En 1822, le peintre Horace Vernet décide de presenter une seule toile au Salon de peinture officiel, et d'exposer dans son atelier le reste de sa production. À cette occasion, Jay et Jouy rédigent un texte de présentation et commentaire de ces peintures, de quelque 180 pages. Ils associent aux images de nombreuses épigraphes poétiques, selon un procédé qu'on retrouvera un peu plus tard chez Vatout et Quénot. Mais contrairement aux catalogues consacrés par ces auteurs aux collections du duc d'Orléans, l'ouvrage de 1822 ne contient aucune reproduction lithographiée.
Delille fournit trois épigraphes, tirées de sa traduction des Géorgiques de Virgile, des Trois Règnes et de L'Homme des champs. Ce dernier extrait est associé à une marine1, que Jay et Jouy rapprochent de la manière de Rembrandt.
XLIII. — Un Moulin, sur les côtes de Gênes.
Le peintre y vient chercher sous des teintes sans nombre.
Les jets de la lumière et les masses de l'ombre.
(DELILLE.)
Une jetée qui conduit à un moulin, ce moulin placé sur la côte et battu des flots, se dessinent sur un ciel entrecoupé de nuages d'un jaune olivâtre, d'un azur foncé et d'un blanc mat. Il fait nuit, le rivage tourne ; et l'œil suit aisément son contour que tracent les brisans des vagues de la mer. […]
Tels sont, qui le croirait, les élémens d'une composition charmante. Mais aussi, comme ce moulin est élégant dans sa forme rustique\ 2 !
Vers concernés : chant 3, vers 307-308.
Décontextualisés, les alexandrins que Delille associent à la montagne sont ainsi appliqués à un rivage.