millincompterendumagazinencyclopedique

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millincompterendumagazinencyclopedique [2023/03/10 14:23] – Espaces insécables : pour les pages Timothée Léchotmillincompterendumagazinencyclopedique [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation du texte ===== ===== Présentation du texte =====
  
-Directeur du [[magasinencyclopedique|Magasin encyclopédique]], [[millin|Aubin-Louis Millin]] signe lui-même le **compte rendu** de //L'Homme des champs// que le périodique publie, en deux livraisons, peu après la parution du poème[(Aubin-Louis Millin, "L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises; par Jacques Delille", //Magasin encyclopédique, ou Journal des lettres, des sciences et des arts//, 6e année, t.III, an VIII-1800, p. 51-65 et 145-162.)]. Il s'agit d'**un des articles les plus enthousiastes**.+Directeur du [[magasinencyclopedique|Magasin encyclopédique]], [[millin|Aubin-Louis Millin]] signe lui-même le **compte rendu** de //L'Homme des champs// que le périodique publie, en deux livraisons, peu après la parution du poème[(Aubin-Louis Millin, "L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises(nbsp); par Jacques Delille", //Magasin encyclopédique, ou Journal des lettres, des sciences et des arts//, 6e année, t.(nbsp)III, an VIII-1800, p. 51-65 et 145-162.)]. Il s'agit d'**un des articles les plus enthousiastes**.
  
 ===== Une réception très positive ===== ===== Une réception très positive =====
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-Ce poème étoit attendu dans l'Europe littéraire avec une vive impatience; on en avoit recueilli quelques morceaux qui avoient été communiqués avec précipitation et d'une manière incorrecte. Nous avons souvent parlé de cet ouvrage, d'après les rapports de nos correspondans qui en avoient entendu des lectures[(NDA : "Voy. entr'autre Mag. Encycl., année III, t.III, p.518, suiv année II, t.V, p.(nbsp)140, etc.")]; enfin il paroît, et il justifie le desir empressé qu'on avoit de le posséder. On peut regarder sa lecture comme une des plus douces jouissances qu'un ami du beau, du touchant et de l'honnête, puisse se procurer[(//Id//., p.52.)].</WRAP>+Ce poème étoit attendu dans l'Europe littéraire avec une vive impatience(nbsp); on en avoit recueilli quelques morceaux qui avoient été communiqués avec précipitation et d'une manière incorrecte. Nous avons souvent parlé de cet ouvrage, d'après les rapports de nos correspondans qui en avoient entendu des lectures[(NDA : "Voy. entr'autre Mag. Encycl., année III, t.(nbsp)III, p.(nbsp)518, suiv année II, t.(nbsp)V, p.(nbsp)140, etc.")](nbsp); enfin il paroît, et il justifie le desir empressé qu'on avoit de le posséder. On peut regarder sa lecture comme une des plus douces jouissances qu'un ami du beau, du touchant et de l'honnête, puisse se procurer[(//Id//., p.(nbsp)52.)].</WRAP>
  
 La suite de l'article aborde les différentes sections du livre par ordre de lecture, en examinant la préface puis les quatre chants. Chaque section fait l'objet d'éloges marqués. Même si Millin reprend au fil de son examen certains passages, s'inquiète de contrastes trop marqués et du manque de liaison entre les chants, ou ironise sur les moyens financiers qu'exigerait l'application des conseils de Delille, les expressions comme "modèle, "vrai", "heureuse imitation", "charmante description", "peinture douce", "morceaux de premier ordre", "manière neuve et poétique", "beaux vers", "chef-d'œuvre", "goût", "justesse", etc. abondent sous sa plume. La conclusion du critique reflète son introduction, tout en minimisant la portée des réserves sur l'aspect composite du texte(nbsp): La suite de l'article aborde les différentes sections du livre par ordre de lecture, en examinant la préface puis les quatre chants. Chaque section fait l'objet d'éloges marqués. Même si Millin reprend au fil de son examen certains passages, s'inquiète de contrastes trop marqués et du manque de liaison entre les chants, ou ironise sur les moyens financiers qu'exigerait l'application des conseils de Delille, les expressions comme "modèle, "vrai", "heureuse imitation", "charmante description", "peinture douce", "morceaux de premier ordre", "manière neuve et poétique", "beaux vers", "chef-d'œuvre", "goût", "justesse", etc. abondent sous sa plume. La conclusion du critique reflète son introduction, tout en minimisant la portée des réserves sur l'aspect composite du texte(nbsp):
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 ===== Le troisième chant ===== ===== Le troisième chant =====
  
-L'intérêt de Delille pour les sciences et la modernisation des campagnes devait trouver un écho évidemment favorable dans la revue, que son titre même rattache au **projet encyclopédiste** de diffusion des savoirs et d'interaction forte entre les différentes formes de création. Pourtant, cette proximité ne suffit pas à expliquer la réception enthousiaste de Millin. En réalité, ce dernier n'apprécie pas l'œuvre parce qu'elle aborde les sciences; il **évalue ce rapport aux sciences** de manière contrastée.+L'intérêt de Delille pour les sciences et la modernisation des campagnes devait trouver un écho évidemment favorable dans la revue, que son titre même rattache au **projet encyclopédiste** de diffusion des savoirs et d'interaction forte entre les différentes formes de création. Pourtant, cette proximité ne suffit pas à expliquer la réception enthousiaste de Millin. En réalité, ce dernier n'apprécie pas l'œuvre parce qu'elle aborde les sciences(nbsp); il **évalue ce rapport aux sciences** de manière contrastée.
  
   * **La théorie de la terre**   * **La théorie de la terre**
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 Le critique est plus réservé sur la fin du passage, portant sur Rousseau et la pervenche. Après l'avoir reproduite, il explique que ce texte véhicule deux **erreurs**, botanique et littéraire, et que Delille lui paraît ici inférieur à lui-même(nbsp): Le critique est plus réservé sur la fin du passage, portant sur Rousseau et la pervenche. Après l'avoir reproduite, il explique que ce texte véhicule deux **erreurs**, botanique et littéraire, et que Delille lui paraît ici inférieur à lui-même(nbsp):
  
-<WRAP round box 60%>Cette digression sur la pervenche est froide, parce qu'elle manque de justesse, et qu'elle ne prouve pas ce que l'auteur a avancé. Cette jolie plante, VINCA //major// et //minor//, n'est pas //en nos champs ignorée//, car on la trouve abondamment dans presque toute la France. //Sa fleur n'étoit pas depuis si longtemps desirée par Rousseau//. Il dit lui-même à la quatrième page du sixième livre de ses Confessions, qu'un jour qu'il se promenoit avec sa //maman// (Mme de Warens), elle vit en marchant quelque chose de bleu dans une haie, et dit , //voilà de la pervenche encore en fleur//; qu'il ne jeta pas seulement un coup-d'œil à terre, et que trente ans se passèrent sans qu'il en ait revu ou qu'il y ait fait attention. Mais un jour qu'il commençoit à herboriser chez son ami du Peyrou, il poussa un cri de joie, en disant, //Ah ! voilà de la pervenche//. Du Peyrou ignoroit la cause de ce transport. "Il l'apprendra, j'espère, ajoute Rousseau , quand il relira ceci." Ce transport ne venoit donc point de ce qu'il revoyoit une fleur i longtemps desirée, mais de ce que ce hasard inattendu rappeloit à son ame vive et sensible une expression de madame de Warens, le son de sa voix, et une circonstance de ses promenades. Ainsi, le reste de cette tirade devient emphatique et déplacé. L'épisode de Potaveri, dans le poème des Jardins, reconnoissant dans le jardin botanique, le bananier qui lui rappelle son pays, est tracé d'une manière plus juste et plus vraie, et par conséquent plus intéressante[(//Id//., p.(nbsp)151-152.)].</WRAP>+<WRAP round box 60%>Cette digression sur la pervenche est froide, parce qu'elle manque de justesse, et qu'elle ne prouve pas ce que l'auteur a avancé. Cette jolie plante, VINCA //major// et //minor//, n'est pas //en nos champs ignorée//, car on la trouve abondamment dans presque toute la France. //Sa fleur n'étoit pas depuis si longtemps desirée par Rousseau//. Il dit lui-même à la quatrième page du sixième livre de ses Confessions, qu'un jour qu'il se promenoit avec sa //maman// (Mme de Warens), elle vit en marchant quelque chose de bleu dans une haie, et dit , //voilà de la pervenche encore en fleur//(nbsp); qu'il ne jeta pas seulement un coup-d'œil à terre, et que trente ans se passèrent sans qu'il en ait revu ou qu'il y ait fait attention. Mais un jour qu'il commençoit à herboriser chez son ami du Peyrou, il poussa un cri de joie, en disant, //Ah ! voilà de la pervenche//. Du Peyrou ignoroit la cause de ce transport. "Il l'apprendra, j'espère, ajoute Rousseau , quand il relira ceci." Ce transport ne venoit donc point de ce qu'il revoyoit une fleur i longtemps desirée, mais de ce que ce hasard inattendu rappeloit à son ame vive et sensible une expression de madame de Warens, le son de sa voix, et une circonstance de ses promenades. Ainsi, le reste de cette tirade devient emphatique et déplacé. L'épisode de Potaveri, dans le poème des Jardins, reconnoissant dans le jardin botanique, le bananier qui lui rappelle son pays, est tracé d'une manière plus juste et plus vraie, et par conséquent plus intéressante[(//Id//., p.(nbsp)151-152.)].</WRAP>
  
 Vers cités(nbsp): [[chant3#v435|chant 3, vers 435-444]]. Vers cités(nbsp): [[chant3#v435|chant 3, vers 435-444]].