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<title classes #id> L'Homme des champs :
éditer une réception littéraire </title>

Connaissez-vous L'Homme des champs ?
Publié en 1800, puis remanié en 1805, L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises connut pourtant un immense succès, en France, où les premiers exemplaires s'arrachèrent, selon les témoignages de l'époque, à plus de 10 000 exemplaires par semaine, mais aussi à l'étranger, où l'œuvre se diffusa grâce à de nombreuses traductions.



Ce poème constitue la troisième œuvre majeure de Jacques Delille (1738-1813), à qui sa traduction des Géorgiques de Virgile (1770) et son poème des Jardins (1782) avaient déjà valu un renom considérable. Longtemps retardé, la parution de l'édition originale de L'Homme des champs était donc très attendue, puisqu'elle vint rompre un silence de dix-huit ans. Or, comme son sous-titre l'indique, ce poème divisé en quatre chants entend rivaliser avec Virgile sur le terrain de la peinture de la nature et de la vie rurale : L'Homme des champs se place ainsi dans la lignée de la “poésie descriptive” qui, depuis le milieu du 18e siècle, cherchait à renouveler la poésie française, sous l'influence notamment d'auteurs anglais comme Thomson. Mais Delille innove ici en accordant une large place aux sciences contemporaines : le chant II, consacré aux travaux des champs, célèbre les améliorations que la technique moderne apporte aux cultures; surtout, le chant III invite les lecteurs à s'initier aux sciences naturelles, telles que la botanique, la géologie ou la zoologie, afin d'apprendre à voir dans la campagne environnante un monde neuf, inconnu et riche en découvertes. À ce titre, L'Homme des champs occupe aussi une place fondamentale dans le développement, en France, d'une “poésie scientifique” aujourd'hui largement oubliée, mais qui fut très prolifique jusqu'à la fin du 19e siècle.



Comment mesurer l'impact que les textes de Delille eurent sur les contemporains et sur les auteurs ultérieurs ? Selon quels processus un poème extrêmement célèbre, et très admiré, s'est-il diffusé dans le reste de la culture, avant de sombrer dans l'oubli ? Tentative collective de reconstitution de cette influence, ce site tente de répondre à ces questions en proposant une “édition” inhabituelle du chant III de L'Homme des champs. En effet, cette édition ne propose pas de donner un texte stable, d'identifier ses sources et d'en éclairer le sens en cas de besoin. Elle a pour seule ambition de suivre avec le plus de finesse possible la réception de ces quelque 600 vers, et des notes qui les accompagnaient, dans les discours les plus divers, depuis les premières mentions publiques, lectures orales et pré-publication d'extraits antérieurs à sa parution, jusqu'à la fin du 19e siècle.



Ce travail prend la forme d'un wiki, que vous pouvez explorer librement. Sa colonne vertébrale est le texte même du chant III (dans sa version de 1805), tel qu'il apparaît ci-dessous. Il suffit de cliquer sur chaque numéro de vers pour explorer la manière dont il a pu être cité, attaqué, parodié ou loué dans d'autres contextes, de la poésie aux dictionnaires, du roman à l'article de presse, des arts visuels au discours scientifique. En marge de ces annotations, le site propose des synthèses par thèmes, des listes des acteurs concernés par cette réception, etc., qui sont autant d'autres portes d'entrée possibles. La page projet en détail développe les enjeux scientifiques du site et explique la manière dont il s'intègre à un programme de recherche et d'édition plus vaste, le projet Reconstruire Delille.