Ce petit texte, signé René et publié en 1859 dans La Semaine des familles, vante les plaisirs du pique-nique.
Une des phrases d'ouverture constitue le décalque en prose de deux vers de L'Homme des champs, tirés du passage où Delille décrit le cadre dans lequel les botanistes prennent leur repas : “Des arbres pour lambris, pour tableaux l’horizon, / Les oiseaux pour concert, pour table le gazon”.
Hélas ! en vieillissant on finit par tout craindre. Un déjeuner sur l'herbe, y pensez-vous ? mais c'est un rhumatisme aux jambes, un coup de soleil sur la tète, des sauterelles dans les assiettes, et des moucherons plein les verres. Bienheureux encore quand l'orage ne s'en mêle pas, et qu'au beau milieu du déjeuner les nuages ne se chargent pas de mettre de l'eau dans votre vin !
Ainsi disent les vieux et les sages. Triste sagesse ! Qui ne se souvient cependant avec bonheur d'une de ces parties de campagne dans lesquelles, oubliant les villes, on allait, aux beaux jours de la jeunesse, profiter en famille d'un dernier beau jour d'automne, pour déjeuner sur l'herbe dans la clairière de la forêt voisine ? Avoir le gazon pour nappe, les grands arbres pour portiques, le ciel pour dôme, pour tableaux l'horizon, les oiseaux pour concert, n'est-ce donc rien1 ?
Vers concernés : chant 3, vers 449-450.
Conformément à l'esprit catholique du périodique, le texte se termine par l'affirmation qu'un tel repas, pris “au sein de la belle nature” et en famille, se déroule “sous le regard de Dieu2”.
L'essai s'accompagne d'une gravure signée Joliet et intitulée “Une halte de famille”, scène très différente des images créées pour illustrer les vers de Delille sur l'herborisation :