Une question relative au goût de Rousseau pour la botanique suscite, dans L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 25\ janvier 1876, une réponse signée “Olius”. Ce dernier convoque L'Homme des champs à propos du traitement poétique de l'épisode de la pervenche.
Le passage correspondant chez Delille, très cité dans les années précédentes, semble désormais assez sorti des mémoires pour être présenté comme une découverte.
[…] quand les contemporains parlent tous de la joie naïve qu'éprouvait Rousseau chaque fois que la pervenche se rencontrait sur son chemin, comment pouvoir en douter et pourquoi vouloir priver cette jolie petite fleur de sa petite gloire ? M. X.1 semble se plaindre de ce que ce fait n'ait été cité en vers qu'une seule fois, et par un poète inconnu ; je suis heureux de pouvoir apporter en témoignage les vers d'un poète contemporain de J.-J., ceux de Jacques Delille. Après avoir dépeint une herborisation de M. de Jussieu avec ses élevés, il continue ainsi :
Et quel plaisir encor, lorsque des objets rares,
Dont le sol, le climat et le ciel sont avares,
Rendus par votre attente encor plus précieux,
Par un heureux hasard se montrent à vos yeux !
Voyez, quand la pervenche, en nos champs ignorée,
Offre à Rousseau sa fleur si longtemps désirée !
La pervenche, grand Dieu ! la pervenche ! Soudain
Il la couve des yeux, il y porte la main,
Saisit sa douce proie : avec moins de tendresse
L'amant voit, reconnaît, adore sa maîtresse.
(L'Homme des champs2.)
Vers concerné : chant 3, vers 435-444.