| Prochaine révision | Révision précédente |
| chaixpreoccupations [2018/08/19 15:02] – créée Hugues Marchal | chaixpreoccupations [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
|---|
| ===== Citation ===== | ===== Citation ===== |
| |
| //L'Homme des champs// est convoqué, avec d'autres poèmes, dans le premier chapitre, "De la physionomie du pays", dans le cadre d'une méditation de l'impact des hauts reliefs sur les pensées humaines. Chaix propose de trouver dans l'altitude la **cause physique des sentiments élevés** qui, à l'en croire et ainsi que le confirment selon lui les poètes, assaillent l'homme dans de telles contrées. Au passage, Chaix se présente comme un disciple de **Fourier**, aux théories duquel il renvoie avec insistance. | //L'Homme des champs// est convoqué, avec d'autres poèmes, dans le premier chapitre, "De la physionomie du pays", dans le cadre d'une méditation de l'impact des hauts reliefs sur les pensées humaines. Chaix propose de trouver dans l'altitude la **cause physique des sentiments élevés** qui, à l'en croire et ainsi que le confirment selon lui les poètes, assaillent l'homme dans de telles contrées. |
| |
| <WRAP round box 60%> | <WRAP round box 60%> |
| <tab>Du sommet de nos monolytes quand on n'est pas enveloppé de nuages, en vue d'un réseau immense d'arêtes de montagnes, se croisant bizarrement, surmontées de pics glacés, quels tableaux\ ! celui d'une houle de vagues gigantesques spontanément solidifiées et offrant encore toutes les scènes des convulsions qui ont produit leur élévation, là où le géologue semble entendre le bruit sourd des dislocations de l'élancement des blocs erratiques. | <tab>Du sommet de nos monolytes quand on n'est pas enveloppé de nuages, en vue d'un réseau immense d'arêtes de montagnes, se croisant bizarrement, surmontées de pics glacés, quels tableaux(nbsp)! celui d'une houle de vagues gigantesques spontanément solidifiées et offrant encore toutes les scènes des convulsions qui ont produit leur élévation, là où le géologue semble entendre le bruit sourd des dislocations de l'élancement des blocs erratiques. |
| \\ <tab>Au dernier degré de l'échelle des climats, on se sent aussi mentalement que physiquement surmonté, et cherche-t-on vainement à exprimer ses idées transcendantes, qui s'évanouissent comme de légers songes, si on ne les note à la volée\ ; aussi que nous en reste-t-il\ ? le souvenir que le ciel, la terre, le monde nous apparaît autrement que dans les rides de la terre\ ; que ça-haut les inspirations qui nous affectent semblent venir du ciel et nous démontrent que la société est organisée à rebours de la destinée humaine, qu'il n'y a que sottises ou crimes là-bas, au milieu des orgueilleuses et éphémères grandeurs\ ; d'autels non profanés que ceux qui dominent notre altière contrée, d'où sont descendus […] les premiers déistes , au moins les premiers évangélistes, nos ascendans, Autachtones, Cottiens, Caturiges et Voconces. | \\ <tab>Au dernier degré de l'échelle des climats, on se sent aussi mentalement que physiquement surmonté, et cherche-t-on vainement à exprimer ses idées transcendantes, qui s'évanouissent comme de légers songes, si on ne les note à la volée(nbsp); aussi que nous en reste-t-il(nbsp)? le souvenir que le ciel, la terre, le monde nous apparaît autrement que dans les rides de la terre(nbsp); que ça-haut les inspirations qui nous affectent semblent venir du ciel et nous démontrent que la société est organisée à rebours de la destinée humaine, qu'il n'y a que sottises ou crimes là-bas, au milieu des orgueilleuses et éphémères grandeurs(nbsp); d'autels non profanés que ceux qui dominent notre altière contrée, d'où sont descendus […] les premiers déistes, au moins les premiers évangélistes, nos ascendans, Autachtones, Cottiens, Caturiges et Voconces. |
| \\ <tab>Ces sentiments qu'on [//sic//] éprouve bien que sur nos grandes altitudes, proviennent sans doute un peu de la vue, qui présente tout petit ce qu'on voit à ses pieds, et inspire le dédain\ ; mais il n'est pas douteux que dans cet air ravissant du berceau de l'homme, la pensée n'y soit plus lucide, la vitalité plus forte\ ; que c'est là où l'on se trouve en harmonie, le plus disposé a une rénovation sociale et disciple de Charles Fourier, en perspective de riches tableaux pour le poëte, pour le peintre et le phalanstérien. | \\ <tab>Ces sentiments qu'on [//sic//] éprouve bien que sur nos grandes altitudes, proviennent sans doute un peu de la vue, qui présente tout petit ce qu'on voit à ses pieds, et inspire le dédain(nbsp); mais il n'est pas douteux que dans cet air ravissant du berceau de l'homme, la pensée n'y soit plus lucide, la vitalité plus forte(nbsp); que c'est là où l'on se trouve en harmonie, le plus disposé a une rénovation sociale et disciple de Charles Fourier[(Le philosophe et utopiste Charles Fourier (1772-1837), promoteur des phalanstères.)], en perspective de riches tableaux pour le poëte, pour le peintre et le phalanstérien. |
| \\ <tab>C'est ainsi, au milieu des plus terribles aspérités de la zône des antilopes[(Les chamois.)], que le sage peut reposer son cœur, que l'imagination s'agrandit, que l'âme s'épure dans l'air radical de nos //condors//, que l'homme qui pense retrouve sa dignité primaire, peut rire des méchants, et que //Delisle// a pu dire\ : | \\ <tab>C'est ainsi, au milieu des plus terribles aspérités de la zône des antilopes[(Les chamois.)], que le sage peut reposer son cœur, que l'imagination s'agrandit, que l'âme s'épure dans l'air radical de nos //condors//, que l'homme qui pense retrouve sa dignité primaire, peut rire des méchants, et que //Delisle// a pu dire(nbsp): |
| |
| <tab>"Non jamais, au milieu de ces grands phénomènes, | <tab>"Non jamais, au milieu de ces grands phénomènes, |
| \\ <tab>"De ces tableaux touchants , de ces terribles scènes, | \\ <tab>"De ces tableaux touchants, de ces terribles scènes, |
| \\ <tab>"L'imagination ne laissa dans ces lieux, | \\ <tab>"L'imagination ne laissa dans ces lieux, |
| \\ <tab>"Ou languir la pensée ou reposer les yeux." | \\ <tab>"Ou languir la pensée ou reposer les yeux." |
| |
| <tab>De ces points M. //Albert Montemont// s'est écrié\ : | <tab>De ces points M. //Albert Montemont// s'est écrié(nbsp): |
| \\ <tab><tab>"Adorateurs de la nature, | \\ <tab><tab>"Adorateurs de la nature, |
| \\ <tab><tab>"En ces climats accourez tous\ ! | \\ <tab><tab>"En ces climats accourez tous(nbsp)! |
| \\ <tab><tab>"Fuyez les méchants, les jaloux, | \\ <tab><tab>"Fuyez les méchants, les jaloux, |
| \\ <tab><tab>"Pétris de fiel et d'imposture , | \\ <tab><tab>"Pétris de fiel et d'imposture, |
| \\ <tab><tab>"Venez ! accourez ! avec nous, | \\ <tab><tab>"Venez ! accourez ! avec nous, |
| \\ <tab><tab>"Enfants de la docte peinture , | \\ <tab><tab>"Enfants de la docte peinture, |
| \\ <tab>"Nouveaux Buffons, amants de la nature, | \\ <tab>"Nouveaux Buffons, amants de la nature, |
| \\ <tab>"Jeunes savants, que le beau sens enflamme, | \\ <tab>"Jeunes savants, que le beau sens enflamme, |
| \\ <tab>"Venez ici ! nourrir et vos yeux et votre âme." | \\ <tab>"Venez ici ! nourrir et vos yeux et votre âme." |
| |
| <tab>Feu M. Daru , sur le Saint-Gothard , dit : | <tab>Feu M. Daru, sur le Saint-Gothard, dit : |
| \\ <tab>"L'homme se croit alors un nouvel être, | \\ <tab>"L'homme se croit alors un nouvel être, |
| \\ <tab><tab>"Citoyens [//sic//] de ces déserts, | \\ <tab><tab>"Citoyens [//sic//] de ces déserts, |
| \\ <tab>L'homme frivole, seul, ne saurait qu'y bailler[(Barthélémy Chaix, //Préoccupations statistiques, géographiques, pittoresques et synoptiques du Département des Hautes-Alpes//, Grenoble, typogr. de F. Allier, 1845, p. 31-34.)].</WRAP> | \\ <tab>L'homme frivole, seul, ne saurait qu'y bailler[(Barthélémy Chaix, //Préoccupations statistiques, géographiques, pittoresques et synoptiques du Département des Hautes-Alpes//, Grenoble, typogr. de F. Allier, 1845, p. 31-34.)].</WRAP> |
| |
| \\ Vers concernés : [[chant3#v3519|chant 3, vers 351-354]]. | \\ Vers concernés : [[chant3#v351|chant 3, vers 351-354]]. |
| |
| | Au passage, Chaix se présente, on le voit, comme un disciple de **Charles Fourier**, aux théories duquel il renvoie avec insistance[(Chaix discute notamment ses théories de l'association, p.(nbsp)749, en accusant les économistes de les méconnaître. Or Fourier a consacré l'une de ses rares critiques littéraires à //L'Homme des champs//, précisément dans le "post-logue" de son //Traité de l'association domestique-agricole// (Paris, Bossange et Mongie, 1822, t. II, p. 617-630), où il propose une analyse exclusivement assise sur le chant I du poème, pour dénoncer l'inanité des théories politiques et économiques de Delille ([[https://books.google.ch/books?id=aAo-AAAAcAA|lien vers l'ouvrage]]). Il y aurait donc lieu de se demander si Chaix a pu chercher, dans ce passage, à nuancer la condamnation du philosophe, à partir d'un extrait d'une autre partie du texte.)]. |
| |
| ===== Liens externes ===== | ===== Liens externes ===== |