Voir la synthèse thématique sur les Usages lexicographiques.
Paraissant en 1819, les 450 pages du Trésor des origines et dictionnaire grammatical raisonné de la langue française ne forment qu'un “spécimen” destiné à annoncer un projet ambitieux : un grand dictionnaire étymologique et grammatical, pour lequel Charles Pougens récolte des matériaux depuis plus de quarante ans. Quoique ce projet n'ait jamais abouti, il profitera à Émile Littré qui trouvera dans les notes manuscrites de Pougens d'importants matériaux pour composer son propre dictionnaire.
Le volume publié comporte deux parties : le dictionnaire étymologique qui contient l'histoire des mots et le dictionnaire grammatical qui en distingue les différentes acceptions. Dans cette seconde partie, des auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles sont abondamment cités. Delille occupe une place importante parmi les références de Pougens, quoique celui-ci prétende avoir compulsé “plus de quatre mille deux cents”1 œuvres pour composer son dictionnaire. Cette préférence accordée à Delille s'explique probablement par le fait que Pougens, qui exerce une activité d'imprimeur-libraire, avait participé en 1800 à l'aventure éditoriale de L'Homme des champs. Il avait notamment investi de l'argent pour racheter aux éditeurs Levrault des exemplaires de l'édition originale in-182.
À l'article AMBASSADEUR, s. m., trois vers de L'Homme des champs côtoient deux citations en prose, tirées de Montesquieu et de Duclos. Il s'agit d'illustrer un emploi figuré du mot. Le passage concerne Buffon, quoique Pougens ne le signale pas.
Il vit peu par lui-même, et, tel qu'un souverain,
De loin, et sur la foi d'une vaine peinture,
Par ses ambassadeurs courtisa la nature.
Delille, Homme des champs, ch. III3.
Vers concernés : chant 3, vers 182-184
En compagnie de Crébillon et de Voltaire, Delille est cité au mot ASSASSIN, INE, adj. pour illustrer un usage strictement poétique.
Le ver rongeur des fruits, et le ver assassin,
En rubans animés vivant dans notre sein.
Delille, Homme des champs, ch. III.
Messieurs de l'Académie observent que l'adjectif assassin n'est guère d'usage qu'en poésie4.
Vers concernés : chant 3, vers 545-546
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Auteur de la page — Timothée Léchot 2017/05/16 13:21
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/15 14:36