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Anot et Malfillatre, Les Deux Voyageurs

Les Deux voyageurs se présente comme un ensemble de lettres rédigées par ses deux auteurs à l'attention de divers correspondants, durant une période qui débute avec leur émigration et court jusqu'à la date de la publication, en 1802. Les premiers courriers nous apprennent qu'en juin 1791, le jeune Malfillatre est envoyé par son père hors de France, pour qu'il échappe aux “convulsions du pays” et demeure “quelque temps dans un lieu tranquille, à l'abri des orages1”, aux Pays-Bas, où il est bientôt rejoint par Anot, que son père charge de son éducation.

La suite des lettres montre toutefois très rapidement que le propos central de cette correspondance est moins autobiographique que didactique. Les pérégrinations des deux hommes sont en effet pour eux l'occasion de visiter de multiples villes et contrées, et d'en rendre compte dans des courriers où les indications géographiques, culturelles et historiques dominent. Ce but est rendu évident par le titre complet du texte : Les Deux Voyageurs, ou Lettres sur la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, la Pologne, la Prusse, l'Italie, la Sicile et Malthe\ ; contenant l'histoire, la description, les anecdotes les plus curieuses de ces différents pays, avec des observations sur les mœurs, les usages, le Gouvernement, la littérature et les arts, et un récit impartial des principaux événements qui se sont passés en Europe, depuis 1791 jusqu'à la fin de 1802.

De fréquentes citations en vers venant alléger le propos et introduire une forme de variété, L'Homme des champs est exploité à plusieurs reprises, sans que les auteurs ne paraissent avoir conscience des anachronismes que ces insertions créent au sein de lettres censément rédigées avant la parution du poème.

Dans une lettre écrite de Constance, le 10 novembre 1798, Malfillatre évoque les Alpes, qu'il vient de traverser en remontant d'Italie. A propos de son ascension du mont Spulga, il note:

Cette cîme est une belle plateforme, dont la partie Occidentale sert d'assiette à une autre montagne cachée sous des frimats qui ne fondent jamais. Assez près delà, est une Hôtellerie, un Lac, et tout autour, des pâturages médiocrement verds\ ; ainsi, j'avais sous les yeux le spectacle de l'automne, et tout à la fois, l'image ou plus tôt la réalité de l'hiver.

     “Vous y voyez empreints Dieu, l’homme et la nature,
     “La nature, tantôt riante en tous ses traits,
     “De verdure et de fleurs égayant ses attraits ;
     “Tantôt mâle, âpre et forte, et dédaignant les grâces,
     “Fière, et du vieux cahos gardant encor les traces.
     “Ici, modeste encore au sortir du berceau,
     “Glisse en minces filets un timide ruisseau ;
     “Là, s’élance en grondant la cascade écumante ;
     “Là, le Zéphir caresse ou l’Aquilon tourmente…
     “Vous y voyez unis des Volcans, des Vergers,
     “Et l’Echo du tonnerre, et l’Echo des Bergers ;
     “Ici, de frais vallons, une terre féconde,
     “Là, des rocs décharnés, vieux ossements du monde ;
     “A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hyvers”.

               Delille2.

Vers concernés : chant 3, vers 328-341.

Accès à la numérisation du texte : t. I, Gallica ; t. II, Gallica.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2017/11/02 22:40


1 Pierre-Nicolas Anot et F. Malfillatre, Les Deux voyageurs…, Reims, Brigot, [1802], t. I, p. 2.
2 Id., t. II, p. 205.