anotmalfillatredeuxvoyageurs

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anotmalfillatredeuxvoyageurs [2018/08/19 02:59] – [Présentation de l'œuvre] Hugues Marchalanotmalfillatredeuxvoyageurs [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-//Les Deux voyageurs// se présente comme **un ensemble de lettres** rédigées par ses deux auteurs à l'attention de divers correspondants, durant une période qui correspond à leur émigration. Les premiers courriers nous apprennent en effet qu'en juin 1791, le père de Malfillatre l'éloigne de leur ville de Reims et l'envoie aux Pays-Bas, afin qu'il échappe aux "convulsions du pays" et demeure "quelque temps dans un lieu tranquille, à l'abri des orages[(Pierre-Nicolas Anot et F. Malfillatre, //Les Deux voyageurs…//, Reims, Brigot, [1803], t. I, p. 2. – La BNF propose la date de 1802, mais nous proposons de décaler d'une année car l'ouvrage cite, t. II, p. 215, des vers de //La Pitié// de Delille, qui ne parut qu'en 1803.)]", où il est bientôt rejoint par [[anot|Anot]], que le père du jeune exilé charge de son éducation. L'ultime lettre du recueil correspond à l'inverse au retour du jeune homme à Reims, d'où il écrit une dernière fois à Anot, pour sa part installé à Berlin, le 20 mai 1802.+//Les Deux voyageurs// se présente comme **un ensemble de lettres** rédigées par ses deux auteurs à l'attention de divers correspondants, durant une période qui correspond à leur émigration. Les premiers courriers nous apprennent en effet qu'en juin 1791, le père de [[malfillatre|Malfillatre]] l'éloigne de leur ville de Reims et l'envoie aux Pays-Bas, afin qu'il échappe aux "convulsions du pays" et demeure "quelque temps dans un lieu tranquille, à l'abri des orages[(Pierre-Nicolas Anot et F. Malfillatre, //Les Deux voyageurs…//, Reims, Brigot, [1803], t. I, p. 2. – La BnF suggère la date de 1802, mais nous proposons de décaler d'une année car l'ouvrage cite, t. II, p. 215, des vers de //La Pitié// de Delille, qui ne parut qu'en 1803.)]", où il est bientôt rejoint par [[anot|Anot]], que le père du jeune exilé charge de son éducation. L'ultime lettre du recueil correspond à l'inverse au retour du jeune homme à Reims, d'où il écrit une dernière fois à Anot, pour sa part installé à Berlin, le 20 mai 1802.
  
-La suite des lettres montre toutefois très rapidement que le propos central de cette correspondance est moins autobiographique que **didactique**. Les pérégrinations des deux hommes sont pour eux l'occasion de visiter de multiples villes et contrées, et d'en rendre compte dans des courriers où les indications géographiques, culturelles et historiques dominent. Ce but est rendu évident par le titre complet du texte : //Les Deux Voyageurs, ou Lettres sur la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, la Pologne, la Prusse, l'Italie, la Sicile et Malthe; contenant l'histoire, la description, les anecdotes les plus curieuses de ces différents pays, avec des observations sur les mœurs, les usages, le Gouvernement, la littérature et les arts, et un récit impartial des principaux événements qui se sont passés en Europe, depuis 1791 jusqu'à la fin de 1802//+La suite des lettres montre toutefois très rapidement que le propos central de cette correspondance est moins autobiographique que **didactique**. Les pérégrinations des deux hommes sont pour eux l'occasion de visiter de multiples villes et contrées, et d'en rendre compte dans des courriers où les indications géographiques, culturelles et historiques dominent. Ce but est rendu évident par le titre complet du texte : //Les Deux Voyageurs, ou Lettres sur la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, la Pologne, la Prusse, l'Italie, la Sicile et Malthe(nbsp); contenant l'histoire, la description, les anecdotes les plus curieuses de ces différents pays, avec des observations sur les mœurs, les usages, le Gouvernement, la littérature et les arts, et un récit impartial des principaux événements qui se sont passés en Europe, depuis 1791 jusqu'à la fin de 1802//.
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-De fréquentes **citations en vers**, tirées de Boileau, Frédéric de Prusse, Jean-Baptiste Rousseau, Voltaire, La Fontaine, Ovide, Crébillon, Gresset, Gaston, etc., viennent alléger le propos et introduire une forme de variété.  Sans surprise, Delille est lui aussi fortement exploité, pour sa traduction des //Géorgiques// de Virgile[(Par exemple, t. II, p. 234-235, ou 348.)], mais aussi pour //L'Homme des champs// et dans une moindre mesure pour //La Pitié//[(Voir note 1.)].+
  
 +De fréquentes **citations en vers**, tirées de Boileau, Frédéric de Prusse, Jean-Baptiste Rousseau, Voltaire, La Fontaine, Ovide, Crébillon, Gresset, Gaston, etc., viennent alléger le propos et introduire une forme de variété.  Sans surprise, Delille est lui aussi fortement exploité, pour sa traduction des //Géorgiques// de Virgile[(Par exemple, t. II, p. 234-235, ou 348.)], mais également pour //L'Homme des champs// et dans une moindre mesure pour //La Pitié//[(Voir note 1.)].
 ===== Citation 1 ===== ===== Citation 1 =====
  
-Contre toute vraisemblance, puis que //L'Homme des champs// restait inédit à cette date, un extrait du chant III surgit (mais sans indication de source) à propos des troubles révolutionnaires à Reims, dès le 30 septembre 1792. D'Anvers, Anot écrit:+Contre toute vraisemblance, puis que //L'Homme des champs// restait inédit à cette date, un extrait du chant surgit (mais sans indication de source) à propos des troubles révolutionnaires. D'Anvers, Anot écrit dès le 30 septembre 1792(nbsp):
  
-<WRAP round box 60%>Rheims se ressentit de la secousse de la capitale, et fut aussi le théâtre des meurtres et des cruautés les plus révoltantes:+<WRAP round box 60%>Rheims se ressentit de la secousse de la capitale, et fut aussi le théâtre des meurtres et des cruautés les plus révoltantes(nbsp):
  
 <tab>"O France, ô ma patrie, ô séjour de douleurs ! <tab>"O France, ô ma patrie, ô séjour de douleurs !
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 Vers concernés : [[chant3#v377|chant 3, vers 377-378]]. Vers concernés : [[chant3#v377|chant 3, vers 377-378]].
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 ===== Citation 2 ===== ===== Citation 2 =====
  
-Le texte est ensuite mobiliséà l'occasion d'une description des côtes flamandes, au sein d'une lettre du 8 mai 1793:+Le texte est ensuite mobilisé à l'occasion d'une description des côtes flamandes, au sein d'une lettre du 8 mai 1793(nbsp):
  
 <WRAP round box 60%>Oui, la mer est une de ces grandes merveilles du créateur. <WRAP round box 60%>Oui, la mer est une de ces grandes merveilles du créateur.
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 ===== Citation 5 ===== ===== Citation 5 =====
  
-Le dernier emprunt, qui est aussi le plus massif, intervient dans une lettre censément écrite de Constance, //le 10 novembre 1798//. Malfillatre y évoque les Alpes, qu'il vient de traverser en remontant d'Italie, et note, à propos de son ascension du mont Spulga:+Le dernier emprunt, qui est aussi le plus massif, intervient dans une lettre censément écrite de Constance, le 10 novembre 1798. Malfillatre y évoque les Alpes, qu'il vient de traverser en remontant d'Italie, et note, à propos de son ascension du mont Spulga(nbsp):
  
-<WRAP round box 60%>Cette cîme est une belle plateforme, dont la partie Occidentale sert d'assiette à une autre montagne cachée sous des frimats qui ne fondent jamais. Assez près delà, est une Hôtellerie, un Lac, et tout autour, des pâturages médiocrement verds; ainsi, j'avais sous les yeux le spectacle de l'automne, et tout à la fois, l'image ou plus tôt la réalité de l'hiver.+<WRAP round box 60%>Cette cîme est une belle plateforme, dont la partie Occidentale sert d'assiette à une autre montagne cachée sous des frimats qui ne fondent jamais. Assez près delà, est une Hôtellerie, un Lac, et tout autour, des pâturages médiocrement verds(nbsp); ainsi, j'avais sous les yeux le spectacle de l'automne, et tout à la fois, l'image ou plus tôt la réalité de l'hiver.
  
 <tab>"Vous y voyez empreints Dieu, l’homme et la nature, <tab>"Vous y voyez empreints Dieu, l’homme et la nature,
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-Après avoir poursuivi son courrier en citant à deux reprises Boileau, Malfillatre revient encore à Delille, dans la même lettre:+Après avoir poursuivi son courrier en citant à deux reprises Boileau, Malfillatre revient encore à Delille, dans la même lettre(nbsp):
  
-<WRAP round box 60%>Ces Alpes ne finissoient point; elles semblaient vouloir me tenir toujours suspendu dans les nues, et y alimenter sans cesse mon étonnement; car l'esprit ne peut y être oisif.+<WRAP round box 60%>Ces Alpes ne finissoient point(nbsp); elles semblaient vouloir me tenir toujours suspendu dans les nues, et y alimenter sans cesse mon étonnement(nbsp); car l'esprit ne peut y être oisif.
  
 <tab>"Non, mais, au milieu de ces grands phénomènes, <tab>"Non, mais, au milieu de ces grands phénomènes,
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 ===== Un ensemble anachronique ===== ===== Un ensemble anachronique =====
  
-Tous les extraits du chant III sont donc placés dans des lettres antérieures de deux ans au moins à la publication du poème[(D'autres sections de //L'homme des champs// sont exploitées avec la même indifférence à la chronologie éditoriale : le chant II apparaît ainsi dans des lettres datées d'avril 1793 (t. I, p. 129), août 1795 (t. I, p. 218 et 264) ou janvier 1797 (t. II, p. 61-66); le chant IV dans des entrées d'avril 1793 (t. I, p. 132), août et septembre 1795 (t. I, p. 217 et 302), etc. La difficulté ne disparaît que lorsqu'un extrait du premier chant, légèrement adapté, apparaît dans une lettre datée du 10 novembre 1800 (t. II, p. 294), ou que d'autres vers du même chant sont cités dans des lettres ultérieures (par exemple t. II, p. 345).)]. Les deux auteurs n'ont-ils pas eu conscience des nombreux **anachronismes** qu'ils créaient ainsi ? On peut aussi penser qu'ils ont parié sur la confusion créée chez les lecteurs par les pré-publications partielles du poème, même si les vers cités n'en faisaient pas partie, ou, plus simplement, voir dans ces insertions la **marque volontaire d'une réécriture**, vouée à transformer des lettres peut-être effectives en documents dignes d'être publiés.  +Tous les extraits du chant sont donc placés dans des lettres antérieures de deux ans au moins à la publication du poème[(D'autres sections de //L'homme des champs// sont exploitées avec la même indifférence à la chronologie éditoriale : le chant II apparaît ainsi dans des lettres datées d'avril 1793 (t. I, p. 129), août 1795 (t. I, p. 218 et 264) ou janvier 1797 (t. II, p. 61-66)(nbsp); le chant IV dans des entrées d'avril 1793 (t. I, p. 132), août et septembre 1795 (t. I, p. 217 et 302), etc. La difficulté ne disparaît que lorsqu'un extrait du premier chant, légèrement adapté, apparaît dans une lettre datée du 10 novembre 1800 (t. II, p. 294), ou que d'autres vers du même chant sont cités dans des lettres ultérieures (par exemple t. II, p. 345).)]. Les deux auteurs n'ont-ils pas eu conscience des nombreux **anachronismes** qu'ils créaient ainsi ? On peut aussi penser qu'ils ont parié sur la confusion créée chez les lecteurs par les pré-publications partielles du poème, même si les vers cités n'en faisaient pas partie, ou, plus simplement, voir dans ces insertions la **marque volontaire d'une réécriture**, vouée à transformer des lettres peut-être effectives en documents dignes d'être publiés.  
  
 ===== Liens externes ===== ===== Liens externes =====
  
-Accès à la numérisation du texte t. I[[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107256q3|Gallica]] ; t. II [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1072573|Gallica]].+**Accès à la numérisation du texte** 
 +  * t. I [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107256q3|Gallica]] ; 
 +  * t. II  [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1072573|Gallica]].
  
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 Auteur de la page   --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2018/08/19 01:09// Auteur de la page   --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2018/08/19 01:09//