses vastes domaines
Vous offrent de plus près leurs riches phénomènes !
Tantôt, avec effroi, vous y suivez de l'œil
Ces monstres qui, de loin, semblent un vaste écueil ;
Souvent, avec Buffon, vos yeux y viennent lire
Les révolutions de ce bruyant empire,
Ses courans, ses reflux, ses grands événemens,
Qui de l'axe incliné suivent les mouvemens ;
Tous ces volcans éteints, qui du sein de la terre,
Jadis allaient aux cieux défier le tonnerre ;
[…]1
Vers concernés : chant 3, vers 221-268
Lien externe
- Accès à la numérisation du texte : Google Books.
Auteur de la page — Timothée Léchot 2019/06/12 19:20
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/15 15:40