Le Viaggio in Savoia, ossia Descrizione degli Stati oltramontani di S. M. il Re di Sardegna, de Davide Bertolotti, paraît en deux volumes, à Turin et Livourne, en 1828. Le texte est composé de lettres, abondamment ponctuées d'extraits poétiques, en diverses langues, mais le ton s'apparente à celui d'un guide de voyage.
Bertolotti cite en français un extrait du chant 3 de L'Homme des champs, dans un passage relatif à la mer de glace. À la page précédente, il a déjà indiqué, à propos des environs du Mont Blanc, “tutta questa scena empie l'animo di piacere e di maraviglia1”, et adjoint à ce jugement, en note, des vers italiens d'Ippolito Pindelmonte. Les alexandrins de Delille sont donnés, sans mention de leur auteur et de leur source, et sans traduction (alors que Bertolotti traduit ailleurs Byron, par exemple), comme s'il était évident que le lecteur les reconnaîtrait.
Passiamo ora al giogo del Montanvert […], donde si ha la famosa prospettiva del Mare di ghiaccio.
Salut….. terrible Montanvert,
De neige et de glaçons entassemens énormes,
Du temple des frimas colonnades informes,
Prismes éblouissans dont les pans azurés
Défiant le soleil dont ils sont colorés,
Piegnent [sic] de pourpre et d'or leur éclatante masse,
Tandis que triomphant sur son trône deglace [sic],
L'hiver s'enorgueillit de voir l'astre du jour
Embellir son palais et composer sa cour.
Non v'immaginate però che questo terribile Montanvert sia di aspro e penosissimo accesso nella bella stagione2.
Vers concernés : chant 3, vers 342-350.
Bertolotti, on le voit, a soin d'ôter la référence initiale au Jura, afin de renforcer l'adéquation entre l'extrait et le site précis. Les vers de Delille ne sont plus une description valant pour les deux espaces – et par là, pour divers reliefs – mais un tableau du seul panorama proposé ici au voyageur.