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Andrié, Lectures pour les enfants de six à douze ans

En cours de rédaction.

Suivant les principes de la pédagogie chrétienne, le pasteur Jean-François-Daniel Andrié publie en 1838 ses Lectures pour les enfants de six à douze ans composé d'un mélange de passages de l'Ecriture sainte et d'autres pièces en vers “propre[s] à entretenir dans [leur] coeur les sentiments religieux”. L'ouvrage sera réimprimé en six éditions jusqu'en 1862 et atteint le nombre de 24,000 exemplaires.

Ce livre de lecture est divisé en trois parties dont la première traite des “merveilles de la nature visible”, la deuxième de “l'âme et de ses facultés” puis la dernière de la Bible. Le pasteur s'adresse dès la préface directement à ses jeunes lecteurs et leur précise par exemple le mode d'emploi de son ouvrage comme suit: “Pour vous rendre utile ce petit livre, vous devez chercher à voir, autant que possible, les objets que l'on y décrit, et demander à vos parents et à vos maîtres l'explication de ce que vous ne comprendrez pas.” L'ouvrage se clôt sur un vocabulaire qui vise à faciliter la compréhension d'un choix de notions, qui ne sont néanmoins pas signalées par des appels de notes dans les différents extraits.

La première partie consacrée aux objets matériels se divise en seize chapitres qui traitent successivement du corps humain, du firmament, des saisons, du langage ainsi que de l'écriture et de l'imprimerie, des aliments, vêtements et habitations des hommes, des créations humaines comme le chauffage, l'éclairage artificiel ou les horloges, des animaux domestiques et finalement de la santé et des maladies. Chaque chapitre porte une citation de la bible en épigraphe, suivi d'un long développement du sujet en question dans un langage accessible. Cet ouvrage relève ainsi de la vulgarisation. Même si le registre didactique domine le texte, c'est à travers les citations sur lesquelles un chapitre s'ouvre et se clôt que la dimension moralisatrice est insérée dans l'ouvrage. Le chapitre sur “l'Automne.” s'ouvre par exemple sur l'épithète

Paul a planté, Apollon a arrosé,
Dieu a donné l'acroissement.
1 Cor. II, 6. 1

Il se poursuit par une longue explication des récoltes et des vendanges qui est également parsemée de commentaires moralisateurs tels que “Les ivrognes, dit l'Ecriture sainte, n'hériteront point le royaume des cieux. (…) Ils devraient plutôt inspirer une pitié profonde, et l'on devrait prier Dieu de toucher leur coeur à salut.” 2 et s'achève sur le poème populaire anonyme suivant:

C'est la saison d'automne
Qui succède à l'été ;
Par elle Dieu nous donne
Les fruits de sa bonté.
(…)3

La citation du Chant III de L'Homme des champs intervient au chapitre X consacré aux “Habitations des Hommes” qui porte l'épigraphe suivante:

Si l'Eternel lui-même ne bâti la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain.
Ps. CXXVII, 1.4

Andrié parcourt ensuite les différents matériaux utilisés dans la construction d'un bâtiment (les pierres, le bois, le verre, la terre) et décrit leur provenance ainsi que leur finition. Il prend également soin de préciser si une matière est disponible en Suisse ou, le cas échéant, désigne son lieu de provenance. En guise de conclusion de ce chapitre, le pasteur insère un passage de L'Homme des champs traitant des montagnes évoqués auparavant dans sa description. Cependant, l'extrait a été modifié par le pédagogue.

D'un côtl, il omet les vers 319 - 323:


Leurs lits si variés, leur couche verticale,
Leurs terrains inclinés, leur forme horizontale,
Du hasard et du temps travail mystérieux :
Tantôt vous parcourez d’un regard curieux
De leurs rochers pendants l’informe amphithéâtre,
L’ouvrage des volcans, le basalte noirâtre,
Le granit par les eaux lentement façonné,
Et les feuilles du schiste, et le marbre veiné ;

De l'autre côté, Andrié transforme le vers 342 “Salut, pompeux Jura1, terrible Montanverts,” en “Salut! sombre Jura, célèbre mont Envers,”. L'insertion d'un paragraphe avant ce vers fait davantage ressortir cette modification significative.

Alpes et Jura.

Là, le temps a tracé les annales du monde.
Vous distinguez ces monts, lents ouvrages de l’onde,
Ceux que des feux soudains ont lancés dans les airs,
Et les monts primitifs nés avec l’univers ;
Vous fouillez dans leur sein, vous percez leur structure.
Vous y voyez empreints Dieu, l’homme, et la nature,
La nature, tantôt riante en tous ses traits,
De verdure et de fleurs égayant ses attraits ;
Tantôt mâle, âpre et forte, et dédaignant les grâces,
Fière et du vieux chaos gardant encor les traces.
Ici, modeste encore au sortir du berceau,
Glisse en mince filet un timide ruisseau ;
Là, s’élance en grondant la cascade écumante ;
Là, le zéphir caresse, ou l’aquilon tourmente.
Vous y voyez unis des volcans, des vergers,
Et l’écho du tonnerre et l’écho des bergers ;
Ici, de frais vallons, une terre féconde ;
Là, des rocs décharnés, vieux ossements du monde ;
A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers.


Salut! sombre Jura, célèbre mont Envers,
De neige, de glaçons entassements énormes ;
Du temple des frimas colonnades énormes ;
Prismes éblouissants dont les pans azurés,
Défiant le soleil dont ils sont colorés,
Peignent de pourpre et d’or leur éclatante masse ;
Tandis que, triomphant sur son trône de glace,
L’hiver s’enorgueillit de voir l’astre du jour
Embellir son palais et décorer sa cour !
Non, jamais, au milieu de ces grands phénomènes,
De ces tableaux touchants, de ces terribles scènes,
L’imagination ne laisse, dans ces lieux
Ou languir la pensée ou reposer les yeux. 5

Vers concernés : chant 3, vers 315-318 et chant 3, vers 327-354

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Auteur de la page — Sarah Brämer 2017/04/24 13:35


1 Idem., p. 80.
2 Idem., p.84.
3 Idem., p.87.
4 Idem., p. 124.
5 Idem., p. 135-136.