guinguenecompterendudecade

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guinguenecompterendudecade [2023/03/10 14:39] – Espaces insécables : pour les points d'exclamation Timothée Léchotguinguenecompterendudecade [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-La [[decadephilosophique|Décade philosophique]], qui avait déjà publié certains extraits de //L'Homme des champs// en amont de la parution, est l'une des plus prestigieuses revues de l'après Révolution. Le long compte rendu qu'elle consacre au poème est signé par [[guinguene|Ginguené]]. Il se déploie sur deux articles successifs[(Pierre-Louis Ginguené, "//L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises//, par Jacques Delille", //La Décade philosophique//, an VIII-1800 – premier "extrait"(nbsp): 4e trimestre, n°36, 30 fructidor, p.(nbsp)526-546(nbsp);  deuxième "extrait"(nbsp): an IX-1800, 1er trimestre, n°1, 10 vendémiaire, p.(nbsp)29-49.)].+La [[decadephilosophique|Décade philosophique]], qui avait déjà publié certains extraits de //L'Homme des champs// en amont de la parution, est l'une des plus prestigieuses revues de l'après Révolution. Le long compte rendu qu'elle consacre au poème est signé par [[guinguene|Ginguené]]. Il se déploie sur deux articles successifs[(Pierre-Louis Ginguené, "//L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises//, par Jacques Delille", //La Décade philosophique//, an VIII-1800 – premier "extrait"(nbsp): 4e trimestre, n°(nbsp)36, 30 fructidor, p.(nbsp)526-546(nbsp);  deuxième "extrait"(nbsp): an IX-1800, 1er trimestre, n°(nbsp)1, 10 vendémiaire, p.(nbsp)29-49.)].
  
 Mêlant **louanges et critiques**, cette lecture attaque sévèrement nombre des choix de Delille, depuis l'ordonnance des chants (que Ginguené propose de réordonner) jusqu'au style, mais le critique n'en conclut pas moins que les "beautés" dominent. Mêlant **louanges et critiques**, cette lecture attaque sévèrement nombre des choix de Delille, depuis l'ordonnance des chants (que Ginguené propose de réordonner) jusqu'au style, mais le critique n'en conclut pas moins que les "beautés" dominent.
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 <tab>Cet ouvrage était attendu avec impatience. Sa publication est dans les Lettres la nouvelle la plus importante qu'il y ait eu depuis long-tems. S'il eût été reçu avec indifférence, c'eût été le signe le moins équivoque d'une véritable décadence littéraire, qu'assez d'autres signes font craindre. Mais celui-là du moins n'existe pas(nbsp); tout le monde s'occupe de l'//Homme des Champs//(nbsp): il faut, pour être au courant de toutes les conversations, ou l'avoir lu, ou le lire, et pouvoir, bien ou mal, en dire son avis. <tab>Cet ouvrage était attendu avec impatience. Sa publication est dans les Lettres la nouvelle la plus importante qu'il y ait eu depuis long-tems. S'il eût été reçu avec indifférence, c'eût été le signe le moins équivoque d'une véritable décadence littéraire, qu'assez d'autres signes font craindre. Mais celui-là du moins n'existe pas(nbsp); tout le monde s'occupe de l'//Homme des Champs//(nbsp): il faut, pour être au courant de toutes les conversations, ou l'avoir lu, ou le lire, et pouvoir, bien ou mal, en dire son avis.
 \\ <tab>Ce qui est sans difficulté comme sans inconvénient dans un cercle, n'est pas tout-à-fait ainsi dans un journal connu par son impartialité, par son attachement aux vrais principes qui ont fait la gloire du Parnasse français, et à ce qui nous reste encore de cette gloire. Un avis y est un jugement, d'autant plus délicat pour celui qui le porte, qu'il n'a pas la présomption de le croire sans appel, et qu'il ne peut ignorer que le Public prononce en dernier ressort, et sur le jugement et sur l'ouvrage. \\ <tab>Ce qui est sans difficulté comme sans inconvénient dans un cercle, n'est pas tout-à-fait ainsi dans un journal connu par son impartialité, par son attachement aux vrais principes qui ont fait la gloire du Parnasse français, et à ce qui nous reste encore de cette gloire. Un avis y est un jugement, d'autant plus délicat pour celui qui le porte, qu'il n'a pas la présomption de le croire sans appel, et qu'il ne peut ignorer que le Public prononce en dernier ressort, et sur le jugement et sur l'ouvrage.
-Mais cette considération, toujours imposante, ne doit effrayer réellement que la prévention, l'esprit de parti, l'envie de nuire(nbsp); pour le critique étranger à toute autre passion qu'à celle du vrai, aussi sincère admirateur des beautés qu'ennemi des défauts, et qui sait, même en n'admirant pas tout dans un Poëme, les égards qui sont dus à la grande réputation du Poëte, cette considération n'est point un obstacle, elle est même un encouragement. Je m'expliquerai donc librement sur le Poéme de l'Homme des Champs. Mon opinion sur l'Auteur n'est pas suspecte. Je l'ai professée assez hautement et dans de faibles vers[(NDA(nbsp): Dans des stances à François (de Neufchâteau) sur la Poëme des Vosges.)] et dans le sein de l'1nstitut national. Je le regarde comme l'un des deux plus grands talens poétiques dont la France peut encore s'honorer. Malgré son obstination à ne pas rentrer dans une patrie où l'on s'obstine toujours à le rappeler, où depuis six ans il aurait vécu non-seulement tranquille, mais considéré comme il mérite de l'être(nbsp); où il eût réparé des malheurs causés par deux ans de barbarie, dont enfin il n'a pas seul été victime, et qu'il n'est pas plus juste et plus raisonnable de regarder, depuis ces six ans, comme l'état permanent de la France, qu'il ne le serait de regarder un incendie ou un écroulement comme l'état permanent d'une maison qui depuis ce tems serait rebâtie et logeable(nbsp); malgré cette injustice de Delille, et quelque part qu'il ait fixé sa retraite, au moment où il publie des vers, c'est toujours nous que leur succès intéresse(nbsp); leurs beautés seront toujours une de nos richesses, une de nos propriétés nationales(nbsp); et quoiqu'une partie de leurs défauts tienne peut-être cette fois à son éloignement même, et ne puisse par conséquent être reprochée à l'influence du goût français, c'est encore à nous cependant qu'il importe que ces taches légères d'un si beau talent disparaissent(nbsp); c'est donc pour tout homme de lettres, soigneux de la gloire de sa patrie, un devoir de les observer, de les dénoncer à l'Auteur lui-même, de l'inviter, au nom de sa gloire, à les reconnaître, à les effacer[(Art. cit., //La Décade philosophique//, an VIII-1800, 4e trimestre, n°36, 30 fructidor, p.(nbsp)526-527.)].+Mais cette considération, toujours imposante, ne doit effrayer réellement que la prévention, l'esprit de parti, l'envie de nuire(nbsp); pour le critique étranger à toute autre passion qu'à celle du vrai, aussi sincère admirateur des beautés qu'ennemi des défauts, et qui sait, même en n'admirant pas tout dans un Poëme, les égards qui sont dus à la grande réputation du Poëte, cette considération n'est point un obstacle, elle est même un encouragement. Je m'expliquerai donc librement sur le Poéme de l'Homme des Champs. Mon opinion sur l'Auteur n'est pas suspecte. Je l'ai professée assez hautement et dans de faibles vers[(NDA(nbsp): Dans des stances à François (de Neufchâteau) sur la Poëme des Vosges.)] et dans le sein de l'1nstitut national. Je le regarde comme l'un des deux plus grands talens poétiques dont la France peut encore s'honorer. Malgré son obstination à ne pas rentrer dans une patrie où l'on s'obstine toujours à le rappeler, où depuis six ans il aurait vécu non-seulement tranquille, mais considéré comme il mérite de l'être(nbsp); où il eût réparé des malheurs causés par deux ans de barbarie, dont enfin il n'a pas seul été victime, et qu'il n'est pas plus juste et plus raisonnable de regarder, depuis ces six ans, comme l'état permanent de la France, qu'il ne le serait de regarder un incendie ou un écroulement comme l'état permanent d'une maison qui depuis ce tems serait rebâtie et logeable(nbsp); malgré cette injustice de Delille, et quelque part qu'il ait fixé sa retraite, au moment où il publie des vers, c'est toujours nous que leur succès intéresse(nbsp); leurs beautés seront toujours une de nos richesses, une de nos propriétés nationales(nbsp); et quoiqu'une partie de leurs défauts tienne peut-être cette fois à son éloignement même, et ne puisse par conséquent être reprochée à l'influence du goût français, c'est encore à nous cependant qu'il importe que ces taches légères d'un si beau talent disparaissent(nbsp); c'est donc pour tout homme de lettres, soigneux de la gloire de sa patrie, un devoir de les observer, de les dénoncer à l'Auteur lui-même, de l'inviter, au nom de sa gloire, à les reconnaître, à les effacer[(Art. cit., //La Décade philosophique//, an VIII-1800, 4e trimestre, n°(nbsp)36, 30 fructidor, p.(nbsp)526-527.)].
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 ===== Remarques sur la préface ===== ===== Remarques sur la préface =====
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 \\ <tab>De mon sobre diner solliciter ta part(nbsp);  \\ <tab>De mon sobre diner solliciter ta part(nbsp); 
  
-Ce tems présent déroute l'esprit, et voilà que l'on croit Raton vivante(nbsp): tant le défaut d'ordre et de suite se fait sentir jusque dans les plus petites parties de ce Poème[(Art. cit., //La Décade philosophique//, an IX-1800, 1er trimestre, n°1, 10 vendémiaire, p.(nbsp)29-34.)].+Ce tems présent déroute l'esprit, et voilà que l'on croit Raton vivante(nbsp): tant le défaut d'ordre et de suite se fait sentir jusque dans les plus petites parties de ce Poème[(Art. cit., //La Décade philosophique//, an IX-1800, 1er trimestre, n°(nbsp)1, 10 vendémiaire, p.(nbsp)29-34.)].
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