boucharlatcours

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
boucharlatcours [2023/03/10 14:24] – Espaces insécables : pour les pages Timothée Léchotboucharlatcours [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
Ligne 8: Ligne 8:
 Le second tome du //Cours//, dédié à la poésie, commence par un chapitre sur les "Poëmes de J. Delille, sur les agrémens de la vie rurale". Ce chapitre consacre deux sections distinctes à //L'Homme des champs// et aux //Jardins//. Le chapitre suivant porte sur les "Poëmes descriptifs de J. Delille", à savoir //L'Imagination// et //Les Trois Règnes de la nature//. Viennent ensuite les "Traductions de J. Delille", //Le Paradis perdu// de Milton, //L'Énéide// et //Les Géorgiques// de Virgile. L'ensemble forme une dissertation de **trois cents pages sur la poésie de Delille**, soit près des deux tiers du volume, révélant la place importante −\ ici presque écrasante\ − que le poète occupe en 1826 dans le canon. Le second tome du //Cours//, dédié à la poésie, commence par un chapitre sur les "Poëmes de J. Delille, sur les agrémens de la vie rurale". Ce chapitre consacre deux sections distinctes à //L'Homme des champs// et aux //Jardins//. Le chapitre suivant porte sur les "Poëmes descriptifs de J. Delille", à savoir //L'Imagination// et //Les Trois Règnes de la nature//. Viennent ensuite les "Traductions de J. Delille", //Le Paradis perdu// de Milton, //L'Énéide// et //Les Géorgiques// de Virgile. L'ensemble forme une dissertation de **trois cents pages sur la poésie de Delille**, soit près des deux tiers du volume, révélant la place importante −\ ici presque écrasante\ − que le poète occupe en 1826 dans le canon.
  
-Dans la section sur //L'Homme des champs//, Boucharlat présente la poésie didactique du 18/^e^/ siècle comme une conséquence du dégoût du public français pour l'épopée, dégoût qui se combine avec "l'influence des idées scientifiques[(Jean-Louis Boucharlat, //Cours de littérature, faisant suite au Lycée de La Harpe; Par J.-L. Boucharlat, Membre des Académies royales de Bordeaux, de Lyon, de Marseille, de Rouen, de Toulouse, et de plusieurs autres Académies et Sociétés littéraires//, Paris, Brunot-Labbe, 1826, t.2, p.4.)]". Au moment d'aborder le poème de Delille, Boucharlat recourt à un //topos// de la critique(nbsp): comparer les mérites respectifs de Saint-Lambert et de Delille, le plus souvent à l'avantage de celui-ci. Moins qu'au projet didactique des poètes, le critique s'intéresse **au style et au maniement de la versification**. La supériorité de Delille se manifeste notamment dans le morceau, très commenté, du troisième chant sur son chat Raton(nbsp):+Dans la section sur //L'Homme des champs//, Boucharlat présente la poésie didactique du 18/^e^/ siècle comme une conséquence du dégoût du public français pour l'épopée, dégoût qui se combine avec "l'influence des idées scientifiques[(Jean-Louis Boucharlat, //Cours de littérature, faisant suite au Lycée de La Harpe(nbsp); Par J.-L. Boucharlat, Membre des Académies royales de Bordeaux, de Lyon, de Marseille, de Rouen, de Toulouse, et de plusieurs autres Académies et Sociétés littéraires//, Paris, Brunot-Labbe, 1826, t.(nbsp)2, p.(nbsp)4.)]". Au moment d'aborder le poème de Delille, Boucharlat recourt à un //topos// de la critique(nbsp): comparer les mérites respectifs de Saint-Lambert et de Delille, le plus souvent à l'avantage de celui-ci. Moins qu'au projet didactique des poètes, le critique s'intéresse **au style et au maniement de la versification**. La supériorité de Delille se manifeste notamment dans le morceau, très commenté, du troisième chant sur son chat Raton(nbsp):
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-Dans de semblables morceaux [semblables à la peinture du magister de village], ce sont les effets qu'on doit principalement considérer; et il faut avouer que l'auteur les a rendus avec un talent supérieur. Ils sont encore portés fort loin dans cette apothéose de son chat(nbsp):\\+Dans de semblables morceaux [semblables à la peinture du magister de village], ce sont les effets qu'on doit principalement considérer(nbsp); et il faut avouer que l'auteur les a rendus avec un talent supérieur. Ils sont encore portés fort loin dans cette apothéose de son chat(nbsp):\\
 \\ \\
 <tab>Mais si quelque oiseau cher, un chien, ami fidèle,\\ <tab>Mais si quelque oiseau cher, un chien, ami fidèle,\\
Ligne 26: Ligne 26:
 <tab>Et la plume et la main qui t'adressa ces vers.\\ <tab>Et la plume et la main qui t'adressa ces vers.\\
 \\ \\
-<tab>Ce morceau appartient au genre de Boileau, pour la manière dont tous les traits en sont caractérisés, et à celui de Voltaire, pour ce ton léger et badin, qui donne tant de grâce au style; mais ces expressions communes, //on veut le voir//, //je veux te voir//, si près l'une de l'autre, sont des négligences[(//Id.//, p.(nbsp)22-23.)].+<tab>Ce morceau appartient au genre de Boileau, pour la manière dont tous les traits en sont caractérisés, et à celui de Voltaire, pour ce ton léger et badin, qui donne tant de grâce au style(nbsp); mais ces expressions communes, //on veut le voir//, //je veux te voir//, si près l'une de l'autre, sont des négligences[(//Id.//, p.(nbsp)22-23.)].
 </WRAP> </WRAP>
  
Ligne 36: Ligne 36:
 Ainsi nous éprouvons un sentiment profond de retour sur nous-mêmes, lorsque, fouillant dans les entrailles de la terre, il [Delille] nous montre\\ Ainsi nous éprouvons un sentiment profond de retour sur nous-mêmes, lorsque, fouillant dans les entrailles de la terre, il [Delille] nous montre\\
 \\ \\
-<tab>Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques;\\+<tab>Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques(nbsp);\\
 <tab>Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés,\\ <tab>Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés,\\
 <tab>D'hommes qui semblent vivre encor tout habités(nbsp):\\ <tab>D'hommes qui semblent vivre encor tout habités(nbsp):\\
Ligne 47: Ligne 47:
 <tab>Par la destruction ce marbre fut formé.\\ <tab>Par la destruction ce marbre fut formé.\\
 <tab>Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent,\\ <tab>Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent,\\
-<tab>De générations quelles foules périrent!\\+<tab>De générations quelles foules périrent(nbsp)!\\
 \\ \\
 <tab>Mais pour imprimer dans l'âme des idées sombres et philosophiques, l'auteur n'a pas besoin de reproduire sous nos yeux ces vestiges du ravage des temps, il lui suffit de peindre ainsi les horribles glaciers de la Suisse(nbsp):\\ <tab>Mais pour imprimer dans l'âme des idées sombres et philosophiques, l'auteur n'a pas besoin de reproduire sous nos yeux ces vestiges du ravage des temps, il lui suffit de peindre ainsi les horribles glaciers de la Suisse(nbsp):\\
 \\ \\
-<tab>Salut, pompeux Jura! terrible Montanverts!\\ +<tab>Salut, pompeux Jura(nbsp)! terrible Montanverts(nbsp)!\\ 
-<tab>De neiges, de glaçons, entassemens énormes;\\ +<tab>De neiges, de glaçons, entassemens énormes(nbsp);\\ 
-<tab>Du temple des frimas colonnades informes!\\+<tab>Du temple des frimas colonnades informes(nbsp)!\\
 <tab>Prismes éblouissans, dont les pans azurés,\\ <tab>Prismes éblouissans, dont les pans azurés,\\
 <tab>Défiant le soleil dont ils sont colorés,\\ <tab>Défiant le soleil dont ils sont colorés,\\
-<tab>Peignent de pourpre et d'or leur éclatante masse;\\+<tab>Peignent de pourpre et d'or leur éclatante masse(nbsp);\\
 <tab>Tandis que, triomphant sur son trône de glace,\\ <tab>Tandis que, triomphant sur son trône de glace,\\
 <tab>L'hiver s'enorgueillit de voir l'astre du jour\\ <tab>L'hiver s'enorgueillit de voir l'astre du jour\\
-<tab>Embellir son palais et décorer sa cour!\\+<tab>Embellir son palais et décorer sa cour(nbsp)!\\
 \\ \\
 <tab>Les syllabes longues et traînantes qui composent les trois premiers vers, imitent parfaitement la lourdeur des objets que le poëte met sous nos yeux, et ce n'est pas encore sans dessein qu'il a placé le mot de //masse// à la fin de sa phrase. Mais là où il a réuni toutes les beautés de la poésie à celle du grand spectacle de la nature, c'est lorsqu'il nous présente tous ces objets majestueux sous la forme de l'allégorie, et nous montre le temple des frimas, les colonnades informes et le trône de l'hiver, etc. Tout cela est conforme à l'esprit de la poésie, qui, comme le dit Boileau,\\ <tab>Les syllabes longues et traînantes qui composent les trois premiers vers, imitent parfaitement la lourdeur des objets que le poëte met sous nos yeux, et ce n'est pas encore sans dessein qu'il a placé le mot de //masse// à la fin de sa phrase. Mais là où il a réuni toutes les beautés de la poésie à celle du grand spectacle de la nature, c'est lorsqu'il nous présente tous ces objets majestueux sous la forme de l'allégorie, et nous montre le temple des frimas, les colonnades informes et le trône de l'hiver, etc. Tout cela est conforme à l'esprit de la poésie, qui, comme le dit Boileau,\\