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Charles-Pierre Girault-Duvivier, La Grammaire des grammaires

Voir la synthèse thématique sur les usages pédagogiques.

La Grammaire des grammaires, parue en 1811 et citée ici d'après une réédition, mentionne tous les grands poèmes de Delille, ses traductions et quelques pièces fugitives. La présence marquée du poète dans cet ouvrage de référence n'est pas surprenante : Girault-Duvivier puise essentiellement ses exemples auprès des poètes classiques et des membres de l'Académie française. Il profite de l'appui de Louis de Fontanes, Jean-Baptiste-Antoine Suard et François-Just-Marie Raynouard, trois confrères de Delille dans la Classe de langue et littérature françaises de l'Institut, qui signent de courtes lettres en faveur de Girault-Duviver et de sa méthode dans les premières pages des diverses rééditions.

Profitant d'un grand succès, l'ouvrage est destiné aux écrivains, aux professeurs qui enseignent la grammaire et aux étudiants des collèges. La méthode se veut traditionnelle et synthétique : Girault-Duvivier rassemble les préceptes des principaux grammairiens et se refuse autant que possible de prendre position sur les questions de langue qui ne feraient pas l'unanimité. À la différence d'autres manuels de l'époque, la Grammaire des grammaires indique précisément les sources des citations.

Deux vers du troisième chant de L'Homme des champs sont cités pour distinguer les participes présents des adjectifs en -ant. Delille côtoie ici La Fontaine et Racine.

     2o. Lorsque le mot terminé en ant est suivi d'un régime, ou ce régime est direct, ou il est indirect.
     Si ce régime est direct, nulle difficulté, ce mot est Participe.
     Ainsi, dans ces phrases :

               Cette réflexion embarrassant notre homme,
               On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
                              (La Fontaine, fab. 173.)

               Et c'est là que, fuyant l'orgueil du diadême,
               Lasse de vains honneurs, et me cherchant moi-même,
               Aux pieds de l'Éternel je viens m'humilier.
                              (Racine, Esther, act. I, sc. I.)

               La nature……………………….
               De verdure et de fleurs égayant ses attraits..
                              (Delille, l'Homme des champs, ch. III.)

     Il est clair que embarrassant, fuyant, égayant sont des Participes, puisque chacun d'eux a un régime direct, et que, comme nous l'avons prouvé p. 706, l'Adjectif verbal n'en peut avoir de semblable1.

Vers concernés : chant 3, vers 329-330

Accès à la numérisation du texte : cinquième édition (1822)


Auteur de la page — Timothée Léchot 2018/12/30 01:56
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/16 21:26


1 Charles-Pierre Girault-Duvivier, Grammaire des grammaires, ou analyse raisonnée des meilleurs traités sur la langue françoise\ ; ouvrage mis par l'Université au nombre des livres qui doivent être donnés en prix dans les colléges et reconnu par l'Académie françoise comme indispensable à ses travaux, et utile à la littérature en général. Par Ch. Pre. Girault Duvivier. Cinquième édition, revue avec beaucoup de soin et considérablement augmentée\ ; Dédiée au Roi, Paris, Janet et Cotelle, 1822, t. 2, p. 78-79.