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-<tab>M. l'abbé Delille, après ces Discours, nous a lu les deux derniers chants d'un Poème sur les plaisirs de la vie champêtre, l'art de peindre la nature en vers et celui d'en jouir. L'art de l'embellir sera le sujet de son premier chant[(Le verbe //peindre// renvoie assez bien au chant 4 de //L'Homme des champs//, et l'idée de //jouissance// à tout le volume. En revanche, l'acte d'//embellir// convient mieux aux //Jardins//.)]. Cet ouvrage a paru manquer d'idées, d'ensemble; la marche n'en est pas assez poétique, et par-là même assez peu intéressante; mais les détails en sont charmans, plusieurs tableaux d'une grande richesse, et des vers d'une facture admirable. On a beaucoup disputé sur ces deux-ci(nbsp):+<tab>M. l'abbé Delille, après ces Discours, nous a lu les deux derniers chants d'un Poème sur les plaisirs de la vie champêtre, l'art de peindre la nature en vers et celui d'en jouir. L'art de l'embellir sera le sujet de son premier chant[(Le verbe //peindre// renvoie assez bien au chant 4 de //L'Homme des champs//, et l'idée de //jouissance// à tout le volume. En revanche, l'acte d'//embellir// convient mieux aux //Jardins//.)]. Cet ouvrage a paru manquer d'idées, d'ensemble(nbsp); la marche n'en est pas assez poétique, et par-là même assez peu intéressante(nbsp); mais les détails en sont charmans, plusieurs tableaux d'une grande richesse, et des vers d'une facture admirable. On a beaucoup disputé sur ces deux-ci(nbsp):
  
 <tab>Je veux qu'un tendre ami, peuplant ma solitude,  <tab>Je veux qu'un tendre ami, peuplant ma solitude, 
 \\ <tab>M'enlève doucement aux douceurs de l'étude.  \\ <tab>M'enlève doucement aux douceurs de l'étude. 
  
-<tab>L'expression //peuplant//, à force de vouloir être énergique, pourrait bien n'être ni juste ni agréable; //doucement aux douceurs// sent la recherche et la manière[(Dans la version finale de //L'Homme des champs//, les vers commentés ici apparaissent dans le chant 1, sous la forme "Mais c’est peu des beaux lieux, des beaux jours, de l’étude; /  Je veux que l’amitié, peuplant ma solitude, / Me donne ses plaisirs et partage les miens". Les discussions auxquelles fait allusion l'article auront donc conduit Delille à renoncer à la séquence "doucement aux douceurs" et à l'image d'un unique ami suffisant à faire "peuple" (une idée qui fera la fortune du vers de Lamartine, "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé"). – Le premier vers est encore commenté par Laharpe dans sa //Correspondance littéraire adressée à son altesse Mgr. le Grand-Duc […] de Russie//, où le critique dit "n'aime[r] point cette expression, quoiqu'elle ait été fort applaudie" ([[https://books.google.ch/books?id=taJeAAAAcAAJ&pg=PA27#v=onepage&q&f=false|lien]]).)].+<tab>L'expression //peuplant//, à force de vouloir être énergique, pourrait bien n'être ni juste ni agréable(nbsp); //doucement aux douceurs// sent la recherche et la manière[(Dans la version finale de //L'Homme des champs//, les vers commentés ici apparaissent dans le chant 1, sous la forme "Mais c’est peu des beaux lieux, des beaux jours, de l’étude(nbsp); /  Je veux que l’amitié, peuplant ma solitude, / Me donne ses plaisirs et partage les miens". Les discussions auxquelles fait allusion l'article auront donc conduit Delille à renoncer à la séquence "doucement aux douceurs" et à l'image d'un unique ami suffisant à faire "peuple" (une idée qui fera la fortune du vers de Lamartine, "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé"). – Le premier vers est encore commenté par Laharpe dans sa //Correspondance littéraire adressée à son altesse Mgr. le Grand-Duc […] de Russie//, où le critique dit "n'aime[r] point cette expression, quoiqu'elle ait été fort applaudie" ([[https://books.google.ch/books?id=taJeAAAAcAAJ&pg=PA27#v=onepage&q&f=false|lien]]).)].
  
 <tab>La présence de M. le duc de Choiseul a fait applaudir à deux reprises le vers <tab>La présence de M. le duc de Choiseul a fait applaudir à deux reprises le vers
  
-<tab>Choiseul est agricole, et Voltaire est fermier[(Cet alexandrin, qui semble se rattacher par son thème au chant 2, consacré aux plaisirs de l'agriculteur (sens, ici, du mot //agricole//), est cette fois entièrement absent du poème final. Mais la formule fit couler beaucoup d'encre, ce qui lui permit de passer à la postérité. Voltaire l'évoque avec quelque ironie le 23 mars 775, dans une lettre au chevalier de Lisle(nbsp): "J'ai beaucoup d'obligation à monsieur l'abbé qui porte votre nom, d'avoir dit(nbsp): //Choiseul est agricole et Voltaire est fermier//. Il semble, par ce vers, que je sois le fermier de M. le duc de Choiseul. Plût à Dieu que je le fusse […]. Je tiens la condition de son fermier pour une des meilleures de ce monde, et je l'aimerais beaucoup mieux que celle de fermier-général". Puis le même Voltaire fait circuler, fin 1775, une épître qu'il attribue à un certain Laffichard et où il regrette(nbsp): "Le bonheur nous appelle, et fuit devant nos pas(nbsp): / Sous le dais, sous le chaume, il trompe notre vie. / C'est en vain qu'on a dit en pleine académie(nbsp): / //Choiseul est agricole, et Voltaire est fermier//; / L'art qui nourrit le monde est un méchant métier" (//Le Temps présent//, in //Œuvres complètes de Voltaire//, Paris, Garnier, vol.10, p.(nbsp)207-208).)].+<tab>Choiseul est agricole, et Voltaire est fermier[(Cet alexandrin, qui semble se rattacher par son thème au chant 2, consacré aux plaisirs de l'agriculteur (sens, ici, du mot //agricole//), est cette fois entièrement absent du poème final. Mais la formule fit couler beaucoup d'encre, ce qui lui permit de passer à la postérité. Voltaire l'évoque avec quelque ironie le 23 mars 775, dans une lettre au chevalier de Lisle(nbsp): "J'ai beaucoup d'obligation à monsieur l'abbé qui porte votre nom, d'avoir dit(nbsp): //Choiseul est agricole et Voltaire est fermier//. Il semble, par ce vers, que je sois le fermier de M. le duc de Choiseul. Plût à Dieu que je le fusse […]. Je tiens la condition de son fermier pour une des meilleures de ce monde, et je l'aimerais beaucoup mieux que celle de fermier-général". Puis le même Voltaire fait circuler, fin 1775, une épître qu'il attribue à un certain Laffichard et où il regrette(nbsp): "Le bonheur nous appelle, et fuit devant nos pas(nbsp): / Sous le dais, sous le chaume, il trompe notre vie. / C'est en vain qu'on a dit en pleine académie(nbsp): / //Choiseul est agricole, et Voltaire est fermier//(nbsp); / L'art qui nourrit le monde est un méchant métier" (//Le Temps présent//, in //Œuvres complètes de Voltaire//, Paris, Garnier, vol.(nbsp)10, p.(nbsp)207-208).)].
  
-<tab>Mais la distinction de l'agricole et du fermier n'en est pas pour cela plus ingénieuse[(//Correspondance littéraire, philosophique et critique…// [février 1775], Troisième partie, t.I, Paris, Buisson, 1813, p.47-48.)].+<tab>Mais la distinction de l'agricole et du fermier n'en est pas pour cela plus ingénieuse[(//Correspondance littéraire, philosophique et critique…// [février 1775], Troisième partie, t.(nbsp)I, Paris, Buisson, 1813, p.(nbsp)47-48.)].
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