bilderdijkhetbuitenleven

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bilderdijkhetbuitenleven [2023/03/10 14:35] – Espaces insécables : pour les points-virgules Timothée Léchotbilderdijkhetbuitenleven [2023/03/14 02:14] (Version actuelle) – [Présentation de l'œuvre] Hugues Marchal
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-Important poète et traducteur néerlandais, [[bilderdijk|Willem Bilderdijk]] a dû s'exiler loin de son pays[(Il avait émigré en 1795, suite à l'invasion de la Hollande par Pichegru. Il voyagea alors en Allemagne et à Londres, pour ne rentrer en Hollande qu'en 1806 et devenir le professeur de néerlandais de Louis Bonaparte, qui le nomma à l'Institut de Hollande.)] au moment où il rédige cette **traduction** de //L’Homme des champs//[(Willem Bilderdijk, //Het buitenleven, in vier zangen (gevolgd naar L'Homme des champs ou les géorgiques françaises, van den Abbé Delille)//, Amsterdam, Johannes Allart, 1803.)]. Elle paraît à Amsterdam, en 1803, peu après celle de Brinkman, publiée en 1802-1803 sous le titre [[brinkmandevedeling|De Veldeling]][(Cette antériorité est signalée dans les comptes rendus du travail de Bilderdijk, qui date la rédaction de son propre texte de 1802, à la fin du dernier chant (//id//., p.(nbsp)156) comme, on le verra, en d'autres lieux du volume.)].+Important poète et traducteur néerlandais, [[bilderdijk|Willem Bilderdijk]] a dû s'exiler loin de son pays[(Il avait émigré en 1795, suite à l'invasion de la Hollande par Pichegru. Il voyagea alors en Allemagne et à Londres, pour ne rentrer en Hollande qu'en 1806 et devenir le professeur de néerlandais de Louis Bonaparte, qui le nomma à l'Institut de Hollande.)] au moment où il rédige cette **traduction** de //L’Homme des champs//[(Willem Bilderdijk, //Het buitenleven, in vier zangen (gevolgd naar L'Homme des champs ou les géorgiques françaises, van den Abbé Delille)//, Amsterdam, Johannes Allart, 1803.)]. Elle paraît à Amsterdam, en 1803, peu après celle de Brinkman, publiée en 1802-1803 sous le titre [[brinkmandevedeling|De Veldeling]][(Cette antériorité est signalée dans les comptes rendus du travail de Bilderdijk, qui pour sa part date la rédaction de son propre texte de 1802, à la fin du dernier chant (//id//., p.(nbsp)156).)].
  
 Or, **de toutes les traductions du texte, l'œuvre de Bilderdijk est sans doute celle qui a eu le plus grand impact dans la culture cible, en raison de son caractère polémique**(nbsp): paradoxalement, le poète néerlandais **attaque violemment le texte qu'il s'est attelé à diffuser** auprès de ses compatriotes et la version qu'il en propose constitue en réalité **un profond remaniement** du poème de Delille. Or, **de toutes les traductions du texte, l'œuvre de Bilderdijk est sans doute celle qui a eu le plus grand impact dans la culture cible, en raison de son caractère polémique**(nbsp): paradoxalement, le poète néerlandais **attaque violemment le texte qu'il s'est attelé à diffuser** auprès de ses compatriotes et la version qu'il en propose constitue en réalité **un profond remaniement** du poème de Delille.
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 \\ Van mijn vervallen Kunst geen statige begroeting !  \\ Van mijn vervallen Kunst geen statige begroeting ! 
 \\ Ach! is't met ijdle woordenpraal  \\ Ach! is't met ijdle woordenpraal 
-\\ Dat ik u, 't geen mijn hart u schuldig is, betaal? – +\\ Dat ik u, 't geen mijn hart u schuldig is, betaal(nbsp)? – 
 \\ Neen, neem mijn stillen dank en sprakelooze hulde,  \\ Neen, neem mijn stillen dank en sprakelooze hulde, 
 \\ Neem, wat mijn zwijgend hart u op mag dragen, aan ;  \\ Neem, wat mijn zwijgend hart u op mag dragen, aan ; 
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 \\ Uw naam aan't voorhoofd dezer blaân ! \\ Uw naam aan't voorhoofd dezer blaân !
  
-Brunswyk, in Herfstmaand 1802[("A LA TRES HAUTE DAME, MADAME LA BARONNE BIGOT LE VILANDRIE, NÉE VAN HERZEELE. / Ô vous, dont les amicales instances ont tiré mes chants malades et somnolents du sommeil, le sommeil de la mort, qui m’avait séduit ! Vous dont l’œil éloquent et plein d’âme, quand tout me quittait, maltraitait et trompait, a laissé venir jusqu’à moi un ange céleste, porteur d’un réconfort qui sortait de la poitrine ! Dont le cœur… plaignait mon destin ? - Non, si digne de plainte qu’il parût, il s’est ennobli à mes yeux dès lors que vous le jugiez enviable ! Vous dont la force, dont la grandeur d’esprit m’ont fait rougir des miennes, moi dont le cœur s’oubliait dans une plainte inutile ! […] Ah, est-ce avec ces mots vains, plutôt qu’avec mon cœur, que je vous paie pour ce que je vous dois? - Non, recevez mes remerciements silencieux et mon hommage muet, acceptez ce que mon cœur sans voix peut porter vers vous et […] tolérez que votre nom figure au fronton de ces pages! / Brunswick, automne 1802" (nous traduisons), //id//, p. !!iii-iv!!.)].+Brunswyk, in Herfstmaand 1802[("A LA TRES HAUTE DAME, MADAME LA BARONNE BIGOT LE VILANDRIE, NÉE VAN HERZEELE. / Ô vous, dont les amicales instances ont tiré mes chants malades et somnolents du sommeil, le sommeil de la mort, qui m’avait séduit ! Vous dont l’œil éloquent et plein d’âme, quand tout me quittait, maltraitait et trompait, a laissé venir jusqu’à moi un ange céleste, porteur d’un réconfort qui sortait de la poitrine ! Dont le cœur… plaignait mon destin ? - Non, si digne de plainte qu’il parût, il s’est ennobli à mes yeux dès lors que vous le jugiez enviable ! Vous dont la force, dont la grandeur d’esprit m’ont fait rougir des miennes, moi dont le cœur s’oubliait dans une plainte inutile ! […] Ah, est-ce avec ces mots vains, plutôt qu’avec mon cœur, que je vous paie pour ce que je vous dois(nbsp)? - Non, recevez mes remerciements silencieux et mon hommage muet, acceptez ce que mon cœur sans voix peut porter vers vous et […] tolérez que votre nom figure au fronton de ces pages(nbsp)! / Brunswick, automne 1802" (nous traduisons), //id//, p. !!iii-iv!!.)].
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-Op deze wijse had ik den Eersten en den Derden Zang (welke laatste zekerlijk de schoonste, of liever de eenige schoone Zang van het Dichtkunst is, want de andere hebben niet dan eenige losse schoonheden zonder samenhang) overgebracht, wanneer de Boekverkooper Allart, in Amsterdam, eene Vertaling van het Fransche Oorspronklijke aangekondigd hebbende, my deed aanzoeken om dezelve op my te nemen. Ik deelde hem den staat van mijnen arbeid mede, en nam aan, in myne ledige uren voort te werken, op den voet, waarop ik 't ingesteld had; maar, helaas! mijne omstandigheden veranderden, mijne tusschenuren werden beperkt, besnoeid, en weggenomen door veelvuldige beletsels en allerlei nieuwe bezigheden.[("C'est de cette manière que j'avais traduit le premier et le troisième chant (qui est certainement le plus beau, ou plutôt le seul beau chant du poème, car les autres ne présentent que quelques beautés éparses, sans cohérence), lorsque le libraire !!Allart!!, d'Amsterdam, ayant annoncé qu'il allait faire paraître une traduction de l'original français, me donna l'idée de me joindre à l'entreprise. Je l'informai de l'avancée de mon travail et pensai pouvoir consacrer mes loisirs à poursuivre la tâche dans laquelle je m'étais engagé(nbsp); mais, hélas!, les circonstances changèrent pour moi, mes heures de liberté furent limitées, coupées et emportées par de multiples imprévus et toutes sortes d'occupations nouvelles", //id//, p.!!vi-vii!!.)]. +Op deze wijse had ik den Eersten en den Derden Zang (welke laatste zekerlijk de schoonste, of liever de eenige schoone Zang van het Dichtkunst is, want de andere hebben niet dan eenige losse schoonheden zonder samenhang) overgebracht, wanneer de Boekverkooper Allart, in Amsterdam, eene Vertaling van het Fransche Oorspronklijke aangekondigd hebbende, my deed aanzoeken om dezelve op my te nemen. Ik deelde hem den staat van mijnen arbeid mede, en nam aan, in myne ledige uren voort te werken, op den voet, waarop ik 't ingesteld had; maar, helaas! mijne omstandigheden veranderden, mijne tusschenuren werden beperkt, besnoeid, en weggenomen door veelvuldige beletsels en allerlei nieuwe bezigheden[("C'est de cette manière que j'avais traduit le premier et le troisième chant (qui est certainement le plus beau, ou plutôt le seul beau chant du poème, car les autres ne présentent que quelques beautés éparses, sans cohérence), lorsque le libraire !!Allart!!, d'Amsterdam, ayant annoncé qu'il allait faire paraître une traduction de l'original français, me donna l'idée de me joindre à l'entreprise. Je l'informai de l'avancée de mon travail et pensai pouvoir consacrer mes loisirs à poursuivre la tâche dans laquelle je m'étais engagé(nbsp); mais, hélas(nbsp)!, les circonstances changèrent pour moi, mes heures de liberté furent limitées, coupées et emportées par de multiples imprévus et toutes sortes d'occupations nouvelles", //id//, p.(nbsp)!!vi-vii!!.)]. 
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-Doch wat geve ik in deze navolging? De naauwkeurigheid eener eigenlijk gezegde Vertaling? Eene volstrekte eenvormigheid met het Oorspronklijke? – Neen, mijne Lezers! - Zoo de naauwkeurigheid in het overbrengen eene verdienste is, ik heb ze doorgaands in acht genomen, waar ik niet oordeelde den Schrijver te moeten verlaten, maar zeer dikwijls wijke ik hemelsbreed van hem af. Die my kennen, weten dat de gevoelens van een Abbé !!Delille!! de mijnen niet zijn kunnen, en misschien hebben de harten van Oorspronklijken Schrijver en Navolger nooit oneenstemmiger geslagen dan hier. Ik ben, en verklaar het openlijk, noch Buffonist, noch Natuurkundige in den hedendaagschen smaak, ik vermeet my niet, Gode gelijk te zijn(nbsp); ik vlei geene heerschende begrippen, noch ontveins de mijnen. Met één woord, mijn beginsels verschillen in 't Godsdienstige zoo wel als in 't Filosofische, in de Natuur-, als in de Zielkunde, in Rechts- als in Staatsbegrippen, zoo oneindig, dat het wonder zou zijn, zoo onze Aesthethica en Poëtische genie veel naar elkander geleken. - Groote bewonderaars van !!Delille!!, terug! 't Is derhalven voor u niet, dat deze Navolging deugt. Maar gy, rechtschapen Nederlanders, die by Vaderlandsche zucht voor Godsdienst, orde, regelmaat, waarheid, en schoonheid, liefde voor den grond uwer geboorte voedt, en als Christenen, belang stelt, in deugd en in menschelijkheid ! 't is voor u, dat ik geschreven heb, en uwe stem ben ik zeker, weg te dragen[("Qu'est-ce que propose ma traduction? Un équivalent fidèle en tous points? Une pleine uniformité avec le texte d'origine? – Non, mes chers lecteurs! – Puisque l'exactitude est un mérite dans une traduction, je m'y suis plié tant que je pensais ne pas devoir m'écarter de l'auteur, mais souvent je m'en suis éloigné à tire d'ailes [littéralement, //comme vole le corbeau//]. Ce qui me connaissent savent que les sentiments d'un abbé !!Delille!! ne sauraient être les miens, et peut-être les cœurs d'un écrivain et de son traducteur n'ont-il jamais autant battu sur des rythmes divergents qu'ici. Je ne suis pas, et je le déclare hautement, un Buffoniste ou un naturaliste à la mode(nbsp); je n'ai jamais prétendu m'égaler à Dieu(nbsp); je ne flatte pas les opinions régnantes et je ne déteste pas les miennes. En un mot, mes principes diffèrent si infiniment en matière de religion, de philosophie, de physique, de téléologie ou de théorie du droit et de l'Etat, qu'il serait extraordinaire que nos génies poétiques et esthétiques s'accordent étroitement. Grands admirateurs de !!Delille!!, reculez! Il n'y a aucune offense envers vous, tant que cette imitation est correcte. Mais vous, dignes Néerlandais, qui par un amour patriote de la religion, de l'ordre, de la rectitude, de la vérité et de la beauté, chérissez le sol de votre naissance et qui, en tant que chrétiens, protégez la vertu et l'humanité, c'est pour vous que j'ai écrit et je suis sûr que c'est votre voix que je porte", //id//, p.!!viii-ix!!.)]. +Doch wat geve ik in deze navolging(nbsp)? De naauwkeurigheid eener eigenlijk gezegde Vertaling(nbsp)? Eene volstrekte eenvormigheid met het Oorspronklijke(nbsp)? – Neen, mijne Lezers(nbsp)! - Zoo de naauwkeurigheid in het overbrengen eene verdienste is, ik heb ze doorgaands in acht genomen, waar ik niet oordeelde den Schrijver te moeten verlaten, maar zeer dikwijls wijke ik hemelsbreed van hem af. Die my kennen, weten dat de gevoelens van een Abbé !!Delille!! de mijnen niet zijn kunnen, en misschien hebben de harten van Oorspronklijken Schrijver en Navolger nooit oneenstemmiger geslagen dan hier. Ik ben, en verklaar het openlijk, noch Buffonist, noch Natuurkundige in den hedendaagschen smaak, ik vermeet my niet, Gode gelijk te zijn(nbsp); ik vlei geene heerschende begrippen, noch ontveins de mijnen. Met één woord, mijn beginsels verschillen in 't Godsdienstige zoo wel als in 't Filosofische, in de Natuur-, als in de Zielkunde, in Rechts- als in Staatsbegrippen, zoo oneindig, dat het wonder zou zijn, zoo onze Aesthethica en Poëtische genie veel naar elkander geleken. - Groote bewonderaars van !!Delille!!, terug(nbsp)! 't Is derhalven voor u niet, dat deze Navolging deugt. Maar gy, rechtschapen Nederlanders, die by Vaderlandsche zucht voor Godsdienst, orde, regelmaat, waarheid, en schoonheid, liefde voor den grond uwer geboorte voedt, en als Christenen, belang stelt, in deugd en in menschelijkheid ! 't is voor u, dat ik geschreven heb, en uwe stem ben ik zeker, weg te dragen[("Qu'est-ce que propose ma traduction(nbsp)? Un équivalent fidèle en tous points(nbsp)? Une pleine uniformité avec le texte d'origine(nbsp)? – Non, mes chers lecteurs(nbsp)! – Puisque l'exactitude est un mérite dans une traduction, je m'y suis plié tant que je pensais ne pas devoir m'écarter de l'auteur, mais souvent je m'en suis éloigné à tire d'ailes [littéralement, //comme vole le corbeau//]. Ce qui me connaissent savent que les sentiments d'un abbé !!Delille!! ne sauraient être les miens, et peut-être les cœurs d'un écrivain et de son traducteur n'ont-il jamais autant battu sur des rythmes divergents qu'ici. Je ne suis pas, et je le déclare hautement, un Buffoniste ou un naturaliste à la mode(nbsp); je n'ai jamais prétendu m'égaler à Dieu(nbsp); je ne flatte pas les opinions régnantes et je ne déteste pas les miennes. En un mot, mes principes diffèrent si infiniment en matière de religion, de philosophie, de physique, de téléologie ou de théorie du droit et de l'Etat, qu'il serait extraordinaire que nos génies poétiques et esthétiques s'accordent étroitement. Grands admirateurs de !!Delille!!, reculez(nbsp)! Il n'y a aucune offense envers vous, tant que cette imitation est correcte. Mais vous, dignes Néerlandais, qui par un amour patriote de la religion, de l'ordre, de la rectitude, de la vérité et de la beauté, chérissez le sol de votre naissance et qui, en tant que chrétiens, protégez la vertu et l'humanité, c'est pour vous que j'ai écrit et je suis sûr que c'est votre voix que je porte", //id//, p.(nbsp)!!viii-ix!!.)]. 
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-Ik zal hier geene uitvoerige beoordeeling van het Oorspronklijke geven. De voorrechten waar het op roemen mag, heb ik reeds opgehaald, en het gebrek aan eene recht Dichterlijke bevatting van het geheel des onderwerps en wat daar van afhange, was in mijne Navolging niet weg te nemen, zou 't eene Navolging zijn, dat is, het Oorspronklijke in vorm en leiding byblijven. Doch, dit heb ik kunnen doen, aanstotelijkheden verzachten, trekken van valsch vernuft of van valschen smaak, (van beiden vindt men er) uitwisschen; het te ruim gezegde, inperken; het te algemeen uitgedrukte, bepalen, het verward gedachte duidelijk maken, volstrekte misvattingen te recht wijzen[("Je ne compte pas donner ici une analyse complète de l'original. Tels que je les ai déjà exposés, les droits qu'il a à la louange, l'absence d'un traitement vraiment poétique du sujet, ainsi que ce qui en découle, ne devaient pas être ôtés de ma traduction, pour qu'elle soit une traduction, c'est-à-dire imite l'original dans sa forme et ses fins. Cependant, voici ce que j'ai pu faire(nbsp): alléger les outrances, effacer les traces de faux raisonnement et de faux goût (on trouve les deux ici), restreindre la portée des allégations trop larges, préciser les propos trop généraux, clarifier les pensées confuses, redresser les conceptions absolument mauvaises", //id//, p.!!ix!!.)] […]. +Ik zal hier geene uitvoerige beoordeeling van het Oorspronklijke geven. De voorrechten waar het op roemen mag, heb ik reeds opgehaald, en het gebrek aan eene recht Dichterlijke bevatting van het geheel des onderwerps en wat daar van afhange, was in mijne Navolging niet weg te nemen, zou 't eene Navolging zijn, dat is, het Oorspronklijke in vorm en leiding byblijven. Doch, dit heb ik kunnen doen, aanstotelijkheden verzachten, trekken van valsch vernuft of van valschen smaak, (van beiden vindt men er) uitwisschen; het te ruim gezegde, inperken; het te algemeen uitgedrukte, bepalen, het verward gedachte duidelijk maken, volstrekte misvattingen te recht wijzen[("Je ne compte pas donner ici une analyse complète de l'original. Tels que je les ai déjà exposés, les droits qu'il a à la louange, l'absence d'un traitement vraiment poétique du sujet, ainsi que ce qui en découle, ne devaient pas être ôtés de ma traduction, pour qu'elle soit une traduction, c'est-à-dire imite l'original dans sa forme et ses fins. Cependant, voici ce que j'ai pu faire(nbsp): alléger les outrances, effacer les traces de faux raisonnement et de faux goût (on trouve les deux ici), restreindre la portée des allégations trop larges, préciser les propos trop généraux, clarifier les pensées confuses, redresser les conceptions absolument mauvaises", //id//, p.(nbsp)!!ix!!.)] […]. 
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 ===== Le traitement des notes ===== ===== Le traitement des notes =====
  
-On pourrait comparer ici encore Bilderdijk à un **bernard-l'ermite**. La matrice des notes de fin, organisées par chant, est conservée, mais nombre d'entre elles sont de son cru, ce qu'il signale par une initiale, "B.". Or, s'il réduit sans pitié, comme il l'a annoncé, les notes d'origine, le traducteur n'hésite pas à **étendre ses propres remarques**(nbsp): l'une d'elle mobilise près de quatre pages[(//Id//., p.(nbsp)31-34 (les notes disposent de leur propre pagination).)]. Et la controverse scientifico-théologique s'y déploie également, puisque, pour conserver notre exemple, le passage du grain de sable fait l'objet d'une note entièrement remaniée, signée là encore B., qui y attaque les explications "à la Buffon[(//Id//., p.(nbsp)35.)]" et de ce fait, Delille, que Bilderdijk paraît traiter comme l'auteur de tous les commentaires.+On pourrait comparer ici encore Bilderdijk à un **bernard-l'ermite**. La matrice des notes de fin, organisées par chant, est conservée, mais nombre d'entre elles sont de son cru, ce qu'il signale par une initiale, "B.". Or, s'il réduit sans pitié, comme il l'a annoncé, les notes d'origine, le traducteur n'hésite pas à **étendre ses propres remarques**(nbsp): l'une d'elle mobilise près de quatre pages[(//Id//., p.(nbsp)31-34 (les notes disposent de leur propre pagination).)]. Et la controverse scientifico-théologique s'y déploie également, puisque, pour conserver notre exemple, le passage du grain de sable fait l'objet d'une note entièrement remaniée, signée là encore B., qui y attaque les explications "à la Buffon[(//Id//., p.(nbsp)35.)]" et de ce fait, s'oppose derechef à Delille, que Bilderdijk paraît traiter comme l'auteur de tous les commentaires.
  
 ===== Postface ===== ===== Postface =====
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 1. – Delille est **un versificateur hors ligne, absolument magistral**, et Bilderdijk précise qu'il inclut ici dans la versification toute la mécanique du style, de la langue et de la mesure ("het werktuiglijke van den stijl, de taal, en de maat[(//Id//., p.(nbsp)67.)]"). Dans //L'Homme des champs//, cet ensemble est presque constamment "pur, beau, harmonieux, précis et en somme excellent" ("zuiver, schoon, welluidend, keurig, en over 't geheel genomen uitmuntend[(//Ibid//.)]"). Or il ne s'agit pas là d'une mince prouesse et Bilderdijk rend un hommage très marqué au poète français(nbsp): sur ce point au moins, il mérite d'être non seulement célébré, mais aussi entièrement imité ("allen lof, en wat meer is dan lof, alle navolging[(//Ibid//.)]"). 1. – Delille est **un versificateur hors ligne, absolument magistral**, et Bilderdijk précise qu'il inclut ici dans la versification toute la mécanique du style, de la langue et de la mesure ("het werktuiglijke van den stijl, de taal, en de maat[(//Id//., p.(nbsp)67.)]"). Dans //L'Homme des champs//, cet ensemble est presque constamment "pur, beau, harmonieux, précis et en somme excellent" ("zuiver, schoon, welluidend, keurig, en over 't geheel genomen uitmuntend[(//Ibid//.)]"). Or il ne s'agit pas là d'une mince prouesse et Bilderdijk rend un hommage très marqué au poète français(nbsp): sur ce point au moins, il mérite d'être non seulement célébré, mais aussi entièrement imité ("allen lof, en wat meer is dan lof, alle navolging[(//Ibid//.)]").
  
-2. – Mais il lui manque le véritable génie poétique ("eigenlijke Dichtergenie[(//Id//., p.(nbsp)68.)]") de la **composition**, qui, pour Bilderdijk, devrait se manifester par une **détermination poétique ou du moins raisonnable du sujet** ("Dichterlijke, of zelfs Wijsgeerige omvatting van 't onderwerp"),  la **distribution** ("verdeeling") de la matière,  l'**exécution** ("uitvoering"), la **complétude de la pensée** ("volheid van denkbeelden"), du **discernement dans la sélection** de ce qui peut être dit ou non ("juistheid in de keus van het geen men gebruiken en het geen men onderdrukken kon"), du **discernement dans le placement et l'usage** de ce qui aura été retenu ("juistheid in de plaatsing en aanwending van het geen men verkoos te gebruiken[(//Ibid//.)]"). //L'Homme des champs// ne présente aucune de ces qualités. L'œuvre est atrocement mal divisée, il n'y a ni organisation ni choix sensibles dans la matière et la pensée y est pauvre. Faisant écho à son avant-propos, Bilderdijk indique que le parcours des chants1 et4 persuade tout lecteur que l'auteur n'y a exercé aucun discernement. Séduisant pièce par pièce, le chant3 s'avère lui-même, si l'on ne considère que sa structure, aussi entièrement dépourvu d'une organisation susceptible de satisfaire l'esprit. Les faibles transitions ne font guère illusion(nbsp):+2. – Mais il lui manque le véritable génie poétique ("eigenlijke Dichtergenie[(//Id//., p.(nbsp)68.)]") de la **composition**, qui, pour Bilderdijk, devrait se manifester par une **détermination poétique ou du moins raisonnable du sujet** ("Dichterlijke, of zelfs Wijsgeerige omvatting van 't onderwerp"),  la **distribution** ("verdeeling") de la matière,  l'**exécution** ("uitvoering"), la **complétude de la pensée** ("volheid van denkbeelden"), du **discernement dans la sélection** de ce qui peut être dit ou non ("juistheid in de keus van het geen men gebruiken en het geen men onderdrukken kon"), du **discernement dans le placement et l'usage** de ce qui aura été retenu ("juistheid in de plaatsing en aanwending van het geen men verkoos te gebruiken[(//Ibid//.)]"). //L'Homme des champs// ne présente aucune de ces qualités. L'œuvre est atrocement mal divisée, il n'y a ni organisation ni choix sensibles dans la matière et la pensée y est pauvre. Faisant écho à son avant-propos, Bilderdijk indique que le parcours des chants(nbsp)1 et(nbsp)4 persuade tout lecteur que l'auteur n'y a exercé aucun discernement. Séduisant pièce par pièce, le chant(nbsp)3 s'avère lui-même, si l'on ne considère que sa structure, aussi entièrement dépourvu d'une organisation susceptible de satisfaire l'esprit. Les faibles transitions ne font guère illusion(nbsp):
  
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-[…] het hart zich tegen zijne schilderingen verzet. Zeker, zoo het waar is, dat de gevoeligheid van hart alleen den Dichter maakt, geene verdienste in eenig ander punt, zelfs niet de rijkste Dichterlijke verbeelding, kan een  zoodanig gebrek vergoeden. Neem der Non hare kuischheid, den Held zijnen moed, en den Dichter de tederheid van hart af, en zie dan wat er overblijft[("[…] le cœur résiste à ses tableaux. Or, s'il est vrai que la sensibilité du cœur fait seule le poète, aucun autre mérite ne peut compenser ce manque, pas même la plus riche imagination poétique. Retirez à la nonne sa chasteté, au héros son courage et au poète un cœur tendre, et voyez s'il reste quelque chose", //ibid//.)]+[…] het hart zich tegen zijne schilderingen verzet. Zeker, zoo het waar is, dat de gevoeligheid van hart alleen den Dichter maakt, geene verdienste in eenig ander punt, zelfs niet de rijkste Dichterlijke verbeelding, kan een  zoodanig gebrek vergoeden. Neem der Non hare kuischheid, den Held zijnen moed, en den Dichter de tederheid van hart af, en zie dan wat er overblijft[("[…] le cœur résiste à ses tableaux. Or, s'il est vrai que la sensibilité du cœur fait seule le poète, aucun autre mérite ne peut compenser ce manque, pas même la plus riche imagination poétique. Retirez à la nonne sa chasteté, au héros son courage et au poète un cœur tendre, et voyez s'il reste quelque chose", //ibid//.)](nbsp)
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-Bilderdijk passe ensuite rapidement sur d'autres réserves, car elles ne concernent plus le caractère poétique ou non du texte. Il juge que Delille oscille politiquement entre deux parties (probablement celle de la monarchie et celle des anciens philosophes) en cherchant à les ménager l'une et l'autre. À nouveau, il lui reproche de professer des idées religieuses corrompues, de trop citer les auteurs qu'il a imités et de produire des fictions languissantes, traits qu'il rattache cependant une dernière fois à l'absence de sentiment vrai qu'il croit trouver dans le texte(nbsp): ce "continuel manque de chaleur" ("het doorgaand gebrek aan warmte[(//Id//., p. 70.)]") ne serait pas sensible dans un texte réellement jailli de la poitrine de son auteur.+Bilderdijk passe ensuite rapidement sur d'autres réserves, car elles ne concernent plus le caractère poétique ou non du texte. Il juge que Delille oscille politiquement entre deux partis (probablement celui de la monarchie et celui des anciens philosophes) en cherchant à les ménager l'une et l'autre. À nouveau, il lui reproche de professer des idées religieuses corrompues, de trop citer les auteurs qu'il a imités et de produire des fictions languissantes, traits qu'il rattache cependant une dernière fois à l'absence de sentiment vrai qu'il croit trouver dans le texte(nbsp): ce "continuel manque de chaleur" ("het doorgaand gebrek aan warmte[(//Id//., p. 70.)]") ne serait pas sensible dans un texte réellement jailli de la poitrine de son auteur.
  
 La **conclusion** est cinglante(nbsp): Delille est "un beau, un excellent //versificateur//, et rien qu'un très médiocre poète" ("een schoon, een uitmuntend //Versificateur//, en niet dan een zeer middelmatig Dichter[(//Id//., p. 71.)]"). La **conclusion** est cinglante(nbsp): Delille est "un beau, un excellent //versificateur//, et rien qu'un très médiocre poète" ("een schoon, een uitmuntend //Versificateur//, en niet dan een zeer middelmatig Dichter[(//Id//., p. 71.)]").
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 L'entreprise de Bilderdijk fut encore **violemment dénoncée**, en 1804, par son compatriote Jan Hendrik Kraane, dans sa [[kraanelitterature|Littérature française, poëme en quatre chants]]. L'entreprise de Bilderdijk fut encore **violemment dénoncée**, en 1804, par son compatriote Jan Hendrik Kraane, dans sa [[kraanelitterature|Littérature française, poëme en quatre chants]].
  
-Mais elle fit l'objet d'une **seconde édition**, en 1821, à Rotterdam[(Willem Bilderdijk, //Het buitenleven, in vier zangen (gevolgd naar L'Homme des champs ou les géorgiques françaises, van den Abbé Delille). Tweede Druk//, Rotterdam, J. Immmerzeel junior, 1821.)] et fut aussi régulièrement reprise dans les œuvres complètes de Bilderdijk. En effet, cette réécriture a souvent être présentée par les biographes ultérieurs du poète néerlandais comme **une version en soi supérieure au texte original** de Delille.+Mais cette traduction fit l'objet d'une **seconde édition**, en 1821, à Rotterdam[(Willem Bilderdijk, //Het buitenleven, in vier zangen (gevolgd naar L'Homme des champs ou les géorgiques françaises, van den Abbé Delille). Tweede Druk//, Rotterdam, J. Immmerzeel junior, 1821.)] et fut aussi régulièrement reprise dans les œuvres complètes de Bilderdijk. En effet, cette réécriture a souvent être présentée par les biographes ultérieurs du poète néerlandais comme **une version en soi supérieure au texte original** de Delille.
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