Dans sa livraison du 10 mars 1880, L'Union littéraire des poètes et des prosateurs propose des poèmes de Hugo, Verlaine, Rollinat ou encore G. Le Brun, auteur d'un sonnet intitulé “Symphonie”.
Le Brun intègre à son texte un hémistiche tiré d'un passage souvent cité de Delille, “O mer, terrible mer”, syntagme dont il ne semble pas exister d'occurrences avant L'Homme des champs. Comme dans d'autres cas similaires, il est toutefois malaisé de savoir s'il s'agit d'une réminiscence involontaire ou d'une citation assumée.
SYMPHONIE
Souffle, sombre aquilon ! Esprits de la tempête,
Sinistres messagers, vents funèbres, soufflez !
Prenez en mugissant votre vol sur ma tête
Debout ! déchaînez-vous, géants échevelés !
O mer ! terrible mer ! ce sont tes chants de fête,
Ce sont vos âpres chœurs, ouragans affolés,
Flots toujours irrités, coursiers que rien n'arrête,
Qui passez, sans savoir jamais où vous allez.
Mais, ô mer ! vainement, soulevant ta crinière,
Tu jettes près de moi ta clameur de colère,
Mon œil triste et voilé regarde sans effroi ;
En butte à la rafale, assis sur le rivage,
Je mêle à tes sanglots, à ta plainte sauvage
La plainte de mon cœur, orageux comme toi !
G. LE BRUN.
Villers-sur-Mer, juillet 18791.
Vers concernés : chant 3, vers 225.