pratetudes

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pratetudes [2019/05/30 16:22] – [Présentation de l'œuvre] Hugues Marchalpratetudes [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-Comme la plupart des historiens de la littérature actifs après 1850, [[prat|Prat]] adopte la **position très critique envers Delille** et son école véhiculée par les critiques romantiques. Il s'inscrit d'emblée et sans ambages dans la lignée de Patin, auteur d'une étude générale sur la poésie didactique[(Voir Henri Patin, "La poésie didactique à ses différens âges", //Revue des deux mondes//, 1848, vol. 21.)] dans laquelle, comme chez Sainte-Beuve, le genre était jugé périmé depuis la fin de l'Antiquité. Mais **s'il juge dès lors que Delille ne peut être abordé que comme un simple versificateur, Prat lui reconnaît encore une maîtrise hors norme en cette matière**.+Comme la plupart des historiens de la littérature actifs après 1850, [[prat|Prat]] adopte la **position très critique envers Delille** et son école véhiculée par les auteurs romantiques. Il s'inscrit d'emblée et sans ambages dans la lignée de Patin, auteur d'une étude générale sur la poésie didactique[(Voir Henri Patin, "La poésie didactique à ses différens âges", //Revue des deux mondes//, 1848, vol. 21.)] dans laquelle, comme chez Sainte-Beuve, le genre était jugé périmé depuis la fin de l'Antiquité. Mais **s'il estime dès lors que Delille doit être abordé comme un simple versificateur, Prat lui reconnaît encore une maîtrise hors norme dans ce domaine**.
  
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-[Après le succès de sa traduction des //Géorgiques// de Virgile, Delille] donna le poëme des //Jardins//, premier anneau d'une longue chaîne de productions analogues. Ici nous reconnaîtrons avec M. Patin qu'il y a deux époques dans la poésie didactique: l'une où elle est vraiment l'institutrice des hommes, l'autre où elle n'enseigne rien, où elle ne veut rien enseigner à personne, où ses leçons, toutes factices, sont un prétexte aux jeux de l'imagination, à l'application de l'art des vers. C'est aux poëtes de cette dernière école que s'applique ce mot si fin de Plutarque, que leur muse, toute prosaïque, n'a de la poésie que le mètre, sorte de char emprunté qui lui sauve la disgrâce d'aller à pied. Vous le voyez, nous ne surfaisons rien. Nous irons même jusqu'à dire que la poésie didactique ainsi comprise rappelle les poëmes alexandrins et ceux d'Ausone sur la chasse, sur la pêche, sur l'astronomie, qu'ils apparaissent ordinairement comme la dernière ressource d'une littérature en détresse. Mais, le fond abandonné, il reste la forme, qui est bien quelque chose dans l'art, et la forme est digne d'admiration chez Delille, qui dans tous ses poëmes s'est montré riche d'esprit, d'agrément, d'élégance, ingénieux, délicat, pur de goût et de style, profondément initié aux secrets de notre versification, et maître de toutes les ressources de la langue poétique[(Henri Prat, //Études littéraires : époque révolutionnaire//, Paris, C. Borrani, 1868, p.197.)].+[Après le succès de sa traduction des //Géorgiques// de Virgile, Delille] donna le poëme des //Jardins//, premier anneau d'une longue chaîne de productions analogues. Ici nous reconnaîtrons avec M. Patin qu'il y a deux époques dans la poésie didactique(nbsp): l'une où elle est vraiment l'institutrice des hommes, l'autre où elle n'enseigne rien, où elle ne veut rien enseigner à personne, où ses leçons, toutes factices, sont un prétexte aux jeux de l'imagination, à l'application de l'art des vers. C'est aux poëtes de cette dernière école que s'applique ce mot si fin de Plutarque, que leur muse, toute prosaïque, n'a de la poésie que le mètre, sorte de char emprunté qui lui sauve la disgrâce d'aller à pied. Vous le voyez, nous ne surfaisons rien. Nous irons même jusqu'à dire que la poésie didactique ainsi comprise rappelle les poëmes alexandrins et ceux d'Ausone sur la chasse, sur la pêche, sur l'astronomie, qu'ils apparaissent ordinairement comme la dernière ressource d'une littérature en détresse. Mais, le fond abandonné, il reste la forme, qui est bien quelque chose dans l'art, et la forme est digne d'admiration chez Delille, qui dans tous ses poëmes s'est montré riche d'esprit, d'agrément, d'élégance, ingénieux, délicat, pur de goût et de style, profondément initié aux secrets de notre versification, et maître de toutes les ressources de la langue poétique[(Henri Prat, //Études littéraires : époque révolutionnaire//, Paris, C. Borrani, 1868, p.(nbsp)197.)].
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 ===== L'Homme des champs ===== ===== L'Homme des champs =====
  
-Les pages que Prat consacre à //L'Homme des champs// ont l'intérêt de souligner que le texte restait profondément **célèbre** à l'époque de son ouvrage:+Les pages que Prat consacre à //L'Homme des champs// ont l'intérêt de souligner que le texte restait profondément **célèbre** à l'époque de son ouvrage(nbsp):
  
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-Prat poursuit ainsi sa présentation des chants:+Prat poursuit ainsi sa présentation des chants(nbsp):
  
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-Au second, le poëte célèbre les miracles de la greffe, l'art avec lequel nous pouvons multiplier nos jouissances en acclimatant chez nous des plantes étrangères, l'art plus utile encore d'utiliser les eaux qui se perdent, ce qui devient un prétexte assez peu agricole pour chanter Riquet et le canal du Midi. Au troisième chant viennent les études que peut faire l'homme bien élevé qui a préféré le séjour de la campagne à celui des villes; les révolutions du globe, les terrains, les formations, les gisements de minéraux, les éruptions volcaniques, les plantes, les insectes, les mœurs des animaux domestiques ou fauves, l'histoire naturelle enfin, depuis la théorie de la terre jusqu'à l'entomologie, voilà le vaste champ parcouru par notre auteur dans une des divisions de son poëme. Il ne pouvait dire tout cela sans songer quelque peu à Buffon, qui avait marqué la nature entière de l'empreinte de son talent, et qui en avait fait en quelque sorte son domaine propre. Quelques vers contiennent un hommage respectueux et une juste critique pour ce grand maître dans l'art d'écrire. On les a moins cités que d'autres, et nous vous les lirons:+Au second, le poëte célèbre les miracles de la greffe, l'art avec lequel nous pouvons multiplier nos jouissances en acclimatant chez nous des plantes étrangères, l'art plus utile encore d'utiliser les eaux qui se perdent, ce qui devient un prétexte assez peu agricole pour chanter Riquet et le canal du Midi. Au troisième chant viennent les études que peut faire l'homme bien élevé qui a préféré le séjour de la campagne à celui des villes(nbsp); les révolutions du globe, les terrains, les formations, les gisements de minéraux, les éruptions volcaniques, les plantes, les insectes, les mœurs des animaux domestiques ou fauves, l'histoire naturelle enfin, depuis la théorie de la terre jusqu'à l'entomologie, voilà le vaste champ parcouru par notre auteur dans une des divisions de son poëme. Il ne pouvait dire tout cela sans songer quelque peu à Buffon, qui avait marqué la nature entière de l'empreinte de son talent, et qui en avait fait en quelque sorte son domaine propre. Quelques vers contiennent un hommage respectueux et une juste critique pour ce grand maître dans l'art d'écrire. On les a moins cités que d'autres, et nous vous les lirons(nbsp):
  
 Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages, Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages,
 \\ Éleva ses fanaux sur l'Océan des âges, \\ Éleva ses fanaux sur l'Océan des âges,
 \\ Et, noble historien de l'antique univers, \\ Et, noble historien de l'antique univers,
-\\ Nous peignit à grands traits ses changements divers;+\\ Nous peignit à grands traits ses changements divers(nbsp);
 \\ Mais il quitta trop peu sa retraite profonde\ ; \\ Mais il quitta trop peu sa retraite profonde\ ;
-\\ Des bosquets de Montbard Buffon jugeait le monde;+\\ Des bosquets de Montbard Buffon jugeait le monde(nbsp);
 \\ A des yeux étrangers se confiant en vain, \\ A des yeux étrangers se confiant en vain,
 \\ Il vit peu par lui-même, et, tel qu'un souverain, \\ Il vit peu par lui-même, et, tel qu'un souverain,