Ouvrage paru en 1825, La Nation hollandaise1 n'est pas une création originale de Clavareau, mais sa traduction, en français, d'un poème de Jan Fredrik Helmers, De Hollandsche Natie (1812). Dans cet ouvrage en six chants, Helmers ne cite pas le nom de Delille. Mais Claverau ajoute à sa traduction des notes et commentaires de son cru qui proposent, à plusieurs reprises, de rattacher des passages du poème néerlandais à des œuvres de l'écrivain français.
Helmers dédie une section entière de son ouvrage aux “Sciences”, le chant\ 5. Toutefois, c'est à propos d'une autre partie de l'ouvrage du Hollandais que Clavareau signale une parenté possible avec le chant\ 3 de L'Homme des champs. Dans une note associée au second chant, qui porte sur l'“Héroïsme sur terre”, il commente ainsi des vers d'Helmers, cités d'après sa traduction :
Voyez, sur le sommet des Alpes éternelles,
L'oiseau, du mouvement de ses rapides ailes,
Détacher des frimas.
Helmers, qui avait beaucoup étudié les poètes français, s'est probablement ressouvenu ici d'un passage de l'Homme des Champs de Delille. Il n'est pas toutefois impossible que ces deux poètes aient eu les mêmes idées, sans que l'un ait traduit l'autre. Le poète français s'exprime ainsi:
Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose,
Détache un grain de neige. A ce léger fardeau,
Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau.
La neige autour de lui rapidement s'amasse ;
De moment en moment il augmente sa masse :
L'air en tremble ; et soudain, s'écroulant à la fois,
Des hivers entassés l'épouvantable poids
Bondit de roc en roc, roule de cime en cime,
Et de sa chute immense ébranle au loin l'abîme2.
Vers concernés : chant 3, vers 360-368.