avant1800

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 ===== Le rôle des lectures orales  ===== ===== Le rôle des lectures orales  =====
  
-Comme pour tous ces grands poèmes, Delille s'est livré à des lectures publiques ou privées de fragments de //L'Homme des champs//, mais **c'est le texte dont la carrière orale a débuté le plus en amont de sa publication**, puisque les premières traces de lectures apparaissent vingt-cinq ans avant le livre:+Comme pour tous ces grands poèmes, Delille s'est livré à des lectures publiques ou privées de fragments de //L'Homme des champs//, mais **c'est le texte dont la carrière orale a débuté le plus en amont de sa publication**, puisque les premières traces de lectures apparaissent vingt-cinq ans avant le livre(nbsp):
  
-!!Chronologie des lectures d'extraits du poème!![(Visuel tiré d'une base de données regroupant 50 lectures publiques ou privées pour lesquelles lieu, date de l'événement et nature des textes récités par Delille ont pu être identifiés – état au 7 mars 2019.)]+!!Chronologie des lectures d'extraits du poème!![(Visuel tiré d'une base de données regroupant 50 lectures publiques ou privées pour lesquelles lieu, date de l'événement et nature des textes récités par Delille ont pu être identifiés – état au 7 mars 2019.)] > À CORRIGER
  
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 **Des //Jardins// à //Homme des champs//** **Des //Jardins// à //Homme des champs//**
  
-En **février 1775**, Delille lit à l'Académie française des vers tirés d'un nouveau poème, en cours. Or l'examen des comptes rendus suscités par l'événement, notamment dans la [[correspondance litt021775|Correspondance littéraire]], montre qu'il avait alors présenté comme les fragments d'un seul ensemble des passages qui alimentèrent ensuite //Les Jardins//, parus en 1782, et des segments dont la description correspond en revanche au contenu de //L'Homme des champs//. De fait, Delille semble n'avoir séparé les deux projets qu'à une date tardive (peu avant la parution des //Jardins//) et d'autres éléments prouvent qu'après cette parution, le public s'attendait à voir prochainement paraître un poème, plus ou moins ample, correspondant aux fragments écartés (si une [[correspondance litt091782|annonce]] de la //Correspondance littéraire// est bien datée, cette attente débute au moins en septembre 1782).+En **février 1775**, Delille lit à l'Académie française des vers tirés d'un nouveau poème, en cours. Or l'examen des comptes rendus suscités par l'événement, notamment dans la [[correspondance_litt021775|Correspondance littéraire]], montre qu'il avait alors présenté comme les fragments d'un seul ensemble des passages qui alimentèrent ensuite //Les Jardins//, parus en 1782, et des segments dont la description correspond en revanche au contenu de //L'Homme des champs//. De fait, Delille semble n'avoir séparé les deux projets qu'à une date tardive (peu avant la parution des //Jardins//) et d'autres éléments prouvent qu'après cette parution, le public s'attendait à voir prochainement paraître un poème, plus ou moins ample, correspondant aux fragments écartés (si une [[correspondance_litt091782|annonce]] de la //Correspondance littéraire// est bien datée, cette attente débute au moins en septembre 1782).
  
-D'autres éléments, incluant, là encore, des échos des lectures, permettent de comprendre que Delille a hésité sur le statut et le contenu de ce second projet, mais on peut en revanche dater avec précision la **première lecture publique où des extraits de l'actuel chant 3 ont été récités** par le poète. Le 1/^er^/ frimaire an III (21 novembre 1794)au Collège de France, face aux représentants de la Convention  et à une foule compacte qui masque mal son impatience de l’entendre, il lit sa traduction de l’épître de Pope à Arbuthnot, puis "un fragment d’un poëme sur la vie champêtre, fragment dans lequel il décrit un cabinet d’histoire naturelle que se forme un homme retiré à la campagne, et particulièrement sa collection d’insectes et d’animaux empaillés", passage où, selon la //Décade//, apparaissent "une foule de beautés d’un genre neuf, et beaucoup plus poétiques qu’on ne le croirait", qui démontrent que les sciences n’ont rien d’"impoétiques"+D'autres éléments, incluant, là encore, des échos des lectures, permettent de comprendre que Delille a hésité sur le statut et le contenu de ce second projet, comme le montrent les indications dont on dispose sur la **première lecture publique durant laquelle des extraits de l'actuel chant 3 ont été récités** par le poète. Le 15 ou le 16 novembre 1789ce dernier lit les vers sur les montagnes enneigées lors de la séance publique de rentrée du Collège de France(nbsp); toutefoisselon le [[societes_journaldelaville|Journal de la ville et des provinces]], qui reproduit ces alexandrins, il semble alors qu'il envisage de les rattacher à //L'Imagination//, poème qu'il ne publiera qu'en 1806.
  
-Fiche à faire : La Décade philosophiquelittéraire et politique10 frimaire an III (30 novembre 1794), p400-402+Ce n'est plus le cas lorsquecinq ans plus tardle 1/^er^/ frimaire an III (21 novembre 1794), Delille récite de nouveau, au Collège de France, face aux représentants de la Convention et à une foule compacte qui masque mal son impatience de l’entendre, sa traduction de l’épître de Pope à Arbuthnot, puis "un fragment d’un poëme sur la vie champêtre, fragment dans lequel il décrit un cabinet d’histoire naturelle que se forme un homme retiré à la campagne, et particulièrement sa collection d’insectes et d’animaux empaillés", passage où, selon cette fois la [[rentreecollegedecade|Décade philosophique, littéraire et politique]], apparaissent "une foule de beautés d’un genre neuf, et beaucoup plus poétiques qu’on ne le croirait", qui démontrent que les sciences n’ont rien d’"impoétiques"
      
 **Fortune de vers fantômes** **Fortune de vers fantômes**
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 Une **deuxième phase** intervient à partir d'octobre 1797, lorsque Decker et Levrault diffusent une première annonce détaillant les possibilités de souscription, dont la version la plus complète paraît, en novembre, dans l'[[intelligenzblattannonce1|Intelligenzblatt der allgemeinen Literatur-Zeitung]], avec un renvoi explicite à l'article de Böttiger. Cette fois, l'appât offert aux périodiques est un **extrait de la préface**, résumant le contenu des quatre chants. Le fragment se retrouve, de fait, reproduit seul ou avec des indications commerciales considérablement abrégées, dans des titres comme [[spectateurdunordannonce1797|Le Spectateur du Nord]] (octobre 1797), puis, en 1798, dans le [[journallitterairelausanneannonce|Journal littéraire de Lausanne]], la Décade ou le Magasin encyclopédique, et, début 1801 encore, dans le [[monthlymagazineannonce2eed|Monthly Magazine]], qui traduit l'extrait pour les lecteurs. Une **deuxième phase** intervient à partir d'octobre 1797, lorsque Decker et Levrault diffusent une première annonce détaillant les possibilités de souscription, dont la version la plus complète paraît, en novembre, dans l'[[intelligenzblattannonce1|Intelligenzblatt der allgemeinen Literatur-Zeitung]], avec un renvoi explicite à l'article de Böttiger. Cette fois, l'appât offert aux périodiques est un **extrait de la préface**, résumant le contenu des quatre chants. Le fragment se retrouve, de fait, reproduit seul ou avec des indications commerciales considérablement abrégées, dans des titres comme [[spectateurdunordannonce1797|Le Spectateur du Nord]] (octobre 1797), puis, en 1798, dans le [[journallitterairelausanneannonce|Journal littéraire de Lausanne]], la Décade ou le Magasin encyclopédique, et, début 1801 encore, dans le [[monthlymagazineannonce2eed|Monthly Magazine]], qui traduit l'extrait pour les lecteurs.
  
-Cette stratégie permet, notamment, de faire résonner dans la presse la formule de Delille affirmant que "le sujet [du chant 3] est le plus fécond de tous, et [que] jamais une carrière plus vaste et plus neuve ne fut ouverte à la poésie". Mais dès cette date, coupler la divulgation d'une partie de la préface avec l'annonce de l'édition de formats très nombreux, offerts aux acheteurs de l'Europe entière, fait par ailleurs de l'événement poétique **un événement économique**. Les deux enjeux se croisent, pour se renforcer mutuellement. Comme le soulignera fin 1800 un entrefilet du //Monthly Magazine//, en tant qu'exemple d'"entreprise", la démarche "audacieuse" de Levrault et Decker est en soit "remarquable":+Cette stratégie permet, notamment, de faire résonner dans la presse la formule de Delille affirmant que "le sujet [du chant 3] est le plus fécond de tous, et [que] jamais une carrière plus vaste et plus neuve ne fut ouverte à la poésie". Mais dès cette date, coupler la divulgation d'une partie de la préface avec l'annonce de l'édition de formats très nombreux, offerts aux acheteurs de l'Europe entière, fait par ailleurs de l'événement poétique **un événement économique**. Les deux enjeux se croisent, pour se renforcer mutuellement. Comme le soulignera fin 1800 un entrefilet du //Monthly Magazine//, en tant qu'exemple d'"entreprise", la démarche "audacieuse" de Levrault et Decker est en soit "remarquable"(nbsp):
  
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-A remarkable instance of liberal enterprise is exhibited by the publishers of “//L’Homme des Champs//,” a georgic poem from the pen of Delille, well known to the literary world by his translation of Virgil's Georgics. Not content with publishing, [in France] as in England, a common and a fine paper edition, those spirited Frenchmen offer to the public the choice of no fewer than ſixteen different editions in various sizes and at various prices, from sixty //centimes// to seventy-two //livres//[("Sixty articles of literary and philosophical intelligence", //Monthly Magazine//, 1/^er^/ décembre 1800 p.454-455, [[https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015033846083?urlappend=%3Bseq=470|lien]].)].+A remarkable instance of liberal enterprise is exhibited by the publishers of “//L’Homme des Champs//,” a georgic poem from the pen of Delille, well known to the literary world by his translation of Virgil's Georgics. Not content with publishing, [in France] as in England, a common and a fine paper edition, those spirited Frenchmen offer to the public the choice of no fewer than ſixteen different editions in various sizes and at various prices, from sixty //centimes// to seventy-two //livres//[("Sixty articles of literary and philosophical intelligence", //Monthly Magazine//, 1/^er^/ décembre 1800 p.(nbsp)454-455, [[https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015033846083?urlappend=%3Bseq=470|lien]].)].
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-L’apparition de ce poème, si c’en est un, a été suivie d’un phénomène assez extraordinaire; son prodigieux débit a beaucoup nui à son succès. La charlatanerie du libraire, très-bien combinée pour son intérêt, l’a été fort mal pour la gloire de l’auteur. Cette annonce bruyante et fastueuse de quinze éditions différentes du même ouvrage, paroissant toutes à la fois, n’a pas manqué son effet sur la multitude toujours prête à couronner celui qui se présente à elle d’un air triomphant. Comment ne pas regarder avec admiration un poème qui se publie avec tant d’éclat, et comme aucun chef-d’œuvre n’a été publié dans aucun siècle? comment s’imaginer qu’un marchand de livres hasarderait les frais de vingt mille exemplaires, s’il n’avoit la certitude entière d’avoir dans sa boutique, au moins le rival de Virgile? ou comment deviner la ruse d’une spéculation si hardie, et si heureuse pour assurer à une production de légère valeur un débit magnifique? La multitude ébahie devoit donner dans le piège du charlatan, et elle y a donné , comme elle y donnera toujours. Une grande partie des quinze éditions a été enlevée avant que l’ouvrage eût été lu et jugé. Voilà pour le libraire qui a dû être content de son invention. Il n’en a pas été de même pour l’auteur. La part de gloire n’a pas égalé celle du profit. +L’apparition de ce poème, si c’en est un, a été suivie d’un phénomène assez extraordinaire(nbsp); son prodigieux débit a beaucoup nui à son succès. La charlatanerie du libraire, très-bien combinée pour son intérêt, l’a été fort mal pour la gloire de l’auteur. Cette annonce bruyante et fastueuse de quinze éditions différentes du même ouvrage, paroissant toutes à la fois, n’a pas manqué son effet sur la multitude toujours prête à couronner celui qui se présente à elle d’un air triomphant. Comment ne pas regarder avec admiration un poème qui se publie avec tant d’éclat, et comme aucun chef-d’œuvre n’a été publié dans aucun siècle(nbsp)? comment s’imaginer qu’un marchand de livres hasarderait les frais de vingt mille exemplaires, s’il n’avoit la certitude entière d’avoir dans sa boutique, au moins le rival de Virgile(nbsp)? ou comment deviner la ruse d’une spéculation si hardie, et si heureuse pour assurer à une production de légère valeur un débit magnifique(nbsp)? La multitude ébahie devoit donner dans le piège du charlatan, et elle y a donné , comme elle y donnera toujours. Une grande partie des quinze éditions a été enlevée avant que l’ouvrage eût été lu et jugé. Voilà pour le libraire qui a dû être content de son invention. Il n’en a pas été de même pour l’auteur. La part de gloire n’a pas égalé celle du profit. 
-\\ D’après l’ostentation de l’annonce , le public a dû s’attendre à une merveille de poésie; et quelque prévenu qu’il put être en faveur d’un poète qu’il aime, et qui a plus d’un droit à son estime, une si haute attente devenoit difficile à remplir[(Jean-Marie Clément, "L’Homme des champs, //ou// les Géorgiques françaises; par Jacques Delille", //Tableau annuel de la littérature//, t. 1, n°1, an IX-1801, p.1-2.)].+\\ D’après l’ostentation de l’annonce , le public a dû s’attendre à une merveille de poésie(nbsp); et quelque prévenu qu’il put être en faveur d’un poète qu’il aime, et qui a plus d’un droit à son estime, une si haute attente devenoit difficile à remplir[(Jean-Marie Clément, "L’Homme des champs, //ou// les Géorgiques françaises(nbsp); par Jacques Delille", //Tableau annuel de la littérature//, t. 1, n°(nbsp)1, an IX-1801, p.(nbsp)1-2.)].
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-Plus acerbe, Montlosier publie dans son //Courrier de Londres// un compte rendu du poème **accusant Delille lui-même** de ne communiquer jamais que ses meilleurs passages, à seule fin de persuader le public de l'excellence de ses compositions, de sorte que loin d'être la victime de ses libraires, il s'applique au contraire à les tromper sur sa marchandise :+Plus acerbe, Montlosier publie dans son //Courrier de Londres// un compte rendu du poème **accusant Delille lui-même** de ne communiquer jamais que ses meilleurs passages, à seule fin de persuader le public de l'excellence de ses compositions, de sorte que loin d'être la victime de ses libraires, il s'applique au contraire à les tromper sur sa marchandise (nbsp):
  
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-Nous avons parlé de quelques négligences dans l'Homme des champs. On se demande comment M. l'abbé de Lille, qui fait de si beaux vers, peut en faire de si mauvais. [Mais] personne ne se juge mieux à cet égard que M. l'abbé de Lille. On a remarqué qu'il ne lui est jamais arrivé de lire en société un seul de ses mauvais vers. il serait possible d'annoncer au public une très-bonne critique de M. l'abbé de Lille par lui-même. On n'auroit qu'à faire une édition de ses œuvres, où seroient distingués, par des guillemets, les vers qu'on entendu vingt fois, & ceux qu'il a toujours jugé prudent de taire. Donner généreusement les beaux vers au public, vendre chèrement les mauvais aux libraires: on ne peut conduire avec plus d'esprit sa fortune & sa renommée [(François-Dominique de Reynaud, comte de Montlosier, "Sur M. l'abbé de Lille", //Courier de Londres//, t. 50, n°3, 10 juillet 1801, p.23 (nous ne consacrons pas de fiche à ce texte, non disponible en ligne, car le chant 3 n'y fait l'objet d'aucune allusion).)].+Nous avons parlé de quelques négligences dans l'Homme des champs. On se demande comment M. l'abbé de Lille, qui fait de si beaux vers, peut en faire de si mauvais. [Mais] personne ne se juge mieux à cet égard que M. l'abbé de Lille. On a remarqué qu'il ne lui est jamais arrivé de lire en société un seul de ses mauvais vers. il serait possible d'annoncer au public une très-bonne critique de M. l'abbé de Lille par lui-même. On n'auroit qu'à faire une édition de ses œuvres, où seroient distingués, par des guillemets, les vers qu'on entendu vingt fois, & ceux qu'il a toujours jugé prudent de taire. Donner généreusement les beaux vers au public, vendre chèrement les mauvais aux libraires(nbsp): on ne peut conduire avec plus d'esprit sa fortune & sa renommée [(François-Dominique de Reynaud, comte de Montlosier, "Sur M. l'abbé de Lille", //Courier de Londres//, t. 50, n°(nbsp)3, 10 juillet 1801, p.(nbsp)23 (nous ne consacrons pas de fiche à ce texte, non disponible en ligne, car le chant 3 n'y fait l'objet d'aucune allusion).)].
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 **Une segmentation préjudiciable au travail d'ensemble** **Une segmentation préjudiciable au travail d'ensemble**
  
-Pour d'autres lecteurs, Delille, en consentant trop souvent à livrer des morceaux isolés au public, sacrifie **un temps et une sérénité qui lui permettraient de parfaire l'organisation générale de son œuvre et les transitions**. Le [[compterendumercurelondres|critique anonyme du Mercure de France londonien]] lui conseille de résister désormais fermement aux demandes:+Pour d'autres lecteurs, Delille, en consentant trop souvent à livrer des morceaux isolés au public, sacrifie **un temps et une sérénité qui lui permettraient de parfaire l'organisation générale de son œuvre et les transitions**. Le [[compterendumercurelondres|critique anonyme du Mercure de France londonien]] lui conseille de résister désormais fermement aux demandes(nbsp):
  
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-Un coup-d'œil du génie suffit pour éclairer tout un plan, et saisir les distributions d'un œuvre entier: sachez être sourd aux sollicitations de ces hommes plus jaloux de leurs plaisirs que de votre véritable gloire; ils arrachent à votre complaisance des récits, des lectures, des fragmens isolés qui détournent vos regards de l'ensemble. Avec la délicate sensibilité du génie, on soigne sans s'en appercevoir le morceau qu'on accorde à l'importunité; les suffrages qu'il mérite et qu'il procure le rendent un objet e complaisance pour celui même qui en est le créateur; et quand il faut revenir à décorer les dehors qui l'environnent, l'imagination st fatiguée, le génie est refroidi. […] Livrez-vous à la sensibilité de votre ame; relisez, répétez, mais pour vous seule [//sic//], ces morceaux sublimes qui n'attendent que la main du lapidaire qui va les enchâsser[(Anonyme, "L'Homme des champs…", //Mercure français, politique, historique et littéraire//, vol. III, n° 18, 30 septembre 1800, p. 396.)] […].+Un coup-d'œil du génie suffit pour éclairer tout un plan, et saisir les distributions d'un œuvre entier(nbsp): sachez être sourd aux sollicitations de ces hommes plus jaloux de leurs plaisirs que de votre véritable gloire(nbsp); ils arrachent à votre complaisance des récits, des lectures, des fragmens isolés qui détournent vos regards de l'ensemble. Avec la délicate sensibilité du génie, on soigne sans s'en appercevoir le morceau qu'on accorde à l'importunité(nbsp); les suffrages qu'il mérite et qu'il procure le rendent un objet e complaisance pour celui même qui en est le créateur(nbsp); et quand il faut revenir à décorer les dehors qui l'environnent, l'imagination st fatiguée, le génie est refroidi. […] Livrez-vous à la sensibilité de votre ame(nbsp); relisez, répétez, mais pour vous seule [//sic//], ces morceaux sublimes qui n'attendent que la main du lapidaire qui va les enchâsser[(Anonyme, "L'Homme des champs…", //Mercure français, politique, historique et littéraire//, vol. III, n° 18, 30 septembre 1800, p. 396.)] […].
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