Les Französische Sprachlehre de l'abbé Mozin, publiées en 1802, ont connu de nombreuses rééditions au fil du siècle. Comme l'indique le titre, il s'agit de leçons de langue française, destinées aux élèves allemands1. Le manuel mêle les deux langues.
Dans un passage portant sur la prononciation des vers, Mozin donne un exemple quatre alexandrins, sans préciser qu'il emprunte le troisième au chant 3 de L'Homme des chants, quoiqu'il classe ailleurs Delille parmi les “bons poètes” dont il recommande la lecture2.
La beauté des vers françois consistant principalement dans l'harmonie qui résulte d'un même nombre de syllabes soit après chaque vers, soit après chaque repos dans les vers de douze ou de dix syllabes, il est nécessaire de prononcer le e muet précédé d'une consonne, beaucoup plus sensiblement que dans la prose ; et de faire ordinairement deux syllabes des combinaisons ia, ie, oi, ian, ion, qu'on prononce en diphthongues dans la prose ; comme :
Des dons extérieurs, l’uniformité lasse ;
Mais l'esprit a toujours une nouvelle grâce.
Une fleur, un arbuste, un caillou précieux.
A peu de passion, suffit peu de richesses.
Prononcez :
Des dons extéri-eurs, l'uniformité lasse ;
Mais l'esprit a toujours u-ne nouvel-le grâce.
U-ne fleur, un arbuste, un caillou préci-eux
A peu de passi-on &c3.
Vers concernés : chant 3, vers 593.
Si l'insertion du vers de Delille semble maladroite, c'est qu'elle seule distingue l'extrait donné d'un exemple déjà proposé dans les Principes généraux et particuliers de la langue française de Wailly, que d'évidence Mozin recycle ici4.
Auteur de la page — Hugues Marchal 2020/06/14 18:22
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/16 22:42