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Boulard, Essai de traduction interlinéaire

… (Essai de traduction interlinéaire, 1802).

Avant de présenter

Le vers “Et voulez-vous encore embellir le voyage?” p


Quoi! les humbles tribus, le peuple immense d’herbes
Qu’effleure l’ignorant de ses regards superbes,
N’ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ?
Le même Dieu créa la mousse et l’univers.
De leurs secrets pouvoirs connoissez les mystères,
Leurs utiles vertus, leurs poisons salutaires:
Par eux autour de vous rien n’est inhabité,
Et même le désert n’est jamais sans beauté.
Souvent pour visiter leurs riantes peuplades,
Vous dirigez vers eux vos douces promenades**
Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli,
Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli.

     Et voulez-vous encore embellir le voyage ?
Qu’une troupe d’amis avec vous le partage ;
La peine est plus légère et le plaisir plus doux :
Le jour vient, et la troupe arrive au rendez-vous.
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares
Où les accents du cor et le bruit des fanfares
Épouvantent de loin les hôtes des forêts ;
Paissez, jeunes chevreuils, sous vos ombrages frais ;
Oiseaux, ne craignez rien : ces chasses innocentes
Ont pour objets les fleurs, les arbres, et les plantes ;
Et des prés et des bois, et des champs et des monts,
Le porte-feuille avide attend déjà les dons.
On part : l’air du matin, la fraîcheur de l’aurore
Appellent à l’envi les disciples de Flore.
Jussieu marche à leur tête ; il parcourt avec eux
Du règne végétal les nourrissons nombreux :
Pour tenter son savoir quelquefois leur malice
De plusieurs végétaux compose un tout factice ;
Le sage l’apperçoit, sourit avec bonté,
Et rend à chaque plant son débris emprunté
Chacun dans sa recherche à l’envi se signale ;
Étamine, pistil, et corolle, et pétale,
On interroge tout. Parmi ces végétaux
Les uns vous sont connus, d’autres vous sont nouveaux :
Vous voyez les premiers avec reconnoissance,
Vous voyez les seconds des yeux de l’espérance ;
L’un est un vieil ami qu’on aime à retrouver,
L’autre est un inconnu que l’on doit éprouver.
Et quel plaisir encor lorsque des objets rares,
Dont le sol, le climat, et le ciel sont avares,
Rendus par votre attente encor plus précieux,
Par un heureux hasard se montrent à vos yeux !
Voyez quand la pervenche, en nos champs ignorée,
Offre à Rousseau sa fleur si long-temps désirée ;
La pervenche, grand Dieu ! la pervenche ! Soudain
Il la couve des yeux, il y porte la main,
Saisit sa douce proie : avec moins de tendresse
L’amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse.


Vers concernés : chant 3, vers 395-444.

Accès à la numérisation du texte : Gallica.


Auteur de la page — Franziska Blaser 2017/04/03 09:35