Cet article, paru en 1899 dans le Bulletin de l'Union Faulconnier, société historique de Dunkerque, propose une étude historique et géographique de Malo-les-Bains, station balnéaire formant aujourd'hui un des quartiers de Dunkerque.
L'abbé Harrau profite d'un passage obligé de son texte – la description de la plage et de la mer du Nord – pour glisser à ses lecteurs une leçon de morale. Certes, la baignade est un plaisir louable quoique sensuel. Mais, loin des tables de jeu et autres dangereuses séductions, la vue des flots doit aussi être l'occasion d'une méditation religieuse. Pour conforter ce propos, l'abbé ne convoque pas moins de trois autorités : le témoignage des Psaumes, celui de Delille et celui d'un écrivain contemporain, Daudet.
[…] on ne saurait résister à la tentation de s'abandonner, pendant quelques instants, à un bain de mer et aux caresses de ses vagues. Que d'autres s'en aillent aux concerts, aux bals de gala, aux petites sauteries, nous, allons à la mer pour admirer la toute-puissance de Dieu et chanter avec le Psalmiste : “Mirabiles elaliones maris, mirabilis in allis Dominus ! (Ps. 92). Roc mare magnum… illic reptilia quorum non est numerus… illic naves pertransibunt (Ps. 103). Viderunt te aquae, Deus ; viderunt le aquae et timuerunt et turbatae sunt abyssi (Ps. 76).”
O mer ! terrible mer, quel homme, à ton aspect,
Ne se sent pas saisi de crainte et de respect ?
Dans un style plein de grâce et de coloris, Alphonse Daudet a décrit “cette espèce de stupeur et d'accablement délicieux” qu'on éprouve en contemplant l'Océan. “On ne pense pas, on ne rêve pas non plus, dit l'aimable auteur ; tout votre être vous échappe, s'envole, s'éparpille. On est la mouette qui plonge, la poussière d'écume qui flotte au soleil entre deux vagues, la fumée blanche de ce paquebot qui s'éloigne, cette perle d'eau, ce flocon de brume, tout excepté soi-même 1”.
Vers concernés : chant 3, vers 225-226.
Les vers de Delille sont donnés sans mention d'auteur, signe probable du fait qu'Harrau devait les tenir pour connus de tous.