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vieraelhombre [2022/08/07 10:58] – [Le texte d’accompagnement] Morgane Tironi | vieraelhombre [2023/03/13 19:19] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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===== Présentation de l'œuvre ===== | ===== Présentation de l'œuvre ===== |
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L'homme de lettres et savant [[vierayclavijo|José de Viera y Clavijo]] (1731-1813) a **traduit en espagnol** deux œuvres de Delille, //Les Jardins// et, en 1802, //L'Homme des champs//, sans que ces textes ne circulent de son vivant autrement que sous **forme manuscrite**. Ils n'ont donc eu **aucun impact public**, mais cette situation n'est pas exceptionnelle\ : l'époque correspond, outre Pyrénées, à un moment de sévère censure des productions étrangères. | L'homme de lettres et savant [[vierayclavijo|José de Viera y Clavijo]] (1731-1813) a **traduit en espagnol** deux œuvres de Delille, //Les Jardins// et, en 1802, //L'Homme des champs//, sans que ces textes ne circulent de son vivant autrement que sous **forme manuscrite**. Ils n'ont donc eu **aucun impact public**, mais cette situation n'est pas exceptionnelle(nbsp): l'époque correspond, outre Pyrénées, à un moment de sévère censure des productions étrangères. |
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Cette traduction de //L'Homme des champs// ayant fait en 2011 l'objet d'une édition intitulée //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, nous citons le texte d'après cet ouvrage[(José de Viera y Clavijo, //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, Manuel de Pas Sánchez et Carlota Alfonso Da Costa (éd.), Santa Cruz de Tenerife, Ediciones Idea, 2011. L'intégralité de l'ouvrage est accessible en ligne\ : [[https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=3655517|lien]].)]. | Cette traduction de //L'Homme des champs// ayant fait en 2011 l'objet d'une édition intitulée //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, nous citons le texte d'après cet ouvrage[(José de Viera y Clavijo, //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, Manuel de Pas Sánchez et Carlota Alfonso Da Costa (éd.), Santa Cruz de Tenerife, Ediciones Idea, 2011. L'intégralité de l'ouvrage est accessible en ligne(nbsp): [[https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=3655517|lien]].)]. |
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La première partie du titre retenu par les éditeurs modernes signifie littéralement "l'homme aux champs", mais l'érudit des Canaries a également utilisé le **titre alternatif** d'//El Amador de los campos// ("l'amateur des campagnes"), qui apparaît à plusieurs reprises dans les listes qu'il dresse de ses travaux ou dans les différentes versions manuscrites de l'œuvre disponibles[(Voir Victoria Galván González, "La poesía traducida de Viera y Clavijo", //Dicenda. Cuadernos de Filología Hispánica//, 2002, vol.\ 20, p.\ 74\ ; article accessible en ligne : [[https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=304860|lien]]. Voir également dans le catalogue //BICA. Red de Bibliotecas de Canarias// ([[https://www3.gobiernodecanarias.org/bibliotecavirtual/cgi-bin/opac/O7046/IDc93cec04?ACC=101|lien]]) les notices des manuscrits : Viera y Clavijo, //El Amador de los Campos ó las Georgicas Francesas// (s. d.) et //Los meses. El amador de los campos o Las Georgícas de Jacob de Lille. Los Ayres fixos. La boda de las plantas// (1816).)]. | La première partie du titre retenu par les éditeurs modernes signifie littéralement "l'homme aux champs", mais l'érudit des Canaries a également utilisé le **titre alternatif** d'//El Amador de los campos// ("l'amateur des campagnes"), qui apparaît à plusieurs reprises dans les listes qu'il dresse de ses travaux ou dans les différentes versions manuscrites de l'œuvre disponibles[(Voir Victoria Galván González, "La poesía traducida de Viera y Clavijo", //Dicenda. Cuadernos de Filología Hispánica//, 2002, vol.(nbsp)20, p.(nbsp)74(nbsp); article accessible en ligne : [[https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=304860|lien]]. Voir également dans le catalogue //BICA. Red de Bibliotecas de Canarias// ([[https://www3.gobiernodecanarias.org/bibliotecavirtual/cgi-bin/opac/O7046/IDc93cec04?ACC=101|lien]]) les notices des manuscrits : Viera y Clavijo, //El Amador de los Campos ó las Georgicas Francesas// (s. d.) et //Los meses. El amador de los campos o Las Georgícas de Jacob de Lille. Los Ayres fixos. La boda de las plantas// (1816).)]. |
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La **préface** d'origine est éliminée et les **notes** sont fortement condensées, tandis que **certains des passages en vers sont ôtés**. | La **préface** d'origine est éliminée et les **notes** sont fortement condensées, tandis que **certains des passages en vers sont ôtés**. |
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Cuando tuve el singular gusto de pasar por la vista, un año después de impreso en Strasbourgo, este Poema del //Hombre en los campos o Geórgicas// de Jacob Delille, se halló mi ánimo como sin arbitrio para resistir a la placentera tentación de emprender su traducción en verso castellano. Los motivos que me invitaban a ella eran poderosos. Yo había traducido, en 1790, el otro bello Poema suyo de //Los Jardines//; había conocido, doce años antes en París, al célebre autor, y allí empecé también a traducir sus famosas Geórgicas francesas de Virgilio, bien que distraído en este trabajo, lo que adelanté fue muy poco[("Quand j'ai eu le plaisir singulier de jeter les yeux, un an après l'impression de Strasbourg, sur ce poème de //L'homme des champs ou Géorgiques// de Jacques Delille, mon âme a été comme irrésistiblement poussée à céder à la plaisante tentation d'entreprendre sa traduction espagnole en vers. De puissants motifs m'y invitaient. J'avais traduit, en 1790, son autre beau poème des //Jardins//\ ; j'avais, douze ans plus tôt, fait la connaissance à Paris de l'auteur renommé, et j'avais commencé aussi à traduire ses célèbres géorgiques françaises de Virgile, même si, distrait de ce travail, ne le l'avais guère avancé." Viera y Clavijo, "Advertencia del traductor", //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, p.\ 17.)]. | Cuando tuve el singular gusto de pasar por la vista, un año después de impreso en Strasbourgo, este Poema del //Hombre en los campos o Geórgicas// de Jacob Delille, se halló mi ánimo como sin arbitrio para resistir a la placentera tentación de emprender su traducción en verso castellano. Los motivos que me invitaban a ella eran poderosos. Yo había traducido, en 1790, el otro bello Poema suyo de //Los Jardines//; había conocido, doce años antes en París, al célebre autor, y allí empecé también a traducir sus famosas Geórgicas francesas de Virgilio, bien que distraído en este trabajo, lo que adelanté fue muy poco[("Quand j'ai eu le plaisir singulier de jeter les yeux, un an après l'impression de Strasbourg, sur ce poème de //L'homme des champs ou Géorgiques// de Jacques Delille, mon âme a été comme irrésistiblement poussée à céder à la plaisante tentation d'entreprendre sa traduction espagnole en vers. De puissants motifs m'y invitaient. J'avais traduit, en 1790, son autre beau poème des //Jardins//(nbsp); j'avais, douze ans plus tôt, fait la connaissance à Paris de l'auteur renommé, et j'avais commencé aussi à traduire ses célèbres géorgiques françaises de Virgile, même si, distrait de ce travail, ne le l'avais guère avancé." Viera y Clavijo, "Advertencia del traductor", //El Hombre en los campos o Las Geórgicas de Jacob Delille//, p.(nbsp)17.)]. |
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Puis Viera y Clavijo met en avant les **émotions** que lui a procurées la lecture du poème\ : | Puis Viera y Clavijo met en avant les **émotions** que lui a procurées la lecture du poème(nbsp): |
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Yo me sentía agitado de las emociones que excitaban naturalmente en mi corazón, unos frescos y deliciosos cuadros de la Naturaleza, cuyas multiplicadas escenas siempre han sido para mi estudio, tan interesantes como atractivas[("Je me sentais agité par les émotions qu'excitaient naturellement dans mon cœur des peintures fraîches et délicieuses de la Nature, dont les multiples scènes, aussi intéressantes qu'attirantes, avaient toujours fait l'objet de mon étude", //id.//, p.\ 17-18.)]. | Yo me sentía agitado de las emociones que excitaban naturalmente en mi corazón, unos frescos y deliciosos cuadros de la Naturaleza, cuyas multiplicadas escenas siempre han sido para mi estudio, tan interesantes como atractivas[("Je me sentais agité par les émotions qu'excitaient naturellement dans mon cœur des peintures fraîches et délicieuses de la Nature, dont les multiples scènes, aussi intéressantes qu'attirantes, avaient toujours fait l'objet de mon étude", //id.//, p.(nbsp)17-18.)]. |
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De fait, la lecture du poème coïncide avec une période durant laquelle l'érudit **travaille à un inventaire d'histoire naturelle**, portant sur les trois règnes aux Canaries, et à un moment où il se trouve dans une situation analogue à celle que met en scène le poète, puisqu'il choisit d'emporter le texte de Delille à la campagne, où il doit séjourner dans la propriété d'un ami. Dernier motif, présent chez nombres d'autres traducteurs, la transposition des vers de Delille doit être un nouveau **service rendu à la langue et à la littérature nationales**, "un nuevo servicio al idioma patrio y a su literatura[(//Id.//, p.\ 18.)]". Pour se faire, il s'est autorisé **quelques libertés face à l'original**\ : | De fait, la lecture du poème coïncide avec une période durant laquelle l'érudit **travaille à un inventaire d'histoire naturelle**, portant sur les trois règnes aux Canaries, et à un moment où il se trouve dans une situation analogue à celle que met en scène le poète, puisqu'il choisit d'emporter le texte de Delille à la campagne, où il doit séjourner dans la propriété d'un ami. Dernier motif, présent chez nombres d'autres traducteurs, la transposition des vers de Delille doit être un nouveau **service rendu à la langue et à la littérature nationales**, "un nuevo servicio al idioma patrio y a su literatura[(//Id.//, p.(nbsp)18.)]". Pour se faire, il s'est autorisé **quelques libertés face à l'original**(nbsp): |
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Puis le traducteur expose le plan du poème, non sans avoir salué l'**intérêt** du "doux et brillant" (//suave y brillante //) usage que Delille fait des richesses de la nature, dont la fécondité réjouit la solitude vertueuse (//que recrea la soledad virtuosa//) et divertit la vieillesse après l'âge des illusions (//divierte la vejez desengañada//), et la capacité de l'auteur à les présenter sous des couleurs gracieuses et dans des combinaisons heureuses (//con colores graciosos y felices combinaciones//), pour créer autant de **peintures** riantes (//pinturas risueñas//[(//Id.//, p.\ 19.)]). Le **chant\ 3** est résumé en une phrase, avec un hypallage\ : | Puis le traducteur expose le plan du poème, non sans avoir salué l'**intérêt** du "doux et brillant" (//suave y brillante //) usage que Delille fait des richesses de la nature, dont la fécondité réjouit la solitude vertueuse (//que recrea la soledad virtuosa//) et divertit la vieillesse après l'âge des illusions (//divierte la vejez desengañada//), et la capacité de l'auteur à les présenter sous des couleurs gracieuses et dans des combinaisons heureuses (//con colores graciosos y felices combinaciones//), pour créer autant de **peintures** riantes (//pinturas risueñas//[(//Id.//, p.(nbsp)19.)]). Le **chant\ 3** est résumé en une phrase, avec un hypallage(nbsp): |
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Enfin le traducteur motive certaines de ses omissions. D'une part, certains éléments **trop personnels ou touchant trop à la France** ("algunos puntos que le eran demasiado personales, o relativos a juegos, individuos y acontecimientos políticos de su país") ne lui ont pas paru susceptibles d'intéresser ses propres lecteurs. D'autre part, il a choisi de **réduire les notes**, y trouvant une sorte de luxe et une surabondance de détails ("cierto lujo y superabundancia de especies") qui heurtaient son propre amour de la sobriété ("mi amor a la sobriedad[(//id.//, p.\ 20.)]"). | Enfin le traducteur motive certaines de ses omissions. D'une part, certains éléments **trop personnels ou touchant trop à la France** ("algunos puntos que le eran demasiado personales, o relativos a juegos, individuos y acontecimientos políticos de su país") ne lui ont pas paru susceptibles d'intéresser ses propres lecteurs. D'autre part, il a choisi de **réduire les notes**, y trouvant une sorte de luxe et une surabondance de détails ("cierto lujo y superabundancia de especies") qui heurtaient son propre amour de la sobriété ("mi amor a la sobriedad[(//id.//, p.(nbsp)20.)]"). |
===== Traitement des vers ===== | ===== Traitement des vers ===== |
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On le voit, la transposition comporte **autant de vers que l'original**. Le traducteur conserve les **marques d'intonation**, substituant simplement aux dernières exclamatives une interrogative. En revanche, il **ne restitue pas la musicalité du vers**, puisqu'il réduit les listes et élimine les principales figures à l'origine des homophonies (anaphores, répétitions ou parallélismes de construction), sauf dans le tour "Bajo del agua //cuantas, cuantas// veces". | On le voit, la transposition comporte **autant de vers que l'original**. Le traducteur conserve les **marques d'intonation**, substituant simplement aux dernières exclamatives une interrogative. En revanche, il **ne restitue pas la musicalité du vers**, puisqu'il réduit les listes et élimine les principales figures à l'origine des homophonies (anaphores, répétitions ou parallélismes de construction), sauf dans le tour "Bajo del agua //cuantas, cuantas// veces". |
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Le fond du texte, c'es-à-dire le **sublime lié à la longue durée**, est fidèlement conservé (//monument// trouve un équivalent en //medalla//\ ; //histoire// apparaît bien à la fin du mouvement avec son équivalent //historia//\ ; le concept crucial chez Buffon de //revoluciones// est soigneusement repris, et le traducteur perçoit parfaitement, dans l'avant dernier vers, l'importance du concept de temps, quand il réduit la liste d'origine à "hijo del tiempo"). Néanmoins Viera y Clavijo introduit une **métaphore scripturale filée**, étrangère à l'original, même si Delille l'emploie ailleurs en parlant du relief comme d'"annales". Ici, la première occurrence du mot "histoire" est glosée par //inscripción//, terme trouvant un écho dans le dernier vers, où l'histoire du monde est "écrite" (//escrita//) dans le grain. | Le fond du texte, c'es-à-dire le **sublime lié à la longue durée**, est fidèlement conservé (//monument// trouve un équivalent en //medalla//(nbsp); //histoire// apparaît bien à la fin du mouvement avec son équivalent //historia//(nbsp); le concept crucial chez Buffon de //revoluciones// est soigneusement repris, et le traducteur perçoit parfaitement, dans l'avant dernier vers, l'importance du concept de temps, quand il réduit la liste d'origine à "hijo del tiempo"). Néanmoins Viera y Clavijo introduit une **métaphore scripturale filée**, étrangère à l'original, même si Delille l'emploie ailleurs en parlant du relief comme d'"annales". Ici, la première occurrence du mot "histoire" est glosée par //inscripción//, terme trouvant un écho dans le dernier vers, où l'histoire du monde est "écrite" (//escrita//) dans le grain. |
===== Traitement des notes ===== | ===== Traitement des notes ===== |
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Auteur de la page --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2019/06/25 10:09// | Auteur de la page --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2019/06/25 10:09// |
| \\ Relecture --- //[[morgane.tironi@stud.unibas.ch|Morgane Tironi]] 2022/08/07 10:59// |