Henri Durlin, Dictionnaire mnémonique d'orthographe accompagné de notes critiques et grammaticales
Voir la synthèse thématique sur les Usages lexicographiques.
Présentation de l’œuvre
Destiné à l'enseignement de l'orthographe aux jeunes élèves par l'intermédiaire des maîtres, le Dictionnaire mnémonique d'orthographe (1848) de Henri Durlin contient des sections sur l'alphabet, les consonnes doubles, les initiales, les terminaisons et les “signes orthographiques” (accents, etc.). Contrairement à ce qu'indique le titre, il s'agit d'un manuel plutôt que d'un dictionnaire, dans la mesure où la matière n'est pas organisée alphabétiquement.
À l'égard de Delille, l'ouvrage a la particularité de citer une note du troisième chant de L'Homme des champs dans une perspective grammaticale.
Citation 1
Dans une note grammaticale consacrée aux sujets collectifs, Durlin cite le troisième chant de L'Homme des champs, à côté d'un vers de la traduction des Géorgiques. Avec Boileau, Delille compte parmi les poètes qui choisissent d'accorder le verbe au singulier lorsque son sujet est collectif.
Et voulez-vous encore embellir le voyage ?
Qu'une troupe d'amis avec vous le partage. (Delille.)
Un essaim de douleurs bientôt nous environne. (Delille.)
Ne vous enivrez pas des éloges flatteurs
Que vous donne un amas de vains admirateurs. (Boileau.)
Telle, à l'aspect du loup, terreur des champs voisins,
Fuit d'agneaux effrayés une troupe bêlante. (Boileau.)
Certes, si ces phrases pouvaient être regardées comme incorrectes, il faudrait renoncer à faire des vers1.
Vers concernés : chant 3, vers 407-408
Citation 2
Fait rare, cette seconde citation porte sur une note du troisième chant, que l'auteur attribue à Delille et qu'il considère sous un angle strictement grammatical. Durlin traite ici du verbe être et de son accord.
Quoique le nom sujet revête la forme plurielle, on doit encore mettre le verbe au singulier, quand il y a unité dans l'esprit ; aussi Delille est-il incorrect, quand il dit, en parlant d'un ouvrage de Buffon : Les Epoques de la nature sont l'ouvrage le plus étonnant qui ait paru dans le dix-huitième siècle. Evidemment, il ne s'agit que d'un seul ouvrage qui a pour titre les Epoques de la nature ; la forme plurielle est donc purement accidentelle, et l'unité ne saurait être mieux caractérisée2.
Note concernée : chant 3, vers 175, note 7
Lien externe
- Accès à la numérisation du texte (édition originale de 1848) : Gallica.
Auteur de la page — Timothée Léchot 2017/10/15 16:41
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/07 14:59