Charousset inclut dans ce petit recueil, publié en 1860, un long poème en vers hétérométriques, “Les environs d'Hesdin1”, dont une section constitue un évident plagiat d'un passage de L'Homme des champs – à moins qu'il ne faille lire le texte comme un clin-d'œil, ce texte appliquant à la ville des réflexions que Delille associe à la nature.
Charousset associe à un paysage urbain, contemplé au couchant, un mouvement et des expressions de Delille relatifs à la campagne. Ce dernier écrit :
Reprenons notre course autour de vos domaines,
Et du palais magique où se rendent les eaux
Ensemble remontons aux lieux de leurs berceaux […].
Quels sublimes aspects ! quels tableaux romantiques !
Sur ces vastes rochers, confusément épars,
Je crois voir le génie appeler tous les arts :
Le peintre y vient chercher, sous des teintes sans nombre,
Les jets de la lumière et les masses de l’ombre ;
Le poëte y conçoit de plus sublimes chants ; […]
Et vous, vous y venez, d’un œil observateur,
Admirer dans ses plans l’éternel Créateur.
Nous soulignons les fragments correspondants chez Charousset, qu'il s'agisse de reprises littérales ou de transpositions :
Inondée au couchant de ses rayons obliques,
Elle2 prend un aspect vraiment des plus magiques ;
Car leur réflexion
Change chaque vitrage en immobile phare :
L'œil est émerveillé de cet effet bizarre
D'irradiation.
Quel ravissant tableau ! quelle belle peinture !
Une telle journée offerte à la nature
Est un don précieux :
L'on se sent réjoui par ces rayons de flamme,
Et l'on croirait que Dieu veut donner à notre âme
Un avant-goût des cieux.
Le peintre y trouverait, sous des teintes sans nombre,
De vifs jets de lumière et de beaux effets d'ombre,
Des horizons sans fin ;
Et le poète, épris de ces beautés étranges,
Des inspirations pour chanter les louanges
De l'artiste divin3.
Vers concernés : chant 3, vers 304, 307-309 et 314
Auteur de la page — Hugues Marchal 2019/06/17 15:52
Relecture — Morgane Tironi 2022/08/17 21:59