La traduction de Brinkman ayant paru en deux livraisons, chacune d'elle a suscité une recension distincte dans l'Algemeene konst- en letterbode. Nous traitons ici du premier compte rendu, publié dès 1802, sans signature1 ; le second, publié en 1803, fait l'objet d'une fiche distincte.
L'article ne porte pas directement sur le chant 3, puisque ce dernier ne sera traduit par Brikman que dans la seconde livraison de son ouvrage. Mais il débute par des considérations générales sur la poésie de la nature.
Nooit voorzeker wydde de Dichtkonst haar penseel aan waardiger voorwerp, dan aan het Land. Hoe verheven het Heldendicht uit zynen aard ook zyn moge, het laat zynen in druk onzeker. Voor het heldhaftige zyn alle gemoederen niet even zeer gestemd. Van daar de zoo verschillende oordeel vellingen, waar by het laudatur ab his: culpatur ab illis; met den meesten nadruk geldt; terwyl de beslissende rechter nog ver te zoeken is. Het vak van Leerdicht behield, tot hier toe, ook zyne enge grenzen, om dat de Mensch en het menschlyk charakter, met alle de betrekkingen en plichten, zoo schaarsch gekend, en nog zeldzamer naar waarde bezongen kan worden, door de mengeling van genoegen en smart, dat zich zoo moeilyk laat aszonderen. Maar het Land is dat groote boek der Natuur, dat voor ieder mensch geöpend ligt, en welk de zoogenoemde onbeschaasde, dikwers, met meer aandacht en gevoel doorleest, dan de geöefende Stedeling: een boek echter, welks taal allen verstaan, welks schoonhe den allen gevoelen, die niet slechts geheel verbasterd zyn. Geen wonder, dat dus de grootste Dichters van alle tyden en volken hunne lier aan de natuur heiligden2.
Le journaliste évoque alors Virgile, Hésiode, etc. puis il indique que Delille ne mérite pas une mince place parmi les poètes contemporains (“Onder de Dichters van den tegenwoordigen tyd, verdient de Fransche Abt Delille geene geringe plaats3”. Non content d'avoir admirablement traduit les Géorgiques, l'écrivain français s'est attaché à produire dans cette lignée sa propre œuvre. Aussi le critique indique-t-il que la littérature batave ne saurait que s'enorgueillir d'en accueillir une traduction, a fortiori en un temps où l'on en est venu à penser que certaines traductions peuvent rivaliser avec l'original. C'est à ce stade qu'il en vient au travail de Brikman (qu'il désigne par son nom d'épouse, Van Streek), pour le présenter de façon extrêmement enthousiaste, puisqu'il estime qu'elle doit se ranger précisément dans cette catégorie. Fait notable, il incite en outre ses lecteurs à lire De Veldeling sur ce mode, parce qu'il estime que tous connaissent déjà L'Homme des champs et en admirent les qualités. Ici, la traduction n'est donc pas conçue comme un outil permettant l'accès au texte d'origine, mais bien plutôt comme une contribution à la gloire de la langue et des lettres nationales.
Maar, hoe veel meer moet onze Bataafsche Dichtkonst zich verheffen, wanneer zy, in waren ernst, getuigen moet, dat eene zoortgelyke vertaling, in eene elyke vaers-maat4, alle de waarde van het oorspronglyke behoudt! Hoe aangenaam moet haar de verrassching zyn, dat ook de vrouwlyke hand zulke edele toonen lokt, en eene Bataafsche Zangster zich in den geheelen geest van den oorspronglyken Dichter, in den waren geest der Natuur zelve, weet intedringen! Zoodanige, althands, komt ons voor de Dichteres Van Streek, die zulk eenen grootschen arbeid ondernomen, en, naar ons oordeel, meesterlyk heeft uitgevoerd. Het is hare arbeid voornaamlyk, waar op wy onze Lezers moeten verzoeken, voor eene wyl tyds, het oog te vestigen: daar het werk van Delille reeds te overbekend, om thands gemeld, en, door het eenparig getuigenis van alle konst minnaars, reeds veel te waardig geöordeeld is, om nog tegen woordig door ons geroemd te worden.5.
Si le journaliste rappelle alors l'ampleur et la variété que Delille a données à son traitement des campagnes, c'est pour louer la manière dont la traductrice a su reproduire ce cheminement et s'ajuster à la diversité des tons, et pour annoncer qu'il va fournir aux lecteurs différents extraits constituant autant de “preuves” de cette fidélité : “Dit zelfde ontwerp wordt, door de voortreflyke vertaalster, hier en daar, tot zelfs naar den letter, gevolgd, en de proeven, die wy daar van aanvoeren, zullen, onzes inziens, ten bewyze, zoo wel van hare kunst-ervarenis, als van onze oordeelvelling, verstrekken6”. On comprend donc que le critique, dans la sélection qui suit, ait choisi de reproduire presque systématiquement les vers originaux, avant de donner leur équivalent chez Brinkman. Il s'adresse, comme il l'a annoncé plus haut, à un public qu'il juge au fait du texte source et auquel il entend donner les moyens d'évaluer précisément la manière dont les vers néerlandais soutiennent la comparaison.
La suite de l'article passe ainsi en revue différents passages des deux premiers chants, en émettant ici et là quelques réserves sur les choix de la traductrice, mais la conclusion est éloquente. Le journaliste juge mal séant de s'appesantir sur les petits défauts d'une œuvre qui a su si bien préserver les beautés de l'original et par là faire honneur aux lettres bataves. Il exprime donc ses vœux de voir Brinkman rapidement publier les deux chants suivants, afin de livrer une traduction intégrale de “l'œuvre de l'immortel Delille” (“het werk van den onsterblyken Delille7