Anonyme, “Prospectus […] de Raynal” (L'Ami de la religion et du Roi)
Présentation du texte
En 1817, L'Ami de la religion et du Roi accueille un article anonyme relatif à une réédition de l'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes (1770). Entreprise collective coordonnée par Guillaume-Thomas Raynal, cette œuvre emblématique des Lumières eut un immense succès mais fut censurée en 1780. Le journal conservateur accueille donc sans bienveillance la perspective de sa reparution et attaque les compétences de Raynal.
Citation
Le critique souligne que Raynal n'a pas visité les contrées où se trouvaient les établissements commerciaux dont il parle et le compare à Buffon, en convoquant les vers de Delille sur le naturaliste.
Non-seulement [Raynal] ne sortit point d'Europe, mais il n'en visita que la moindre portion. Il n'alla jamais dans ces colonies dont il parle avec tant d'assurance. Il ne vit aucun de ces établissemens dont il prétend écrire l'histoire. Le Nouveau-Monde lui fut absolument étranger ; et on auroit pu lui appliquer ces vers de Delille, en parlant de Buffon :
A des yeux étrangers se confiant en vain ,
II vit peu par lui-même, et, tel qu'un souverain,
De loin el sur la foi d'une vaine peinture,
Par ses ambassadeurs courtisa la nature.
Cependant le charlatanisme des nouveaux éditeurs n'a rien omis pour relever la gloire de leur auteur1.
Vers concerné : chant 3, vers 181-184.