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“Bey Decker : L'Homme des champs…” (Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen)

Ce compte rendu anonyme de L'Homme des champs paraît en mars 1801 dans les Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen1.

La majeure partie du compte rendu porte sur le poème dans son entier, occasions de réflexions générales sur le succès du poème et sur sa relation au modèle didactique.

L'auteur, comme nombre de critiques, commence par évoquer les tirages très élevés, puis il traite L'Homme des champs comme un ouvrage déjà bien connu du public allemand. Aussi indique-t-il inviter ses lecteurs à confronter par eux-mêmes ses avis au texte de Delille.

Wenn ein Buchhändler nichts wagt, der zehn Ausgaben eines Buchs auf ein Mahl veranstaltet, so wagt desto mehr der Recensent, der ein solches Buch beurtheilen soll. An einer bloßen Anzeige des berühmten Gedichts L'Homme des Champs möchte den Lesern unserer Blätter noch weniger gelegen seyn, als selbst an einer unbefriedigen den Critik; denn wir dürfen voraussetzen, daß das Gedicht in Deutschland schon so bekannt, oder vielleicht noch bekannter ist, als in Frankreich selbst. Aber eben deßwegen darf der Rec. ein Gutachten um so unbefangener mittheilen, das jeder Leser nach seiner Einsicht sogleich während dem Lesen berichtigen kann2.

L'avis “impartial” proposé est toutefois extrêmement élogieux. Le critique exprime la plus grande admiration pour les vers de Delille et pour le climat apaisé qui règne dans le poème\ :

Man darf nur, gleich viel wo, in dieses Gedicht hineingeblickt haben, um sogleich durch die anmuthige und edle Sprache angezogen zu werden. Jeder Vers ist ein kleines Kunstwerk; und keiner hat einen Strich von der Feile, die ihn so lieblich glättete, wie Verse in einer Sprache, der es an sicherer Quantität der Sylben fehlt, nur immer geglättet werden können. So correct und melodisch durchgängig die Sprache ist, so natürlich, schicklich, elegant, durchdacht und prunklos ist die Manier. Keine kühnen Metaphern; kein Übermuth der Phantasie; kein wildes Feuer des Gefühls; kein müssiges Gauckeln des Witzes. Der Geist der ländlichen Ruhe, die hier besungen wird, ist zugleich der Geist des Gedichts. Selbst die falsche Feyerlichkeit, von der sich Französische Dichter gewöhnlich verführen lassen, wenn sie mit Würde reden wollen, ist hier vermieden. Man hört in jeder Zeile den urbanen Landmann, der sich nie gemein, aber immer simpel ausdrückt. Didaktische Stellen wechseln mit beschreibenden ab. Verstand und Gefühl begegnen einander: Episoden kommen nur wenige vor. Die Ausführung jedes Gedankens und jedes Bildes ist klar. Was ein heiterer Sommertag, auf dem Lande in guter Gesellschaft verlebt, in der Wirklichkeit ist, das ungefähr ist das Ganze dieses Gedichts in der Lectüre. Selbst die Farben der Schwermuth, z. B. da, wo der Verf. von den politischen Verwirrungen seines Vaterlandes spricht, bey denen er selbst ein kleines Landgut einbüßte, sind so zart aufgetragen, daß die Heiterkeit des Ganzen so wenig darunter leidet, wie eine kleine Wolke, die auf einen Augenblick vor die Sonne tritt, einen schönen Tag trüben kann. Diese Harmonie zwischen dem Gegenstande und der Manier des Gedichts möchte der Rec. die vorzüglichste Schönheit des Homme des champs von Hrn. Delille nennen. Wer Sinn für diese Schönheit hat, wird auch nicht mit illiberaler Kunstrichterey den Stellen nachspüren, wo der Dichter im Grunde nur Prosa in wohllautenden Versen spricht, oder wo die gar zu stille Begeisterung sich in monotone Betrachtung verliert. Etwas dem Ähnliches empfindet man ja auch in gewissen Pausen der Unterhaltung in guter Gesellschaft auf dem Lande3.

Accès à la numérisation du texte : Bayerische Staatsbibliothek.


Auteur de la page — Hugues Marchal 2019/03/25 11:47


1 “Bey Decker : L'Homme des champs…”, Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 14 mars 1801, p. 425-430.
2 “Quand un libraire est assez hardi pour annoncer dix éditions simultanées d'un livre, le recenseur chargé de juger un tel livre doit d'autant plus faire preuve de hardiesse. Une simple présentation du célèbre poème L'Homme des Champs serait encore moins utile à nos lecteurs qu'une critique insatisfaisante, car on peut supposer que le poème est déjà aussi connu en Allemagne qu'en France même, voire plus encore. Toutefois le recenseur peut ainsi émettre son opinion de manière d'autant plus impartiale que chaque lecteur sera en mesure de la corriger selon ses vues, au fil même de sa lecture.” Id., p. .
3 “Il suffit de jeter un œil dans le poème, où que ce soit, pour être immédiatement attiré par son langage gracieux et noble. Chaque vers est une petite œuvre d'art ; et aucun ne garde trace de la lime qui l'a si délicatement lissé, comme peuvent toujours être lissés les vers dans une langue où les syllabes n'ont pas de quantité fixe. La langue est aussi constamment correcte et mélodique que la manière est naturelle, décente, élégante, réfléchie et dénuée de pompe. Pas de métaphores intrépides ; nulle présomption dans l'imagination ; pas de feu sauvage dans le sentiment ; pas de jonglerie spirituelle et oiseuse. L'esprit de calme rural que l'on chante ici est aussi l'esprit du poème. Même la fausse solennité par laquelle les poètes français se laissent généralement séduire, lorsqu'ils veulent parler avec dignité, est évitée. Chaque ligne fait entendre l'homme urbain, qui ne s'exprime jamais de façon commune, mais toujours avec simplicité. Les passages didactiques alternent avec les passages descriptifs. L'entendement et l'émotion se rencontrent : seuls quelques épisodes interviennent. L'exécution de chaque pensée et de chaque image est claire. Une sereine journée d'été, passée en bonne compagnie à la campagne, voilà en réalité ce qu'est l'ensemble de ce poème, quand on le lit. Même les couleurs de la mélancolie, par exemple dans les endroits où l'auteur parle des troubles politiques de sa patrie, où il a lui-même perdu un petit domaine, sont si tendrement appliquées que la sérénité de l'ensemble n'en souffre pas: c'est un petit nuage qui, passant un instant devant le soleil, ne saurait obscurcir une belle journée. Pour le recenseur, cette harmonie entre le sujet et le style du poème constitue la beauté la plus exquise de l'Homme des champs de M. Delille. Ceux qui sont sensibles cette beauté ne vont pas, avec les critiques sévères, retracer les endroits où le poète ne fait au fond que mettre de la prose en vers mélodieux, ni ceux où l'enthousiasme trop calme se perd dans une contemplation monotone. On ressent quelque chose de similaire dans certaines pauses qui interrompent le divertissement d'une bonne compagnie à la campagne.” Id., p.