Voir la synthèse thématique sur les Usages lexicographiques.
Paru en 1860, le Nouveau Dictionnaire de Louis Dochez veut se distinguer des autres ouvrages lexicographiques par l'attention qu'il porte à l'histoire de la langue. Dans un avertissement, l'auteur se propose de donner “l'étymologie appuyée sur la logique et sur l'histoire”, “l'emploi des mots par époques, leurs modifications successives”, “les idiotismes rangés chronologiquement, avec leurs altérations et leurs développements” et “la classification par radicaux et dérivés”1. Pour ce faire, le linguiste a “compulsé tous les lexiques, depuis le commencement du seizième siècle jusqu'à nos jours” 2.
L'ouvrage se caractérise aussi par les nombreuses citations de poètes et de prosateurs qui accompagnent chaque mot. Delille y occupe une place notable, tout comme d'autres poètes, La Fontaine et Hugo notamment. Cependant, les citations issues du troisième chant de L'Homme des champs proviennent le plus souvent d'autres dictionnaires. Dochez ne commentant pas ces courts extraits, il les décontextualise parfois au point de les rendre difficiles à saisir par le lecteur.
Au mot CHAT, CHATTE. s., Dochez reproduit avec la même troncature une citation déjà présente, notamment, dans Le Gradus français de Louis Carpentier.
Là je voudrais te voir…..
Ou bien le dos en voûte et la queue ondoyante,
Offrir ta douce hermine à ma main caressante. Delille3
Vers concernés : chant 3, vers 639 et 647-648
Parmi d'autres auteurs, Delille est cité sans commentaire au mot DÉCHARNER. v. a.. La citation sera reprise au mot ROC.
Ici, de frais vallons, une terre féconde;
Là, des rocs décharnés, vieux ossements du monde.
Delille4.
Vers concernés : chant 3, vers 339-340
Peut-être reprise du Gradus, une citation de L'Homme des champs illustre le mot DISCIPLE. s. m..
L'air du matin, la fraîcheur de l'aurore
Appellent à l'envi les disciples de Flore. Delille5.
Vers concernés : chant 3, vers 419-420
Déjà présente dans le Gradus notamment, une autre citation de L'Homme des champs apparaît au mot FOURRURE. s. f.. En l'absence de tout commentaire, le lecteur de Dochez ne peut pas deviner qu'elle concerne la chatte de Delille.
Là je voudrais te voir telle que je t'ai vue,
De ta molle fourrure élégamment vêtue. Delille6.
Vers concernés : chant 3, vers 639-640
Dochez trouve chez Delille une illustration de la GRUE. s. f., qu'il donne sans commentaire au milieu d'autres citations. Il transforme le vers en substituant “navigue” à “naviguant”. Sans cette erreur, on trouvait déjà la citation dans le Gradus où elle servait notamment à dénoncer la pratique du hiatus en poésie.
La grue au haut des airs navigue sans boussole. Delille7.
Vers concerné : chant 3, vers 528
La citation insérée au mot HERBE. s. f. se trouvait déjà, plus développée, dans le Gradus.
Et les humbles tribus, le peuple immense d'herbes
Qu'effleure l'ignorant de ses regards superbes,
N'ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ?
Delille8.
Vers concernés : chant 3, vers 395-397
Au mot ROC. s. m.9, Dochez reprend la citation du mot DÉCHARNER.
Vers concernés : chant 3, vers 339-340
Moyennant une troncature, Dochez cite quelques vers de L'Homme des champs au mot SAUVAGEON. s. m.
SAUVAGEON. s. m. T. d'agricult. Jeune arbre venu sans culture. − Arbre venu de semis et qui n'a pas été greffé.
Observez…..
Comment des sauvageons civilisant les tiges,
L'art corrige leurs fruits, leur prête des rameaux. Delille10.
Vers concernés : chant 3, vers 386 et 388-389
Accès à la numérisation du texte
Édition originale de 1860 : Google Books.
Auteur de la page — Timothée Léchot 2017/10/15 13:45
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/07 14:50